Perles d'inculture 6

[Hippocampe]

"Mon" peut vouloir dire "qui me concerne".

Je ne suis ni le chef ni le propriétaire de mon médecin.

[Perkele]

Les responsables de structures, quelles qu'elles soient, ont effectivement parfois tendance à "s'approprier" les personnels de la structure, même d'ailleurs s'ils n'en sont pas techniquement les employeurs. Ce qui m'a toujours gêné. Un directeur d'unité de recherche parlera de "son labo"... mais le possessif est excessif : il ne lui appartient pas, ni ceux qui y travaillent.

Il est très courant des s'"approprier" de la sorte inconsciemment un tas de choses, ce qui me semble un péché véniel comparé à l'emploi au pluriel d'un collectif singulier.

[Uranie]

Je disais sans complexe ma classe de... Ou encore mes élèves. Peut être parce que je m'en sentais responsable ? Intervenait aussi je pense une forme d'empathie et non de possessivité. Combien de fois ai-je dit mes enfants ! Un côté maternel, sans doute.

[abgech]

Les responsables de structures, quelles qu'elles soient, ont effectivement parfois tendance à "s'approprier" les personnels de la structure, même d'ailleurs s'ils n'en sont pas techniquement les employeurs. Ce qui m'a toujours gêné. Un directeur d'unité de recherche parlera de "son labo"... mais le possessif est excessif : il ne lui appartient pas, ni ceux qui y travaillent.

J'ai été une fois juré dans un tribunal. J'ai été très surpris d'entendre les avocats et procureur s'adresse au président de la cour en ces termes : "Monsieur le président, votre tribunal…".
Je n'en suis plus très sûr, mais il me semble que le président parlait aussi du tribunal en disant "Mon tribunal".

[Yeva Agetuya]

C'est celui dont il a la charge.

Un maire dira "mon conseil municipal" plutôt que "le conseil", plus impersonnel.

[Hippocampe]

"Mon" peut vouloir dire "qui me concerne".

Je ne suis ni le chef ni le propriétaire de mon médecin.

Je me répète...

[abgech]

C'est celui dont il a la charge.

Un maire dira "mon conseil municipal" plutôt que "le conseil", plus impersonnel.

Je crois que nous touchons à une importante différence entre la Suisse et la France,

En Suisse, jamais un maire ne dirait "mon conseil municipal".

En Suisse nous avons horreur du pouvoir personnel et les fonctions exécutives sont toujours exercées par un collège, en général un minimum de trois personnes.
C'est le cas dans les communes du canton de Genève. Il y a ce que l'on appelle des conseillers administratifs (CA), au nombre de trois (cinq pour la ville de Genève), chacun dirige un dicastère et les décisions communes sont prises soit par consensus, soit par vote entre les trois. Parmi ces trois, il y en a un qui porte le titre de maire durant une année selon un tournus¹ entre les CA. Il n'a aucun pouvoir supplémentaire, il remplit simplement des tâches protocolaires.
Les communes genevoises ont des conseils municipaux (CM), qui contrôlent l'exécutif, mais qui n'ont pas de pouvoir législatif. Dans d'autres cantons, l'autonomie communale est plus grande et l'équivalent du CM a des pouvoirs législatifs dans la mesure de ses compétences.

Le même système collégial s'applique également aux niveaux cantonaux et fédéraux.
C'est ainsi que la Suisse est dirigée par sept Conseillers Fédéraux, l'un, l'une cette année, prend le titre de président et accomplit les tâches protocolaires d'un chef d'État.
Les sept ne sont pas du même parti. Ils sont élus par le législatif, plus ou moins proportionnellement, à la force des quatre principaux partis, tout en respectant une proportionnalité entre les régions linguistiques. Actuellement, il y a quatre alémaniques, 2 romands (francophones) et un italophone. Qui représentent différents partis : deux libéraux, deux socialistes, deux UDC (équivalent RN en France) et un centriste.

Et de toute façon, une décision prise par un corps législatif ou exécutif en Suisse peut être annulé par un référendum demandé, au niveau fédéral par la signature de 50'000 citoyens en trois mois.

Il en va de même dans ma commune : un libéral, une socialiste, un centriste. Au moins pour encore deux mois, les élections communales s'approchent. Pour un référendum communal, 392 signatures en quatre mois.

Parfois, je me dis que la France devrait peut-être s'inspirer de son petit voisin.
Je dis s'inspirer, parce que l'on ne monte pas une telle horlogerie sans prendre du temps. La Suisse cela fait depuis la Constitution de 1848 que nous y travaillons.

J'espère que ce, probablement trop long, hors sujet, n'ennuiera pas les télépapoteurs. Ce doit être la proximité des élections communales dans le canton de Genève qui m'inspire.



NOTE
1) Je pense que ce mot est un suissisme. Il me paraît s'expliquer lui-même.

[Hippocampe]

C'est hors sujet mais c'est très intéressant, merci. Je découvre le système suisse.

(Ce forum est très tolérant quant aux hors sujet.)

[Yeva Agetuya]

« En Italie, pendant trente ans, sous les Borgia, ils ont eu la guerre, la terreur, le meurtre, les effusions de sang, et ils ont produit Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. En Suisse, ils ont eu l'amour fraternel, cinq cents ans de démocratie et de paix, et qu’est-ce que cela a donné...? La pendule à coucou. »

Orson Welles, Le troisième homme

[Yeva Agetuya]

Le voleur était alors convaincu que la Joconde avait été injustement transférée dans l'Hexagone sous François Ier.

Parler de l'"Hexagone" pour cette époque est inapproprié.

[jarnicoton]

Oui, la forme en plan du pays n'était pas identique.

[jarnicoton]

Et par la démocratie directe on a par votation interdit les ULM en Suisse. Génial !
(trente ans après on les a réautorisés s'ils sont électriques ; au moins les vols ne sont pas longs !)

[Perkele]

Le voleur était alors convaincu que la Joconde avait été injustement transférée dans l'Hexagone sous François Ier.

Parler de l'"Hexagone" pour cette époque est inapproprié.

Au moment de l'achat ou au moment du vol ?

[dudule]

Le voleur était alors convaincu que la Joconde avait été injustement transférée dans l'Hexagone sous François Ier.

Parler de l'"Hexagone" pour cette époque est inapproprié.

au moment de l'achat ou au moment du vol ?

L'auteur aurait simplement écrit "en France", ce lui eût éviter bien des choses... Et on ferait bien de s'intéresser à d'autres oeuvres de Leonardo. Ce n'est pas la Joconde que je sauverais s'il fallait choisir entre deux.

[Yeva Agetuya]

Au moment de l'achat ou au moment du vol ?

Au moment de l'achat. Notons qu'entre François Ier et le moment du vol, la France est devenu un "pré carré".

https://www.achyra.org/francais/viewtopic.php?t=5345