Après que + quel mode verbal ?
Après que + quel mode verbal ?
Est-il correct d'écrire "Après qu'il nous ait demandé de sortir, nous lui claquâmes la porte au nez."
Ma question porte sur "qu'il nous ait" (subjonctif).
Or dans les "Diificultés de la langue française", ouvrage de référence, il est pourtant spécifié que "après que" se construit avec le présent ou le conditionnel mais pas le subjonctif !
Qu'en pensez-vous ?
Ma question porte sur "qu'il nous ait" (subjonctif).
Or dans les "Diificultés de la langue française", ouvrage de référence, il est pourtant spécifié que "après que" se construit avec le présent ou le conditionnel mais pas le subjonctif !
Qu'en pensez-vous ?
- Perkele
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Il n'y a en effet jamais de subjonctif après "après que". Pensez à "Longtemps après que les poètes ont disparu..."
Il faut donc écrire : Après qu'il nous eut demandé de sortir, nous lui claquâmes la porte au nez."
Mais dans une conversation on emploiera plutôt : Après qu'il nous a demandé de sortir, nous lui avons claqué la porte au nez."
Il faut donc écrire : Après qu'il nous eut demandé de sortir, nous lui claquâmes la porte au nez."
Mais dans une conversation on emploiera plutôt : Après qu'il nous a demandé de sortir, nous lui avons claqué la porte au nez."
Dernière modification par Perkele le mer. 15 déc. 2010, 18:25, modifié 1 fois.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Cette question a été traitée bien des fois. Nous ne dirons rien de mieux que votre Dictionnaire des difficultés qui est écrit par des spécialistes, et il serait absurde de contester ce que disent des gens qui en savent plus que n'importe lequel d'entre nous. Le subjonctif est le mode de l'incertitude et de l'éventualité ; on dit donc avant qu'il vienne (on n'est jamais absolument certain de sa venue) et après qu'il fut venu, après qu'il était venu, parce que l'indicatif est le mode de la certitude, du fait accompli.
PS : veillez à poser vos questions dans la rubrique qui les concerne : vous avez posé une question de grammaire dans Vocabulaire.
PS : veillez à poser vos questions dans la rubrique qui les concerne : vous avez posé une question de grammaire dans Vocabulaire.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
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- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Je n’ai presque rien à ajouter à ces réponses sinon qu’en effet le subjonctif après « après que » est de plus en plus courant, et que l’indicatif est devenu rarissime (je crois qu’il ne se trouve plus guère que chez certains auteurs ultra-soigneux de la grammaire et, par bonheur, chez quelques traducteurs, dont c’est le métier de connaître ces subtilités). Aujourd’hui, même dans des écrits officiels, dans des écrits de loi, ce subjonctif a su se faire un petit nid douillet.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Klausinski
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- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Je me suis sans doute corrigé au moment où vous écriviez : j’ai justement ajouté à ma remarque : « et, par bonheur, chez quelques traducteurs, dont c’est le métier de connaître ces subtilités ». La télévision ne fait pas forcément exception. Elle peut également compter des personnes attentives et soigneuses. Le travail de doublage doit d’ailleurs être un genre de travail de traduction fort intéressant, il y a tellement de contraintes (trouver des expressions françaises idiomatiques aussi courtes que les répliques en langue originale, faire concorder le plus possible les mouvements des lèvres, etc.) que c’en est presque oulipien. Du reste, quand un personnage lambda s’exprime, la question doit sans doute se poser parmi ces traducteurs : lui fera-t-on respecter cette règle peu connue ? ce qui risquerait de le ranger dans une certaine catégorie de personnages — ou lui fait-on employer la tournure la plus courante ?
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(Kafka, cité par Mauriac)
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- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Non seulement la faute est de plus en plus courante, mais savez-vous même qu'elle a des défenseurs ? Oui, des gens qui estiment que cette distinction ne se justifie pas. Je ne me rappelle malheureusement pas où j'ai lu cette stupidité.
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- Jacques-André-Albert
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- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
J'ai plutôt l'impression que dans les médias la rectification fait tache d'huile et qu'on entend de plus en plus fréquemment l'indicatif.Klausinski a écrit :Je n’ai presque rien à ajouter à ces réponses sinon qu’en effet le subjonctif après « après que » est de plus en plus courant, et que l’indicatif est devenu rarissime (je crois qu’il ne se trouve plus guère que chez certains auteurs ultra-soigneux de la grammaire et, par bonheur, chez quelques traducteurs, dont c’est le métier de connaître ces subtilités). Aujourd’hui, même dans des écrits officiels, dans des écrits de loi, ce subjonctif a su se faire un petit nid douillet.
J'ai fait le même constat dans les médias. C'est, avec "pallier + COD", un des rares cas où les mises en garde répétées des grammairiens et de l'Académie semblent porter des fruits. Par ailleurs, je ne sais pas si Houellebecq est un auteur ultra-soigneux de la grammaire, mais j'ai constaté dans le dernier prix Goncourt qu'il emploie systématiquement l'indicatif avec "après que".Jacques-André-Albert a écrit :J'ai plutôt l'impression que dans les médias la rectification fait tache d'huile et qu'on entend de plus en plus fréquemment l'indicatif.
