Féminin des mots en -teur
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Féminin des mots en -teur
J’ai été récemment choqué de découvrir le mot auteure dans un texte écrit par une personne française, ce qui m’a conduit à consulter tous les livres de français de ma bibliothèque. Je n’ai pas l’intention de discuter sur le sujet, mais sur autre chose qui me laisse perplexe. Comme tous les spécialistes européens, le Conseil supérieur de la langue française de Belgique condamne le mot comme représentant une violation de la règle de grammaire selon laquelle les termes en –teur font leur féminin en –trice. On devrait donc dire une autrice, une amatrice, une sculptrice, etc. et franchement je ne suis pas contre. Mais voilà que cette institution belge recommande de dire : une auteur. Et c’est là que le bât blesse ; je peste contre tous les verbeux de la télé qui disent la médecin, par exemple. Il y a là une contradiction grammaticale, qui met un article féminin devant un nom masculin. J’ai appris à l’école que « l’article défini ou indéfini s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu'il précède ». Alors, pourquoi un organisme si prestigieux conseille-t-il de violer cette règle ?
Allez, j’essaye de lui trouver une excuse : serait-ce en quelque sorte une ellipse pour une femme auteur, terme conseillé en France et, je crois aussi, en Suisse ? Là, je suis vraiment dans un jour de bonté, mais cela risque de ne pas durer.
Allez, j’essaye de lui trouver une excuse : serait-ce en quelque sorte une ellipse pour une femme auteur, terme conseillé en France et, je crois aussi, en Suisse ? Là, je suis vraiment dans un jour de bonté, mais cela risque de ne pas durer.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Pour répondre à Gebalsace, l'Office québécois de la langue française a décidé que tous les mots en -eur seront féminisés en -eure, y compris ceux qui finissent par -teur.
Je ne me mêle pas des affaires québécoises, chacun est maître chez soi et la tolérance nous commande de respecter les choix des autres. Ce que je déplore, en revanche, c'est que des francophones européens décident d'adopter cette mesure, qui ne nous concerne pas et est critiquée par tous les spécialistes européens de la langue française. Entendons-nous bien : les grammairiens européens ne critiquent pas la position des francophones américains mais conseillent de ne pas s'aligner dessus ici, sur notre continent. Si nous vivions au Québec, en qualité d'étrangers nous aurions le devoir de respecter les usages locaux. Mais vivant ici dans nos pays d'origine, nous devons nous conformer aux recommandations des grammairiens européens, qui pour une fois ont un avis unanime.
Je ne me mêle pas des affaires québécoises, chacun est maître chez soi et la tolérance nous commande de respecter les choix des autres. Ce que je déplore, en revanche, c'est que des francophones européens décident d'adopter cette mesure, qui ne nous concerne pas et est critiquée par tous les spécialistes européens de la langue française. Entendons-nous bien : les grammairiens européens ne critiquent pas la position des francophones américains mais conseillent de ne pas s'aligner dessus ici, sur notre continent. Si nous vivions au Québec, en qualité d'étrangers nous aurions le devoir de respecter les usages locaux. Mais vivant ici dans nos pays d'origine, nous devons nous conformer aux recommandations des grammairiens européens, qui pour une fois ont un avis unanime.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Je remarque une répétition de votre propos « Je ne veux pas discuter de la question… » à chaque fois que vous abordez la féminisation, Jacques. Sachez que cette discussion est loin de me choquer, Perkele.
Quant à moi, je me dis que l’usage décidera de la question. Je crois constater que les expressions comme « viol de la règle », « torture de la grammaire » ont tendance à s’atténuer. Je me dis que cette dernière nous l’a tellement fait qu’elle mérite un peu de dérangement. Il existe de nombreuses critiques de la part des Europes. Je ne crois pas qu’un francophone étranger doit respecter les usages québécois s’il vit ici, mais il doit parler sa langue comme il l’a apprise.
