Loi Toubon

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Lunicole
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Message par Lunicole »

Merci beaucoup Jacques.

J'ai discuté aujourd'hui avec le plus admirable professeur de mon université qui est un abysse de culture.
Je lui ai demandé s'il était concevable de faire une thèse en droit sur le droit et la langue française en évoquant la loi Toubon, les associations, l'Académie, la charte du Québec...

C'est un ardent défenseur de la langue française, selon lui, il faut exclusivement parler français dans les pays non-anglophones afin de promouvoir sa langue(ce qui peut paraître suranné pour les étudiants)mais je partage cet avis.

Il m'a dit que certaines personnes souhaitent aujourd'hui supprimer la loi Toubon(ce qui serait une catastrophe) et enfin, il m'a confié que les associations n'agissaient pas assez pour protéger la langue française et il a cité DLF, je lui ai avoué par la suite que j'étais membre de celle-ci.

Que pensez-vous de ce jugement ?

Ps: il y a plusieurs Jacques remarquables chez DLF : Jacques Pépin et Jacques Groleau ou encore Jacques Moulinier , seriez-vous l'un de ces trois "anges gardiens" ?
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TSOS
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Message par TSOS »

Halte.
La loi Toubon n'a pas que des avantages en France, à mon avis personnel, car c'est elle qui freine la sauvegarde des langues régionales parlées sur le territoire français.
Je fais principalement référence aux langues basque et bretonne qu'on a, selon mes (rapides) recherches, apparemment longtemps méprisées, justement au nom du principe français: un état, un peuple, une langue. Principe soutenu par cette loi Toubon...
Lunicole
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Message par Lunicole »

Il me semble que la loi Toubon promeut le français sur le plan national, elle ne l'impose pas au niveau local(hormis pour certains établissements).

Je pense qu'il faut avant tout sauvegarder la langue française sans quoi, les langues régionales n'auront plus de sens.
Il ne serait peut-être pas inutile de défendre ces langues mais, dans une époque mondialisée et globalisée, je n'ai plus beaucoup d'espoir et je me rattache, de ce fait, à la langue nationale(dernier rempart).
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Perkele
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Message par Perkele »

La loi Toubon s'applique essentiellement dans les administration et les entreprises.

Elle impose une traduction de l'affichage, des conventions collectives et des contrats dans les entreprises appartenant à une firme étrangère.

Elle crée les commissions de néologie et terminologie chargées de trouver un mot français pour désigner les nouveaux objets et les nouveaux concepts.

Elle n'a aucune implication dans les langues régionales.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je vois que la loi Toubon est fort mal comprise et qu'on se fait beaucoup d'idées fausses à son sujet :
Dans la désignation, l'offre, la présentation, le mode d'emploi ou d'utilisation, la description de l'étendue et des conditions de garantie d'un bien, d'un produit ou d'un service, ainsi que dans les factures et quittances, l'emploi de la langue française est obligatoire.
Les mêmes dispositions s'appliquent à toute publicité écrite, parlée ou audiovisuelle.

Elle s'applique donc uniquement dans le domaine commercial, et vise à l'information ainsi qu'à la protection des consommateurs.
Notre association, Défense de la langue française, agit dans le domaine commercial, pour obtenir son application, et a gagné tous les procès intentés à des commerçants (au sens le plus large) qui ne se mettaient pas en règle avec ces dispositions, après une tentative d'accord à l'amiable qui avait échoué. Il n'est pas question de langues régionales ou autres, mais d'une obligation de publicité et d'information en français, au besoin parmi d'autres langues. Elle a également apporté son aide à des syndicats qui attaquaient les employeurs imposant l'anglais dans leur entreprise, mais ces comportements ne sont pas justiciables de la loi Toubon, et les décisions de justice en la matière s'appuient sur la jurisprudence née du premier procès gagné par les syndicats.

La commission de terminologie et de néologie ne dépend pas d'une application de la loi Toubon (mes excuses à Perkele pour la contradiction, je réciterai un pater et trois ave).
Le vocabulaire n'entre pas dans ses objectifs, mais uniquement la diffusion de produits étiquetés en français dans le commerce.
Dernière modification par Jacques le ven. 18 févr. 2011, 13:30, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

Mea culpa. Je fis autrefois une synthèse sur les mesures prises en faveur de la langue française d'après un dossier contenant, entre autres, la loi du 4 août 1994 et le décret du 3 juillet 1996. :oops:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Vous connaissez la réponse : Ego te absolvo.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
embatérienne

Message par embatérienne »

Perkele a écrit :La loi Toubon [...]
Elle crée les commissions de néologie et terminologie chargées de trouver un mot français pour désigner les nouveaux objets et les nouveaux concepts.
Pas tout à fait. Les commissions de terminologie et de néologie existent depuis 1972 et ont été très actives bien avant la loi Toubon (1994). Elles ont juste été rebaptisées commissions spécialisées de terminologie et de néologie par le décret n° 96-602 du 3 juillet 1996 relatif à l'enrichissement de la langue française et leur propositions de néologismes sont examinées par un organisme central appelé la commission générale de terminologie et de néologie créé par le même décret.
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Perkele
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Message par Perkele »

... qui les soumet à l'Académie...
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Lunicole a écrit :Merci beaucoup Jacques.

