Jacques a écrit :Pour répondre aux demandes de deux personnes, j'ai extrait de mes articles publiés ces dix dernières années quelques commentaires sur des expressions pittoresques qui font partie du langage courant. J'espère que d'autres membres viendront apporter de l'eau à ce moulin.
Merci, Jacques. J'essaierai, pour ma part, de contribuer à ce recensement.
Prendre la poudre d’escampette : Le terme escampette ne s'emploie pas en dehors de cette formule. C'est le diminutif d'un ancien mot en usage au XVIe siècle, escampe, « fuite », dérivé du verbe escamper, « fuir », considéré comme familier ou populaire. Il dérive du provençal escampar, d'après le latin classique campus (camp, champ).
Le Dictionnaire historique nous dit que décamper, à l'origine synonyme de lever le camp en termes militaires, est bien de la famille d'escampette.
Je pensais à vous en parlant de contribuer au sujet. Mais tout le monde devrait pouvoir apporter quelque chose.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Jacques, il est possible que nous discutions de quelques locutions avant de les ajouter définitivement aux autres.
Je propose donc que votre premier message serve à recenser la totalité des expressions que nous étudierons, afin d'en simplifier la consultation.
La mise à jour régulière de ce message est-elle envisageable ?
Je suis ouvert à tout. Et si l'ami Claude, chef archiviste, voulait prendre cela en main, j'en serais soulagé. Il l'a déjà fait pour d'autres sujets. Ohé Claude ?
Dernière modification par Jacques le mer. 31 mars 2010, 13:25, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
J'arrive, je cours, je vole ; j'essaierai de trouver des créneaux un peu plus longs qu'actuellement pour vous satisfaire ; j'avais également envisagé de proposer la même chose pour les mots féminins applicables aux hommes.
payer en monnaie de singe :
les troubadours et autres amuseurs publics avaient le droit de payer le droit de passage sur les ponts en faisant leur tour au lieu de payer en espèces sonnantes et trébuchantes.
à brûle pourpoint : par surprise.
les armes à feu dégageaient quelques flammes lors du tir; une personne dont ces flammes brulaient le pourpoint s'était fait tirée dessus de si proche qu'elle avait certainement été prise par surprise.
jeu de main, jeu de vilain:
vient du jeu de paume : seuls les pauvres jouent au jeu de paume sans raquette...
Pha : explications dont je demande la confirmation :
payer en monnaie de singe :
Les troubadours et autres amuseurs publics avaient le droit de payer le droit de passage sur les ponts en faisant leurs tours au lieu de payer en espèces sonnantes et trébuchantes. Plus précisément les montreurs de singes, qui faisaient exécuter quelques tours à leurs animaux pour éviter de payer le droit de péage. Je n'ai pas commis un pléonasme : rappelons que péage ne vient pas du verbe payer mais de pied ; le droit le poser le pied en certains endroits. à brûle-pourpoint : par surprise.
les armes à feu dégageaient quelques flammes lors du tir ; une personne qui s'était fait tirer dessus de très près et par surprise en avait une trace de brûlure sur son habit. Vous verrez ci-dessus que j'ai un peu arrangé votre texte. Jeu de main, jeu de vilain
vient du jeu de paume : seuls les pauvres jouent au jeu de paume sans raquette... D'après mes renseignements non.
Jeux de main(s) jeux de vilains(s)
Le mot vilains est pris dans le sens de personnes viles, manants, gueux du Moyen Âge.
Quand ils se querellaient, ils en venaient vite aux mains, aux échanges de coups, d'où l'expression.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Les amateurs du jeu de paume lui attribue l'origine de beaucoup d'expression, parfois avec raison (amuser la galerie), mais visiblement aussi, parfois à tort (jeu de main, jeu de vilain).
je me méfie toujours des explications «facile» de certaines explication ou étymologie et de ceux qui les propagent, se faisant fort d'avoir raison contre tout le monde (ou plus simplement, ravis de leur culture !).
Pha a écrit :
Les amateurs du jeu de paume lui attribue l'origine de beaucoup d'expression, parfois avec raison (amuser la galerie), mais visiblement aussi, parfois à tort (jeu de main, jeu de vilain).
Je me méfie toujours des explications «facile» de certaines explication ou étymologie et de ceux qui les propagent, se faisant fort d'avoir raison contre tout le monde (ou plus simplement, ravis de leur culture !).
Vous avez raison, j'ai appris comme vous à me méfier de ces idées reçues, de ces fausses vérités inspirées par la pure fantaisie, et qui se sont malheureusement incrustées dans la croyance populaire. Et ceux qui les propagent, comme vous dites, ravis d'étaler leur culture, cherchent à « épater la galerie » par leur fausse science.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Je ne sais pas si la formule « C'est l'exception qui confirme la règle » mérite de figurer dans la liste de vos locutions et expressions car elle n'a rien de pittoresque mais je sais que, avant d'en entendre l'explication de la bouche d'Alain Rey, je n'en avais qu'une compréhension teintée de perplexité. je pense que, trop souvent, elle est comprise ainsi : Telle chose, tel évènement, telle idée, dont nous pouvons constater qu'ils sont des exceptions par rapport à des règles établies, auraient la propriété de confirmer celles-ci, ou constitueraient la preuve de leur validité. Bien sûr, vous l'aurez deviné, et sans doute le savez-vous aussi bien que moi, ce n'est pas ainsi qu'il faut l'entendre. Le mot "exception" ne désigne pas une chose, un évènement, une idée, mais le fait d'excepter et, donc, c'est en exceptant un maximum d'éléments non conformes à la règle qu'on peut espérer avoir fait le tour de la question et prétendre que, toutes ces exceptions étant faites, la règle est bien valable pour tous les autres éléments. Merci, Alain Rey !
Je ne dispose pas d'historique de la formule, seulement de l'expression latine qui l'a engendrée : « Exceptio firmat regulam in casibus non exceptis.»
J'ai toujours pensé à cette surprenante particularité du français où toute règle de grammaire comporte des exceptions.
La phrase complète citée par Alain Rey, et extraite du vocabulaire juridique est, comme vous le dites : Exceptio fimat regulam in casibus non exceptis qu'Alain Rey explique ainsi : L'exception permet l'application de la règle pour les cas qui ne sont pas explicitement exceptés. C'est-à-dire que, en présence d'une règle et d'une liste d'exceptions, la règle doit s'appliquer dans tous les cas qui ne sont pas énumérés ou encore, que la règle l'emporte, sauf lorsqu'il s'agit d'un cas précédemment défini comme exception.
Je résumerais l'argument ainsi : tout ce qui n'est pas explicitement exclu de la règle est soumis à son application (tout ce qui n'est pas défendu est autorisé).
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Mais après tout, on peut aussi penser qu'une exception particulière qu'on vient de formuler représente l'aboutissement des recherches en exceptions visant à confirmer une certaine règle, que ce serait en quelque sorte la "der des der" des exceptions et que c'est bien elle, enfin, qui permettrait à la règle d'être viable. Elle serait bien "l'exception qui confirme la règle". Il faudrait juste s'en persuader soi-même.
Jacques a écrit :[...] Et si l'ami Claude, chef archiviste, voulait prendre cela en main, j'en serais soulagé. Il l'a déjà fait pour d'autres sujets. [...]
Il n'est jamais trop tard pour bien faire ; j'ai créé le lexique correspondant.
Merci à Koutan qui a relancé le sujet.