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Avez-vous des renseignements précis à propos des mises en garde de l'Académie ? Elles sont publiées dans un livret dont j'ai eu un jour une copie en main, qui s'intitule « Les cahiers de... ? » et est réservé à quelques initiés. Elles sont donc des avis, des compléments au dictionnaire, mais l'Académie, qui n'a pas le rôle de gendarme de la langue, ne les envoie pas, je pense, directement aux médias ou à des organismes. À moins que je ne me trompe. Si vous en savez davantage, soyez aimable de nous en faire profiter
Quoi qu'il en soit, réjouissons-nous que de bons exemples fassent tache d'huile.
Quoi qu'il en soit, réjouissons-nous que de bons exemples fassent tache d'huile.
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Re: Après que + quel mode verbal ?
Dans sa réponse de 18h24 d'hier, Jacques a donné la position des auteurs de l'ouvrage que vous citez. Je comprends qu'un grand nombre de férus de grammaire le considère comme un ouvrage de référence, mais n'ayant pas eu cet ouvrage entre les mains, je désirerais en connaître les auteurs.Mickaël a écrit :[...]dans les "Difficultés de la langue française", ouvrage de référence, il est pourtant spécifié que "après que" se construit avec le présent ou le conditionnel mais pas le subjonctif[...]Qu'en pensez-vous ?
Relisant l'ensemble de cette discussion, je constate que si on a bien parlé du présent et du subjonctif, on n'a pas, sauf erreur de ma part, répondu à l'attente de Mickaël quant à l'usage possible du conditionnel. Quelqu'un aurait-il un exemple de l'emploi de ce mode avec l'utilisation de la conjonction après que ?
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Il s'agit peut-être de Difficultés et pièges du français de Larousse (Daniel Péchoin et Bernard Dauphin). Bon ouvrage, qui donne sur la langue des conseils que son dictionnaire d'usage ne met pas en pratique. À moins qu'il ne s'agisse de Pièges et difficultés de la langue française (Jean Girodet) chez Bordas. Il serait bon de préciser. Mais ce n'est pas moi qui cite leur position, c'est Mickaël ; j'ai simplement expliqué le rôle des modes.
Un emploi du conditionnel ? Larousse donne : Après que cette parole aurait été prononcée, nous aurions à redouter que...
Il souligne que c'est rare.
Un emploi du conditionnel ? Larousse donne : Après que cette parole aurait été prononcée, nous aurions à redouter que...
Il souligne que c'est rare.
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- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Pour « pallier + COD » je l’ai remarqué, mais pas pour « après que » suivi de l’indicatif. À chaque fois que je regarde la télévision (mais il est vrai que cela devient de plus en plus rare), c’est un mauvais emploi que j’entends ; et qui ne me choque d’ailleurs pas plus que cela… Vous êtes au moins deux à constater l’inverse. C’est tant mieux. Il faut croire qu’il y a aussi des effets de mode pour les corrections.embaterienne a écrit :J'ai fait le même constat dans les médias. C'est, avec "pallier + COD", un des rares cas où les mises en garde répétées des grammairiens et de l'Académie semblent porter des fruits. Par ailleurs, je ne sais pas si Houellebecq est un auteur ultra-soigneux de la grammaire, mais j'ai constaté dans le dernier prix Goncourt qu'il emploie systématiquement l'indicatif avec "après que".Jacques-André-Albert a écrit :J'ai plutôt l'impression que dans les médias la rectification fait tache d'huile et qu'on entend de plus en plus fréquemment l'indicatif.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
Les mises en garde officielles de l’Académie sont de temps en temps rassemblées en recueils et publiées. Je dois avoir quelque part un exemplaire des « Mises en garde, propositions, équivalences publiées par l'Académie française 1964-1985 » parues au Presses du Palais-Royal en 1986. Je ne sais pas s’il en est paru de plus récent. Si le rôle de l’Académie n’est pas d’intervenir directement auprès des médias, il n’empêche que ses avis et recommandations sont aujourd’hui largement accessibles au grand public grâce au site Internet de l’Académie, grâce à l’édition en cours du Dictionnaire dans laquelle elle incorpore ses mises en garde, et grâce aux nombreux grammairiens professionnels et amateurs qui, dans les journaux, dans les revues de défense de la langue française ou sur les forums de la toile, relayent les mises en garde et les avis de l’Académie. Enfin, pour les médias plus particulièrement, nul doute que la Lettre du CSA, qui se tient très informée des positions de l’Académie, constitue pour les journalistes une source d’information importante qui leur permet de veiller à la correction de leur langue. Le dernier exemplaire de la Lettre traite des verbes « impacter, « booster » et « revisiter ».Jacques a écrit :Avez-vous des renseignements précis à propos des mises en garde de l'Académie ? Elles sont publiées dans un livret dont j'ai eu un jour une copie en main, qui s'intitule « Les cahiers de... ? » et est réservé à quelques initiés. Elles sont donc des avis, des compléments au dictionnaire, mais l'Académie, qui n'a pas le rôle de gendarme de la langue, ne les envoie pas, je pense, directement aux médias ou à des organismes.
