Après que + verbe avoir

Invité · Message par **Invité** » jeu. 24 juin 2010, 13:58

Bonjour,

Pourriez-vous m'aider sur le cas suivant.

Lorsque je rédige une phrase commençant par "Après que" , j'utilise toujours le verbe avoir au subjonctif présent. exemple : "après qu'il ait enlevé son pull, il s'allongea sur le divan". Encore que je me demande si l'imparfait du subjonctif ne serait pas le mieux "Après qu'il eût enlevé son pull".

Or, cela fait plusieurs fois qu'au fil de mes lectures, je suis confronté à la construction "Après que" + passé composé. Le dernier exemple en date, c'est le sujet sur le procès de Riom, sur Wikipedia :

"Après que le maréchal Pétain a condamné les responsables politiques, ce sont les hommes, en tant que citoyens, qui seront jugés à Riom"

Moi, j'aurais plutôt écrit "ait condamné" ou "eut condamné". Mais j'ai retrouvé aussi cette construction avec le passé composé sur d'autres sources, particulièrement dans des ouvrages écrits par des historiens. Je pense donc du coup que je suis dans l'erreur.

Quelle est donc la construction correcte et pourquoi ?

Avec mes remerciements,

Bien cordialement,

Anne · Message par **Anne** » jeu. 24 juin 2010, 14:47

Bonjour Boudi.
Le subjonctif est nécessaire pour marquer l'incertitude quand l'évènement ne s'est pas encore produit. Avec après, par définition l'évènement s'est produit.
Donc : avant qu'il ait, et après qu'il a.

Invité · Message par **Invité** » jeu. 24 juin 2010, 14:55

je vous remercie Anne, pour cette réponse à la fois rapide et motivée.

Message par **Claude** » jeu. 24 juin 2010, 15:10

Bonjour Boudi,
Je ne connais pas votre âge mais une chanson de Charles Trenet dit ceci :
Longtemps, longtemps, longtemps, après que les poètes ont disparu, leurs chansons... STOP !

Invité · Message par **Invité** » jeu. 24 juin 2010, 15:30

Bonjour Claude,

J'ai 43 ans, je possède une compilation en 2 CD des plus belles chansons de Charles Trenet, belle occasion de les écouter à nouveau. Je me demande bien où j'ai pu prendre cette mauvaise habitude de mal conjuguer avoir avec "après que" , ce sera difficile de me remettre sur les rails.

Cordialement,

PS : je découvre votre site, et de ce que je peux entendre à la sortie des collèges et lycées, je me demande s'il ne devrait pas être classé d'utilité publique.

Jacques · Message par **Jacques** » jeu. 24 juin 2010, 16:03

Ne vous demandez pas où vous avez pu prendre cette habitude, elle est répandue dans la France entière (dans les autres pays francophones peut-être aussi, je ne sais pas), et elle est, trois fois hélas ! d'un emploi courant. Votre réflexion démontre à quel point sont pernicieux ces barbarismes, solécismes et impropriétés : comme des millions de personnes, vous l'avez inconsciemment assimilé à force de l'entendre rabâcher.
Forum d'utilité publique, c'est un joli compliment que vous nous faites là. Pour ce qui me concerne, j'en suis sincèrement touché.

Message par **Claude** » jeu. 24 juin 2010, 16:38

boudi a écrit :...Je me demande bien où j'ai pu prendre cette mauvaise habitude de mal conjuguer avoir avec "après que"...

Avant mon inscription au forum je commettais cette faute mais maintenant je suis guéri.

Madame de Sévigné

Merci boudi pour cette intéressante remarque et bravo Anne pour la réponse rapide et précise à laquelle il n'y a rien à rajouter.
Et bien si, je rajoute un détail :
Comme Claude, j'ai longtemps utilisé le subjonctif; l'indicatif ne paraît pas naturel. Mais maintenant, je m'applique.
Et la plupart du temps, ça ne passe, et ce sont mes interlocuteurs qui me remettent en place, et c'est à moi de justifier l'emploi de l'indicatif !!!

Jacques · Message par **Jacques** » ven. 25 juin 2010, 7:46

Mais si, l'emploi est naturel. Anne a souligné que le subjonctif est le mode de la probabilité, de l'éventualité, et l'indicatif celui de la certitude et du fait accompli.

Message par **Claude** » ven. 25 juin 2010, 7:59

Je crois que la marquise a voulu dire que nous étions tellement imprégnés du subjonctif qu'il était devenu instinctif et qu'il est difficile d'appliquer le bon mode.

Jacques · Message par **Jacques** » ven. 25 juin 2010, 8:23

À mesure de nos découvertes, et j'ai vécu cela dès mon apprentissage raisonné du français, nous sommes amenés à corriger de mauvaises habitudes enracinées. Au début c'est difficile, ensuite cela devient un nouvel automatisme, jusqu'à ce que nous découvrions une autre erreur dans notre langage, et dont il va falloir nous déshabituer. Une lutte permanente contre soi et les réflexes acquis.

Message par **Perkele** » ven. 25 juin 2010, 8:24

Il suffit de s'y appliquer et cela devient très vite naturel.

J'ai remarqué qu'un effort avait été fait en ce sens dans le doublage des séries télévisées d'origines américaines.

Message par **Claude** » ven. 25 juin 2010, 8:50

Perkele a écrit :Il suffit de s'y appliquer et cela devient très vite naturel.
...

À l'écrit c'est facile mais à l'oral c'est autre chose car on n'a pas le temps de réfléchir, la faute arrive vite et c'est trop tard pour revenir en arrière ; mais avec l'habitude...

Jacques · Message par **Jacques** » ven. 25 juin 2010, 9:32

Il y a un temps d'adaptation (un certain temps) avant que cela ne devienne automatique. Ensuite on n'y réfléchit plus, et c'est là qu'on découvre une autre réforme à faire dans sa façon de parler. Je vis cela depuis une soixantaine d'années.

Message par **Perkele** » ven. 25 juin 2010, 15:12

Et c'est là que les gens commencent à se dire : "il a la réputation d'être instruit, ce monsieur, mais qu'est ce qu'il fait comme fautes quand il parle."