Je souscris à une maxime d’un de nos linguistes, Gérard Dagenais :
« …parler français, c’est parler de manière que tous les francophones du monde puissent comprendre ce que l’on dit. »
Quant à moi, je me dis que l’usage décidera de la question. Je crois constater que les expressions comme « viol de la règle », « torture de la grammaire » ont tendance à s’atténuer. Je me dis que cette dernière nous l’a tellement fait qu’elle mérite un peu de dérangement. Il existe de nombreuses critiques de la part des Europes. Je ne crois pas qu’un francophone étranger doit respecter les usages québécois s’il vit ici, mais il doit parler sa langue comme il l’a apprise.
Je souscris à une maxime d’un de nos linguistes, Gérard Dagenais :
« …parler français, c’est parler de manière que tous les francophones du monde puissent comprendre ce que l’on dit. »
- Perkele
- Messages : 12918
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
C'est pas gagné quand on voit qu'on n'emploie pas les mêmes expressions dès une centaine de kilomètres de distance...Denis Normand a écrit :« …parler français, c’est parler de manière que tous les francophones du monde puissent comprendre ce que l’on dit. »
![[confus] :?](./images/smilies/icon_confused.gif)
Dernière modification par Perkele le jeu. 06 nov. 2008, 14:57, modifié 1 fois.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je l'ai dit une seule fois, pour préciser que ce n'était pas l'objet de mon sujet, mais que je voulais faire part de mon étonnement sur le fait qu'un organisme réputé mettait un article féminin devant un nom masculin. Je ne souhaitais pas que la conversation dévie. La seconde fois j'ai dit que je ne me mêle pas des affaires québécoises, parce qu'elles ne me regardent pas et que chacun est maître chez soi. Je me revendique souvent de la tolérance et, ayant été plongé dans des milieux francophones divers aux parlers tout aussi divers, je les accepte comme ils sont, sans juger.Denis Normand a écrit :Je remarque une répétition de votre propos « Je ne veux pas discuter de la question… » à chaque fois que vous abordez la féminisation, Jacques.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
J'ai du fouiller dans mes archives! J'avais contacté TLFi en décembre dernier sur ce sujet et je vous livre copie de l'échange de courriels.
---------------------------------------
Destinataire:
contact@atilf.fr
Bonjour,
J'aimerais avoir votre avis concernant la féminisation (que je pense abusive) de certains noms, par exemple les abominables auteure, écrivaine et autres du même ordre.
Il me semble qu'il n'y a pas eu d'avis de l'Académie à ce sujet, qu'en est-il?
Merci de votre réponse, salutations
G…
---------------------------------
Bonjour,
Vous trouverez sur le site du laboratoire la base et les règles de féminisation des noms de métiers et de fonction.
http://www.atilf.fr => ressources linguistiques => informatisées => féminin : femme, j'écris ton nom
Nous avons beaucoup de retard dans ce domaine alors que les autres langues féminisent sans aucun problème (allemand , anglais).
Auteure ou ingénieure ne choquent plus personne (voyez ma signature), au CNRS il y a des chercheuses et des ingénieures.
C'est juste une question d'habitude.
L'Académie, comme toujours traîne la jambe dans ce genre d'évolution mais elle refuse toujours le verbe "alunir" !
La secrétaire perpétuelle de l'Académie française veut qu'on l'appelle Madame le secrétaire perpétuel, c'est encore plus ridicule, car elle ne veut pas qu'on confonde son poste avec celui d'une secrétaire de bureau. C'est du mépris mal placé, à mon sens.
La langue évoluera, mais elle mettra du temps, elle a mis du temps a accepter les directrices, institutrices, pharmaciennes et autres féminisations, alors elle finira par s'adapter et faire quelques pas de plus.
Cordialement
Pascale B…
Ingénieure de recherche
Équipe Lexiques
ATILF (UMR 7118/ CNRS - Nancy Université)
Analyse et traitement Informatique de la Langue Française
-----------------------------
Réponse qui n'engage que ladite Pascale B… mais ni TLFi ni, à plus forte raison l'Académie Française!