Ce rôle indirect sur les médias, c’est bien celui que l’Académie décrit elle-même dans ces termes sur son site :
À titre d’illustration de tout ceci, revenons aux deux exemples constatés d’amélioration, pour « pallier à » et « après que », et comparons ce qu'écrivent respectivement la 8e et la 9e édition du dictionnaire de l’Académie. On y constatera que non seulement l’Académie a fait un gros travail de révision des définitions mais qu’elle a incorporé les fameuses mises en garde dont on parle (je les signale en gras).« Fautes de langue dans les médias
Les incorrections fréquentes constatées dans les médias sont une source d’agacement bien compréhensible pour tous ceux qui aiment la langue française.
Conformément à sa mission et à ses traditions, l’Académie française s'attache à défendre notre langue par des déclarations officielles et par les mises en garde qu’elle publie régulièrement. D’autre part, elle participe activement aux commissions de terminologie, qui veillent à proposer des équivalents français aux termes étrangers (notamment anglais) ; aucun de ces termes ne peut être recommandé officiellement sans qu’elle ne l’ait auparavant approuvé. Elle s’attache également, au travers de son Dictionnaire, dont la neuvième édition est en cours de rédaction, à prescrire et à guider l’usage de la langue en indiquant les emplois corrects et en formulant un certain nombre de remarques normatives (qui apparaissent en gras dans cette dernière édition).
Cependant, il n’est pas du ressort de l’Académie de rappeler à l’ordre les médias. Si vous relevez des erreurs de langue dans les médias, nous vous conseillons de vous adresser au Conseil supérieur de l’audiovisuel (http://www.csa.fr), dont l’une des missions est de veiller à la défense et à l’illustration de la langue française dans la communication audiovisuelle ainsi qu’au respect de la loi Toubon de 1994 (loi qui oblige notamment les organismes d’État à employer, chaque fois qu’ils existent, les équivalents français recommandés par les commissions ministérielles de terminologie et de néologie, en remplacement des termes étrangers).
Le CSA se montre attentif à la qualité de la langue employée dans les programmes des différentes sociétés de télévision et de radio, et publie chaque mois, dans la rubrique « Langue française » de La Lettre du CSA, une mise en garde sur certaines impropriétés ou approximations.
Par ailleurs, pourquoi ne pas vous adresser directement aux journalistes ou aux chaînes concernées, éventuellement en présentant votre requête aux médiateurs ? Vos remarques seront sans doute prises en compte.»
Pour « pallier à » :
8e édition :
9e édition :PALLIER. v. tr. Déguiser une chose qui est mauvaise, l'excuser en y donnant quelque couleur favorable. Il essaie de pallier sa faute.
En termes de Médecine, Pallier le mal, Ne le guérir qu'en apparence.
Il s'emploie aussi figurément en ce sens. Les moyens employés pour remédier au mauvais état de ses affaires n'ont point guéri le mal; ils n'ont fait que le pallier.
Pour « après que » :PALLIER v. tr. (se conjugue comme Crier). XIVe siècle. Emprunté du latin tardif palliare, « couvrir d’un manteau », puis « pallier », lui-même tiré de pallium, « manteau ».
1. Dissimuler une chose fâcheuse ou lui donner une apparence favorable. Il essaie de pallier sa faute. Il pallie son ignorance par des airs entendus. Par ext. Remédier à un mal de manière provisoire ou partielle, ou en apparence seulement. Il pallie le mauvais état de ses affaires par des emprunts. 2. MÉD. Supprimer ou atténuer les symptômes d’un mal sans le guérir. Pallier le mal. Pallier à est une construction incorrecte.
8e édition :
9e édition :APRÈS QUE, loc. conj. Après que vous aurez parlé, il parlera. Après que vous avez eu parlé, il s'est retiré. Après que vous eûtes parlé, il se retira.
Avec en prime un autre exemple d'utilisation du conditionnel avec "après que".5. Loc. conj. Après que, suivi de l'indicatif ou du conditionnel, mais non du subjonctif. À la suite du moment où. Après que nous fûmes sortis du port, la tempête s'éleva. Je ne rentrerai qu'après que la nuit sera tombée, après la tombée de la nuit. Après que vous aurez parlé, il décidera. Après que les enfants eurent dîné, nous partîmes. Il a dit qu'il vous verrait après que vous auriez remis votre rapport. Parfois avec le même sujet pour les deux verbes. Elle a dit qu'elle viendrait après qu'elle aurait terminé sa tâche, après avoir terminé sa tâche.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Bravo ! vous êtes fort bien informée. J'ai souvent recours à son dictionnaire.
J'ai hâte de savoir si, quand elle en sera à la lettre V, elle aura soin de répercuter sa mise en garde d'avril 67 établissant la différence entre volcanologie et vulcanologie.
Il nous faudra encore un peu de patience.
J'ai hâte de savoir si, quand elle en sera à la lettre V, elle aura soin de répercuter sa mise en garde d'avril 67 établissant la différence entre volcanologie et vulcanologie.
Il nous faudra encore un peu de patience.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).