Je l'ai encore entendu hier. C'était en matière de goût pour les prénoms. Quelqu'un - que je ne nommerai pas - a dit "Je préfère Léa que Téa".
Je lui pardonne en m'immaginant qu'elle a sous entendu un verbe à l'infinitif : "Je préfère (l'-m'appeler) Léa (plutôt) que Téa". Mais j'aurais dit plus simplement "Je préfère Léa à Téa" (quoique, finalement, on peut ainsi s'imaginer qu'il s'agit de personnes et non pas de prénoms... )
Qu'en pensez vous ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Hélas ! j'ai fait le même constat, depuis des années, de cette construction fautive. Elle fait partie des classiques. Bien des gens écrivent je préfère... que... par analogie avec j'aime mieux... que...
Le pire est que, jadis, le mauvais langage se limitait à des milieux de personnes peu instruites ou vivant dans des conditions très modestes ou défavorables, mais qu'aujourd'hui le mal atteint même des milieux favorisés et des gens qui occupent une place élevée dans la hiérarchie sociale.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Dans une phrase plus longue, à tous les coups l'on perd, et moi le premier : « Je préfère manger à la cantine que (de) rentrer à la maison tous les midis ».
Si j’ai bien compris, on devrait dire soit :
« Je préfère manger à la cantine plutôt que (de) rentrer à la maison tous les midis »
soit :
« J’aime mieux manger à la cantine que (de) rentrer à la maison tous les midis »
soit enfin :
?« Je préfère manger à la cantine à rentrer à la maison tous les midis »
Les autres formulations sont fautives et Préférer + inf + que (sans plutôt) est toléré à la rigueur mais proscrit par les puristes. Je suis un bon élève ? :D
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
Vous êtes premier de la classe ! Je cite Bordas : « Il préfère lire que voir un film ou que de voir un film ; tour moderne, usuel, admis par de nombreux écrivains, mais critiqué par les grammairiens. Dans la langue surveillée, on écrira : Il préfère lire plutôt que de voir un film ou, mieux encore, il aime mieux lire plutôt que de voir un film. »
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Je vois souvent préférer une chose qu'une autre en portugais (prefiro a Léa que a Téa), espagnol (prefiero a Lea que a Tea) et anglais (I prefer Léa than Téa). On devrait employer a en portugais et espagnol et to en anglais.