---------------------------------------
Destinataire:
contact@atilf.fr
Bonjour,
J'aimerais avoir votre avis concernant la féminisation (que je pense abusive) de certains noms, par exemple les abominables auteure, écrivaine et autres du même ordre.
Il me semble qu'il n'y a pas eu d'avis de l'Académie à ce sujet, qu'en est-il?
Merci de votre réponse, salutations
G…
---------------------------------
Bonjour,
Vous trouverez sur le site du laboratoire la base et les règles de féminisation des noms de métiers et de fonction.
http://www.atilf.fr => ressources linguistiques => informatisées => féminin : femme, j'écris ton nom
Nous avons beaucoup de retard dans ce domaine alors que les autres langues féminisent sans aucun problème (allemand , anglais).
Auteure ou ingénieure ne choquent plus personne (voyez ma signature), au CNRS il y a des chercheuses et des ingénieures.
C'est juste une question d'habitude.
L'Académie, comme toujours traîne la jambe dans ce genre d'évolution mais elle refuse toujours le verbe "alunir" !
La secrétaire perpétuelle de l'Académie française veut qu'on l'appelle Madame le secrétaire perpétuel, c'est encore plus ridicule, car elle ne veut pas qu'on confonde son poste avec celui d'une secrétaire de bureau. C'est du mépris mal placé, à mon sens.
La langue évoluera, mais elle mettra du temps, elle a mis du temps a accepter les directrices, institutrices, pharmaciennes et autres féminisations, alors elle finira par s'adapter et faire quelques pas de plus.
Cordialement
Pascale B…
Ingénieure de recherche
Équipe Lexiques
ATILF (UMR 7118/ CNRS - Nancy Université)
Analyse et traitement Informatique de la Langue Française
-----------------------------
Réponse qui n'engage que ladite Pascale B… mais ni TLFi ni, à plus forte raison l'Académie Française!
- Perkele
- Messages : 12918
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Je me demande en quoi "la langue française a pris du retard". ![[lève les yeux] :roll:](./images/smilies/icon_rolleyes.gif)
Que dire du finnois avec sa seule distinction animés (humains + animaux familiers) et choses (et bétail). En serait-il à la préhistoire ?
PS : Claude ! Attention ! Il y a de la concurrence dans les archives ! :D
![[lève les yeux] :roll:](./images/smilies/icon_rolleyes.gif)
Que dire du finnois avec sa seule distinction animés (humains + animaux familiers) et choses (et bétail). En serait-il à la préhistoire ?
PS : Claude ! Attention ! Il y a de la concurrence dans les archives ! :D
Dernière modification par Perkele le jeu. 06 nov. 2008, 15:22, modifié 1 fois.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Cette réponse est une provocation. Remarquez qu'elle signe « X..., ingénieure ». C'est l'usage qui fait la langue, et pas les révolutionnaires. Laissons faire l'usage. En ce qui concerne alunir, il est déconseillé, parce qu'alors il faudrait un mot pour chaque planète. Que dire pour Jupiter ? Ajovienir ? Pour Vénus, pour Pluton etc. Les spécialistes recommandent toujours atterrir sur la Lune, parce que atterrir ne veut pas dire se poser sur la Terre, en tant que planète, mais sur l'élément terre, qui constitue le sol.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Pourquoi des excuses ? Je ne l'avais même pas remarqué. Vous avez en tout cas fort bien fait, nous recommandons d'éviter les patronymes en clair. C'est une habitude, je mets toujours des lettres, X ou Z, pour citer les personnes. Par éthique et aussi par paresse. C'est le mot ingénieure qui m'a fait tiquer.Gebalsace a écrit :Mes excuses, Jacques, c'est moi qui ai mis les pointillés en lieu et place du patronyme de la dame (et du mien!). Ça m'a semblé préférable, peut-être pour que nul n'ait l'idée de lui jeter des pierres
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).