Prononciation standard de « j’ai »
Prononciation standard de « j’ai »
Le Petit Robert, dans ses tableaux de conjugaison, donne, pour j’ai, les deux prononciations /Ze/ (= « jé ») et /ZE/ ( = « jè »). Je sais que dans certaines régions on tend à la fermeture systématique de « è » en « é » (du style le lait qui se dit « le lé ») ; mais je me réfère ici à la prononciation standard du français.
J’aimerais que vous me disiez si mon intuition est juste : j’ai l’impression que, dans la prononciation standard, j’ai est ouvert lorsqu’il porte l’accent tonique et [un peu plus] fermé lorsqu’il est atone. Exemple :
(1) Tu ne sais pas combien de dictionnaires j’ai. (« jè » ?)
(2) Les dictionnaires que j’ai consultés. (« jé » ?)
Ou n’y a-t-il aucune différence ? Mais alors, est-ce « jè » dans les deux phrases ou « jé » ? (Inutile, je le répète, de me parler d’usages régionaux.) Merci à ceux qui voudront répondre précisément à ma question.
J’aimerais que vous me disiez si mon intuition est juste : j’ai l’impression que, dans la prononciation standard, j’ai est ouvert lorsqu’il porte l’accent tonique et [un peu plus] fermé lorsqu’il est atone. Exemple :
(1) Tu ne sais pas combien de dictionnaires j’ai. (« jè » ?)
(2) Les dictionnaires que j’ai consultés. (« jé » ?)
Ou n’y a-t-il aucune différence ? Mais alors, est-ce « jè » dans les deux phrases ou « jé » ? (Inutile, je le répète, de me parler d’usages régionaux.) Merci à ceux qui voudront répondre précisément à ma question.
- Claude
- Messages : 9173
- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Doubs (près de l'abreuvoir)
J'ai trouvé ceci :
Qui dit ai dit en général e ouvert ([è]), à quelques exceptions près où il est, selon les arbitres du bon usage, fermé ([e]).
En syllabe accentuée, Gramont prescrit un ai fermé dans les cas suivants :
- Les formes verbales en -ai, comme j'ai, ainsi que les futurs et les passés simples.
...
Gramont ne semble pas faire de différence.
Mais peut-être avez-vous déjà consulté le site dans lequel se trouve cet extrait ?
Qui dit ai dit en général e ouvert ([è]), à quelques exceptions près où il est, selon les arbitres du bon usage, fermé ([e]).
En syllabe accentuée, Gramont prescrit un ai fermé dans les cas suivants :
- Les formes verbales en -ai, comme j'ai, ainsi que les futurs et les passés simples.
...
Gramont ne semble pas faire de différence.
Mais peut-être avez-vous déjà consulté le site dans lequel se trouve cet extrait ?
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
On m'a enseigné à l'école primaire que dans une syllabe finale, ais avec un S ou ait avec T se prononce toujours è, et que ai sans S se prononce toujours é. Selon cette règle de français standard, on devrait donc dire jé pour j'ai, je parleré pour je parlerai, je parlerè pour je parlerais, je parlé pour je parlai. Le directeur insistait beaucoup sur cette nuance, et nous obligeait à la respecter. Je dois dire qu'avec le temps, et l'environnement parisien accompagné de son accent, j'ai un peu perdu cette habitude, que je m'efforce quand même d'appliquer pour marquer la différence entre le futur et le conditionnel ou l'imparfait (je mangeai, je mangeais).
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Re: Prononciation standard de « j’ai »
On ne m'a pas appris ces subtilités à l'école.
Ainsi, je ne marque aucune différence de prononciation entre un futur et un conditionnel, pas plus qu'entre un imparfait et un passé-simple.
Je ne crois me souvenir que d'une règle à la gomme :
« ai » se prononce [è] et peut tendre vers le [é] selon l'usage de chacun (sans plus d'explication).
Je suis heureux d'en apprendre plus aujourd'hui.
J'ai lu vos deux exemples et, presque inconsciemment, le [è] de la première phrase s'est sournoisement rapproché du [é] dans la deuxième.
Ainsi, je ne marque aucune différence de prononciation entre un futur et un conditionnel, pas plus qu'entre un imparfait et un passé-simple.