J'ai discuté aujourd'hui avec le plus admirable professeur de mon université qui est un abysse de culture.
Je lui ai demandé s'il était concevable de faire une thèse en droit sur le droit et la langue française en évoquant la loi Toubon, les associations, l'Académie, la charte du Québec...

C'est un ardent défenseur de la langue française, selon lui, il faut exclusivement parler français dans les pays non-anglophones afin de promouvoir sa langue(ce qui peut paraître suranné pour les étudiants)mais je partage cet avis.

Il m'a dit que certaines personnes souhaitent aujourd'hui supprimer la loi Toubon(ce qui serait une catastrophe) et enfin, il m'a confié que les associations n'agissaient pas assez pour protéger la langue française et il a cité DLF, je lui ai avoué par la suite que j'étais membre de celle-ci.

Que pensez-vous de ce jugement ?

Ps: il y a plusieurs Jacques remarquables chez DLF : Jacques Pépin et Jacques Groleau ou encore Jacques Moulinier , seriez-vous l'un de ces trois "anges gardiens" ?
Je m'aperçois que je ne vous ai pas répondu.
Oui, je suis l'un des trois cités, vous saurez lequel en lisant ma rubrique Le courrier de l'internaute.
Votre professeur est dans l'erreur, et je m'étonne que quelqu'un qui est instruit se permette des jugements si injustes : DLF livre un combat permanent et actif contre toutes les atteintes à notre langue, et beaucoup d'adhérents se font militants en menant des actions de groupe ou individuelles. Nous obtenons des résultats malgré le peu de moyens dont nous disposons. Croit-il qu'une petite association dont une dizaine de membres à peine sacrifient leurs loisirs et leur vie de famille, leurs dimanches, puisse lutter contre les journaux, la télévision, la radio, les chaînes de magasins à grande surface, la SNCF, le vaste monde de la publicité ? Croit-il qu'une infime poignée de fourmis pesant un gramme à elles toutes soient de taille à lutter contre un troupeau d'éléphants dont chacun doit faire ses trois à quatre tonnes ? Elles se battent, nos fourmis, et en contrepartie de nos menées en faveur de la langue, nous ne recevons que des critiques de ce genre. Le sacrifice des membres de l'équipe n'est payé que de reproches de ce calibre. On nous tape dessus à longueur d'année, mais jamais un mot d'encouragement ou de remerciement ne nous arrive. Depuis des années nous servons de cible à ceux qui ne font rien. Il est facile de désigner des boucs émissaires, de se servir d'eux comme défouloirs, et de compter quand même sur eux pour mener une lutte dans laquelle on ne veut pas s'engager personnellement.
Vous dites qu'il est un ardent défenseur de la langue. De quelle manière ? Par conviction passive ? Est-il de ceux qui restent les bras croisés en jetant un regard critique sur les autres, qui montent en ligne mais « n'en font pas assez » selon eux ou mène-t-il une bataille quelconque contre les fauteurs de troubles ?
J'aimerais que vous imprimiez ma réponse et la lui fassiez lire.
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JR
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Message par JR »

Si je puis me permettre deux remarques qui, je l'espère, n'offenseront personne :
le plus admirable professeur de mon université qui est un abysse de culture.
je pense qu'une virgule est indispensable avant "qui", sinon c'est l'université qui est etc. , et non le professeur.
D'autre part, l'expression habituelle est "puits de culture", les profondeurs abyssales étant plutôt utilisées pour caractèriser la stupidité. :)
L’ignorance est mère de tous les maux.
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Jacques
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Message par Jacques »

J'avais aussi tiqué sur le mot abysse, me demandant si son emploi était judicieux.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

Je dirais même plus qu'on parle le plus souvent de puits de sciences.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Le puits est un symbole d'abondance, l'eau étant la condition première de la vie. Le TLFI cite l'expression littéraire « riche comme un puits ».
Abysse, gouffre, ont des connotations négatives de trous sans fond : on y tombe, on s'y perd.
embatérienne

Message par embatérienne »

JR a écrit :Si je puis me permettre deux remarques qui, je l'espère, n'offenseront personne :
le plus admirable professeur de mon université qui est un abysse de culture.
je pense qu'une virgule est indispensable avant "qui", sinon c'est l'université qui est etc. , et non le professeur.
D'autre part, l'expression habituelle est "puits de culture", les profondeurs abyssales étant plutôt utilisées pour caractèriser la stupidité. :)
C'est surtout qu'au sens figuré, on utilise "abîme" plutôt que "abysse", les deux ayant d'ailleurs la même origine.
Le dictionnaire de l'Académie avait jusqu'à la huitième édition : C'est un abîme de science, C'est un homme extrêmement savant.
Cet exemple a été supprimé de la nouvelle édition.
Cependant aujourd'hui, si on utilise "abîme de culture", c'est plutôt pour désigner le gouffre culturel qui sépare deux populations.
Par ailleurs, "puits de culture" ne me paraît pas une expression si habituelle que ça. "Puits de science" est très fréquent, mais pas vraiment "puits de culture". Il doit y avoir une expression plus fréquente, mais elle ne me revient pas pour le moment.
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