80/82

[Gihad]

Pour écrire 80, on écrit : quatre-vingts. Mais pour écrire, par exemple, 82, on écrit : quatre-vingt-deux. Pourquoi on n'a pas mis de "s" dans le deuxième cas : 82 ?

Merci beaucoup

[Jacques]

Quatre-vingts s'écrit avec un S à cause de l'ancienne numération en base vingt, appelée système vicésimal, qui a été en usage pendant des siècles. Vingt était alors un nom et pas un adjectif numéral, et l'on comptait ainsi : deux vingts (40), trois vingts (60) quatre vingts (80) etc. Pour les dizaines intermédiaires on ajoutait et dix : deux vingts et dix (50), trois vingts et dix (70), quatre vingts et dix (90). Rappelons que dans le système décimal on comptait : dix, vingt, trente, quarante, cinquante, soixante, septante, uitante (ou oitante), nonante...
Après le retour au système décimal, tous les pays francophones ont gardé quatre-vingts (sauf dans le canton de Vaud où l'on dit huitante avec un H qui n'existait pas à l'origine). Les Belges et les Suisses ont logiquement repris septante et nonante, mais les Français ont gardé quatre vingts et dix devenu quatre-vingt-dix. Soixante-dix est une loufoquerie linguistique, puisqu'il est hybride entre le décimal (soixante) et le vicésimal (–et dix).
En décimal, vingt cesse d'être un substantif et devient un adjectif numéral. Les adjectifs numéraux sont invariables, ce qui explique l'absence de S à quatre-vingt-deux, quatre-vingt-trois etc. mais quatre-vingts avec un S est une survivance assez insolite de l'ancienne méthode. Nous retrouvons là les anomalies et exceptions de la langue française.
Notons cependant qu'il est invariable, comme cent, quand il indique un rang : page quatre-vingt, page deux cent car on sous entend quatre-vingtième, deux centième.

[abgech]

Et si l'on dit huitante et huitante-deux, la question ne se pose plus ! :D

C'est le petit clin d'oeil matinal d'un Suisse.

[Jacques]

Vous avez raison, et en outre vous serez en règle avec l'orthodoxie de la langue et l'étymologie.