Je ne crois me souvenir que d'une règle à la gomme :
« ai » se prononce [è] et peut tendre vers le [é] selon l'usage de chacun (sans plus d'explication).
Je suis heureux d'en apprendre plus aujourd'hui.
Votre réflexion, Marco, ne m'a pas laissé indifférent.Marco a écrit :
J’aimerais que vous me disiez si mon intuition est juste : j’ai l’impression que, dans la prononciation standard, j’ai est ouvert lorsqu’il porte l’accent tonique et [un peu plus] fermé lorsqu’il est atone. Exemple :
(1) Tu ne sais pas combien de dictionnaires j’ai. (« jè » ?)
(2) Les dictionnaires que j’ai consultés. (« jé » ?)
J'ai lu vos deux exemples et, presque inconsciemment, le [è] de la première phrase s'est sournoisement rapproché du [é] dans la deuxième.
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Re: Prononciation standard de « j’ai »
Moi non plus, je dois dire. Nous sommes obligés de nous corriger nous-mêmes.valiente a écrit :On ne m'a pas appris ces subtilités à l'école.
Le TLF, quant à la prononciation de quai, indique tout de même : ,,Dans un nombre très limité de substantifs et adjectifs: geai, quai, gai (...) la finale -ai est considérée depuis le XVIe siècle par la quasi-totalité des grammairiens (...) comme un [e] fermé`` (G. STRAKA ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 n o 1 1981 p. 210).
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Oui, c'est é dans tous les cas de conjugaison verbale ; la règle ne vaut pas pour les autres mots. Si vous prononcez jè, c'est un régionalisme si l'on veut, mais surtout un parisianisme, sachant que les accents régionaux s'estompent et que dans de nombreuses régions c'est l'accent de Paris qui domine. Nous pouvons rapprocher ce phénomène de celui qui a provoqué l'unité linguistique de la France par la généralisation du dialecte francien que nous parlons aujourd'hui et qui est devenu la langue officielle, celui que François premier désignait comme « le langage maternel françois ».
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- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Oui, c'est ce que je sous-entendais : de même que l'Île-de-France a été le berceau du dialecte devenu le français officiel, sa prononciation est aussi le modèle phonétique.Marco a écrit :Mais la prononciation française standard, Jacques, n’est-elle pas fondée sur l’accent parisien des personnes cultivées ? Le Petit Robert, pour « j’ai », admet les deux prononciations, c’est pourquoi j’ai posé la question.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Quand on parle du français parisien ou de l'accent, en termes didactiques on entend implicitement l'accent cultivé. L'autre est un accent dit « faubourien » (on n'ose pas dire vulgaire), on le qualifie aussi d'accent traînant. C'est celui de Gavroche ou du titi parisien.Perkele a écrit :Il y a "prononciation des personnes cultivées", et il y a accent "parigot", Marco.
Mais l'accent ne doit pas être confondu avec la prononciation, bien que l'un et l'autre soient parfois un peu liés.
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- Messages : 4
- Inscription : jeu. 26 sept. 2019, 17:15
Re: Prononciation standard de « j’ai »
Bonjour,
Vous pardonnerez, je l'espère, la réanimation d'un sujet enterré il y a plus de dix ans, mais qui redevient intéressant aujourd'hui.
Il me semble que depuis deux ou trois ans, la plupart des e ouverts "è" deviennent fermés "é". Des mots comme "c'est", "projet", "sujet", "poulet", "lait", "effet", et même "français" (!) prennent tous la couleur "é" ("effet" se prononçant même "éfé" au mépris de la consonne double) ; on le constate de plus en plus, notamment à la radio et à la télévision (ce n'est donc pas circonscrit à la région où je vis).
Je m'intéresse aux causes de cette transformation.
Vous pardonnerez, je l'espère, la réanimation d'un sujet enterré il y a plus de dix ans, mais qui redevient intéressant aujourd'hui.
Il me semble que depuis deux ou trois ans, la plupart des e ouverts "è" deviennent fermés "é". Des mots comme "c'est", "projet", "sujet", "poulet", "lait", "effet", et même "français" (!) prennent tous la couleur "é" ("effet" se prononçant même "éfé" au mépris de la consonne double) ; on le constate de plus en plus, notamment à la radio et à la télévision (ce n'est donc pas circonscrit à la région où je vis).
Je m'intéresse aux causes de cette transformation.