Le charcutier ne charcute pas

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Perkele
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Le charcutier ne charcute pas

Message par Perkele »

Le charcutier ne charcute pas parce que CHARCUTER : couper la chair.

Certes, le charcutier coupe de la chair mais je viens d'apprendre que CHARCUTIER vient de chaircuitier : celui qui cuit les chairs.

:shock:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je l'avais découvert il y a longtemps, mais on peut probablement voir là un glissement populaire, avec ce sens de tailler ou fouiller grossièrement et maladroitement dans la chair.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

La corporation des charcutiers aurait de quoi vous en vouloir lorsque vous prétendez qu'il font maladroitement un travail grossier. :wink:

Je vous laisserai vous expliquer avec eux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Ah mais ce n'est pas moi, c'est l'usage populaire qui a détourné le mot. Je sors mon dictionnaire historique :
D'abord chaircuttier puis charcuytier, charcutier, personne qui fait commerce de viande de porc et la prépare, se distingue de boucher. Par métaphore, il a reçu assez récemment (1866) le sens péjoratif de « chirurgien maladroit et brutal ». Charcuter (fin XVIe) contient dès l'origine l'idée de maldresse, de « couper maladroitement la viande », ce qui explique la notion de « tailler inconsidérément dans les chairs vives » à propos d'un mauvais chirurgien.
Voilà, je plaide non coupable (sans jeu de mots).
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Perkele
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Message par Perkele »

En conséquence, la viande destinée à la charcuterie est coupable... :wink:
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Jacques
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Message par Jacques »

OUI et sans appel (sauf l'appel de fonds que fait le charcutier quand il vous remet de la charcutaille).
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Perkele
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Message par Perkele »

Profitons en pour rappeler que "coupable" vient de "culpa = la faute" et non de couper. :D

Un coupable est fautif... c'est peut-être pour cela qu'on lui coupe parfois la tête...
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Claude
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Message par Claude »

Bien ! Et si nous reprenions le cours du jeu ? Perkele, c'est à vous de couper et à Jacques de distribuer.
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Jacques
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Message par Jacques »

Ce sens de couper, au jeu de cartes, est clair puisqu'il consiste à séparer le jeu en deux ; couper une communication, c'est y mettre fin de façon brutale en rompant le contact ; couper dans l'acception de mélanger par dilution (couper un vin avec de l'eau) est déjà plus éloigné du concept. Mais ce qui est surprenant c'est que couper a été formé sur coup, et qu'il s'agit là d'une déviation sémantique qui s'exprime dès l'origine : alors que coup a toujours désigné le choc brutal, le heurt, couper, à sa création, désigne le fait de séparer par entaille, avec un objet tranchant. Il existait pourtant le verbe latin secare, qui aurait pu donner séquer (que l'on retrouve dans disséquer). Mystère de l'étymologie populaire !
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