L'histoire des expressions

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Klausinski
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Message par Klausinski »

Perkele a écrit :Hier soir à table, mon frère et moi nous sommes remémoré une maîtresse d'école qui disait "Je vous en fiche mon billet !"

Comprenant l'expression sans nul doute comme "je vous l'assure" ou "j'y mettrais ma main à couper", je pensais au billet de change d'autrefois qui représentait tout le crédit qu'avait un voyageur dans un pays étranger.

Puis je suis tombé sur cette discussion sur un forum voisin, qui penche pour un engagement écrit.

Quelqu'un ici aurait-il une opinion sur cette expression ?
Vous connaissez sans doute la fameuse chanson de Brassens ! :D
C'est pas vilain, les fleurs d'automne,
Et tous les poètes l'ont dit.
Je te regarde et je te donne
Mon billet qu'ils n'ont pas menti.

(Brassens)

Selon le TLFi, le sens est bien celui que vous avez d'abord pensé comprendre.
[Deuxième grand sens du mot « billet » :] Écrit généralement bref attestant un fait ou un droit.
Loc. fam. (ou triviale). Je vous en donne (fais, fiche, flanque, fous) mon billet. Je vous le certifie, je vous l'assure :

...il y avait du monde à ton service funèbre! C'était pis qu'au convoi de Lafayette (...) j'étais bien fière d'être ta mère, je t'en donne mon billet!
E. AUGIER, Le Mariage d'Olympe, 1855, III, p. 226.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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Jacques
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Message par Jacques »

Le Robert des expressions et le dictionnaire d'argot mentionnent l'expression avec le sens de Je certifie que mais n'en donnent pas l'origine. Je l'ai aussi entendue avec l'acception de Je suis prêt à parier : « Je te fiche mon billet qu'il va encore nous sortir une de ses plaisanteries éculées ». Il s'agit peut-être d'une extension erronée.
Dernière modification par Jacques le jeu. 24 févr. 2011, 20:41, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
embatérienne

Message par embatérienne »

Oui, c'est une ré-interprétation de la formule, où l'on voit maintenant un billet de banque comme symbole du pari alors qu'il s'agissait, comme Klaus l'a dit, du billet attestant une promesse, un engagement, de faire ou de payer.
J'en fais mon billet, je vais faire mon billet, etc. est une expression très courante jusqu'au XVIIIe siècle pour dire je rédige une reconnaissance de dette. Elle figure dans le dictionnaire de l'Académie de la 1e à la 5e édition puis disparaît. Étaient également courants chez les gentilhommes les billets d'honneur par lesquels ils promettaient quelque chose. Donner son billet d'honneur était un engagement très fort.
Au XIXe siècle, ces expressions se sont raréfiées, mais on a vu naître, en Suisse et en Belgique d'abord (du moins, c'est là que je trouve les premières attestations) "donner son billet" au sens de certifier, assurer, rapidement introduit et répertorié dans l'argot français du XIXe siècle avec les verbes "foutre" et "ficher".
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Perkele
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Message par Perkele »

Cela paraît tellement évident qu'on se demande comment on a pu se poser la question. :wink:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Sans rapport avec l'expression citée, il y a aussi le billet de logement, dans l'expression un nom à coucher dehors avec un billet de logement. Cette expression, souvent amputée de sa deuxième partie, qualifie un nom étranger imprononçable. Mais que sont ces billets de logement ? J'ai pensé au logement des troupes en campagne.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je crois que vous avez pensé juste, je ne vois pas d'autre explication du billet de logement. Le Robert des expressions ne connaît pas la seconde partie, et cite juste à coucher dehors. Cette amputation est quand même relativement récente, quand j'étais enfant on citait l'expression en entier.
Dernière modification par Jacques le jeu. 24 févr. 2011, 21:34, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Invité

Message par Invité »

Jacques-André-Albert a écrit :Sans rapport avec l'expression citée, il y a aussi le billet de logement, dans l'expression un nom à coucher dehors avec un billet de logement. Cette expression, souvent amputée de sa deuxième partie, qualifie un nom étranger imprononçable. Mais que sont ces billets de logement ? J'ai pensé au logement des troupes en campagne.
Oui, c'est exactement cela.
Pour l'expression, différentes explications circulent ici ou .
Plusieurs disent que la seconde partie de l'expression est un ajout plaisant mais tardif. De fait, je trouve sur Google Livres des attestations de la première partie de l'expression dans la seconde moitié du XIXe siècle, mais les premières attestations de la formule complète sont plus tardives. J'en trouve quand même une sur Gallica datant de 1907, dans le Glossaire des Gones de Lyon.
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Perkele
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Message par Perkele »

Vous êtes la reine de la gougueulisation. Vous allez mettre au chômage notre archiviste en chef ! :wink:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Claude
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Message par Claude »

Je proteste énergiquement contre cette usurpation de fonction.
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