Quand un sportif prend ses distances avec l'orthographe

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Bernard_M
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Quand un sportif prend ses distances avec l'orthographe

Message par Bernard_M »

Ceux qui suivent le Tour de France ont sans doute applaudi à la victoire d'un Français à Perpignan.
En lisant le récit qu'un quidam fait de l'étape (sur un site d'actualité), on apprendra que le français Thomas Voeckler a réussi a déjoué les sprinters au terme d'une longue échappée et que Voeckler est sorti d'un groupe de six coureurs lors des 5 derniers kilomètres. Le groupe a rapidement été dispensé par le jeune français.:lol:
Sans nul doute, l'auteur de l'article, lui aussi, était dispensé... de se relire !
J'aurais écrit cinq en toutes lettres et mis une majuscule au jeune Français. Pour ce qui est du français Untel, je conserverais la minuscule (s'agissant du locuteur de la langue française) mais sur ce dernier point, je ne suis pas sûr de moi.
Quant à déjouer une personne plutôt que ses plans, je ne suis pas certain de la justesse de cette expression.
Sur ces deux derniers points vos avis m'intéressent !
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Claude
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Message par Claude »

Je mettrais une majuscule car ici c'est un substantif représentant un être humain : le Français Untel.
Littré dit, à propos de déjouer : Déjouer quelqu'un, détruire l'effet de ses actions ou de ses paroles.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je suis de l'avis de Claude : le Français Untel, c'est toujours un nom propre.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Bernard_M
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Message par Bernard_M »

Claude a écrit :Littré dit, à propos de déjouer : Déjouer quelqu'un, détruire l'effet de ses actions ou de ses paroles.
Si le Littré le dit, alors il me faut annoter mon dictionnaire ainsi que celui de l'Académie.
Dans sa version en ligne, celle-ci ne mentionne pas explicitement déjouer quelqu'un. Elle donne la formulation suivante : déjouer une entreprise. Jusqu'à votre explication, je comprenais le mot entreprise , non pas dans son sens d'organisation de production de biens ou de services, mais dans celui de ce que l'on se propose d'entreprendre dessein, projet, œuvre, etc.
À présent, à la lumière de l'exemple du Littré, je peux le comprendre dans toutes ses acceptions.

Pour ce qui est de la majuscule, dussè-je en faire bondir certains, je me référais à un article de l'université Laval du Canada, dont l'adresse avait été citée par ailleurs sur le forum. J'ai bien tenté de retrouver les échanges sur la question, mais je rends les armes ! Le moteur de recherche me liste une quantité telle de messages, que je n'ai pas le temps de tous les parcourir ...
Alors que j'édite ce message, je prends connaissance de la position nette et sans discussion possible de Jacques sur cette question.
le Français Untel, c'est toujours un nom propre.
Dont acte.

Merci à vous deux.
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Claude
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Message par Claude »

À propos de déjouer, Bernard_M a écrit :...Si le Littré le dit, alors il me faut annoter mon dictionnaire ainsi que celui de l'Académie...
Ainsi que le TLFi :
Rare. [Le compl. d'obj. direct désigne une pers.] Mettre qqn en échec dans ses actes, ses paroles ou ses desseins. Jean Valjean (...) déjoua l'espion en gardant le silence.
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Jacques
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Message par Jacques »

Dictionnaire de l'Académie, 4e édition (1762) :
DÉJOUER. v. n. Terme de Marine, qui se dit d'un pavillon qui voltige au gré du vent.

5e édition (1798) :
DÉJOUER. v. a. On dit familièrement, Déjouer quelqu'un, pour dire, Nuire à l'effet qu'il se propose dans ses discours, dans ses actions, dans ses démarches ; et en ce sens, Déjouer est actif. Déjouer un projet, déjouer un complot, pour dire, En arrêter les effets, en empêcher la suite.
On dit aussi au neutre, et familièrement, Déjouer, pour dire, N'être pas à son jeu, jouer plus mal qu'à l'ordinaire.


Dans la 8e (1932 – 1935) cette acception n'est plus mentionnée. C'est donc un archaïsme.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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angeloï
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Message par angeloï »

Déjouer qn ? Non, sûrement pas en français contemporain et encore moins dans un article de sport, bien que les journalistes sportifs se permettent beaucoup de choses.

Je pense que votre commentateur a sans doute voulu dire "se jouer de" et n'a réussi qu'à accoucher de "déjouer", renouant ainsi sans le savoir avec un usage ancien. Vous devriez lui écrire... :)

Je n'aime pas du tout "LORS des 5 derniers kilomètres".

Quant à "sprinters", ils devrait au moins s'écrire SPRINTEURS. C'est d'ailleurs ainsi qu'on le prononce, en général.

Voeckler est sorti d'un groupe de six coureurs lors des 5 derniers kilomètres : grosse incohérence dans l'écriture des chiffres, qui devraient tous s'écrire en toutes lettres. En termes de métier, ça s'appelle une erreur de copie.

Je me demandais si le groupe de six coureurs comprenait le vainqueur de l'étape. Autrement dit, y avait-il sept coureurs avant l'échappée de V ou seulement six, V ne faisant pas partie du groupe ?
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Jacques
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Message par Jacques »

En conclusion de ceci, Bernard :
Quant à déjouer une personne plutôt que ses plans, je ne suis pas certain de la justesse de cette expression
nous pouvons supposer, soit que le commentateur a commis un lapsus, et nous nous montrerons bons princes en lui votant l'indulgence (le commentaire en direct n'est pas facile), soit qu'il a voulu ressusciter une ancienne acception tombée en désuétude depuis plus d'un siècle, et nous lui tirerons notre chapeau pour sa culture linguistique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Claude
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Message par Claude »

Je voudrais ne pas être mauvaise langue, mais j'opte plutôt pour le lapsus sans lui en tenir rigueur.
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