mal aimable

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Invité

mal aimable

Message par Invité »

Que penser de l'utilisation de termes tels que "mal aimable" pour désagréable ou antipathique, ou "gauche" pour maladroit ?
Sont-ce des barbarismes, ou des néologismes, ou bien sont-ils d'un usage correct ?
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Jacques
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Message par Jacques »

Il n'y a pas de néologismes. Pour ce qui est de gauche, il s'agit d'un préjugé qui remonte fort loin ; la majorité des humains (85%) sont droitiers et il a longtemps régné l'idée que la droite est le côté noble, parce que de la main droite on accomplit les tâches nobles, alors que la gauche serait tout le contraire. Des études récentes ont démontré que les gauchers sont plus doués pour les arts, et plus efficaces dans d'autres disciplines. N'entrons pas dans le détail. Ce mauvais préjugé a amené à qualifier d'adroit celui qui est habile de ses mains, et de gauche celui qui ne l'est pas.
Quant à mal aimable, il a tout l'air de présenter une contradiction de mots : on est aimable ou on ne l'est pas, on peut l'être « relativement » ou « pas trop » ou « pas très », ce sont des sortes d'euphémismes ou de litotes pour dire que quelqu'un est désagréable ; mais on ne peut pas l'être mal. Remarquez bien qu'il y a cet étrange « malcommode », qui m'a toujours paru saugrenu pour la même raison : une chose est commode ou pas, mais qu'elle le soit mal est plutôt bizarre. Il se pourrait que « mal aimable » soit un popularisme ou un régionalisme. Quoi qu'il en soit, je pense qu'il vaut mieux l'éviter. Rappelons-nous qu'aimable signifie proprement « qui sait se faire aimer » ou « qui est digne d'être aimé » (sens ancien et tombé en désuétude).
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
amourdeliceetorgue

Message par amourdeliceetorgue »

Quand on est mal aimable c'est peut-être parce qu'on est mal aimé, souvenez-vous:


La Chanson du Mal-aimé d'Apollinaire


Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu'il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte

Je suivis ce mauvais garçon
Qui sifflotait mains dans les poches
Nous semblions entre les maisons
Onde ouverte de la Mer Rouge
Lui les Hébreux moi Pharaon

Oue tombent ces vagues de briques
Si tu ne fus pas bien aimée
Je suis le souverain d'Égypte
Sa soeur-épouse son armée
Si tu n'es pas l'amour unique

Au tournant d'une rue brûlant
De tous les feux de ses façades
Plaies du brouillard sanguinolent
Où se lamentaient les façades
Une femme lui ressemblant

C'était son regard d'inhumaine
La cicatrice à son cou nu
Sortit saoule d'une taverne
Au moment où je reconnus
La fausseté de l'amour même

......
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Jacques
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Message par Jacques »

Pourquoi pas ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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