Oui, on doit le faire entendre.
Jadis, attesté dès 1175, vient de ja a dis, qui signifiait « il y a déjà des jours » ; dis vient du latin dies, jour.
On retrouve le singulier di dans les jours de la semaine, lundi, mardi, etc. Le s du pluriel dis ne devrait plus se prononcer, mais à mon avis il a été maintenu pour éviter une confusion avec ja dit (déjà dit).
En latin, on devait sans doute le prononcer, pour marquer la différence avec l'ablatif die. Mais le s ne marquait pas le pluriel, en latin.
Je pensais plutôt au français, qui a perdu la prononciation de la plupart des consonnes finales après le moyen âge, il me semble (sujet déjà abordé ici).
Marco a écrit :On trouve le ‘s’, cependant, surtout à l’accusatif pluriel (dominos, rosas, cives, etc.)
D'où a dû venir le s du pluriel français, puisque les mots latins sont "entrés" en français sous la forme de l'accusatif, c'est du moins ce que disent les historiens de la langue.
Je replonge dans ma grammaire d'ancien français pour vous répondre.
En fait, l'ancien français déclinait les mots en deux cas, le cas-sujet, issu du nominatif latin, et le cas-régime, venant lui de l'accusatif. Et c'est le français qui, en abandonnant les déclinaisons vers le quatorzième siècle, n'a conservé que le cas-régime, ancien accusatif latin.
Illustration : Masculin
1ère déclinaison
singulier CS li murs CR le mur
pluriel CS li mur CR les murs
2e déclinaison
singulier CS li pere CR le pere
pluriel CS li pere CR les peres
3e déclinaison
singulier CS li lerre CR le larron
pluriel CS le larron CR les larrons
Au féminin, le cas-sujet et le cas-régime sont semblable, sauf dans la 3e déclinaison au singulier :
CS la nonne CR la nonnain
Exceptions : CS la suer CR la seror - CS li prestre CR le provoire - CS li traître CR le traîtor, où le cas sujet est passé en français moderne, ainsi que certains prénoms d'origine germanique Charles - Charlon, Hugues - Hugon, Gui - Guion...
Dans certains cas, les deux formes sont restées, quelquefois en se spécialisant : Nonne - nonnain, moulinette - flop, sire - seignor, compain - compagnon.
Pour la raison du choix du cas-régime, il faudrait peut-être étudier les fréquences relatives des deux cas dans les textes : les noms sont peut-être moins utilisés en tant que sujets qu'en tant que compléments.