Apposition, CDN, autre ???

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Invité

Apposition, CDN, autre ???

Message par Invité »

Soit la phrase suivante :
"Il porte sur un domaine de connaissances auquel j'ai consacré une partie de ma vie, d'une incidence décisive sur ce que sont les relations internationales de notre époque."
Comment faut-il appeler le groupe de mots "d'une incidence décisive sur ce que sont les relations internationales de notre époque" ? Et quelle règle doit être appliquée pour savoir à quel nom il se rapporte ("domaine" du groupe de mots principal, ou "vie" de la proposition qui suit, mais qui précède immédiatement le fameux groupe dont je cherche le nom) ?
Merci d'avance pour vos réponses...
groseille

Message par groseille »

Je ne voudrais pas être importun d'insister, mais n'y a -t-il personne qui puisse répondre à ma question ci-dessus ? Je suis bloqué dans l'avancement d'un projet (très personnel, sans grande importance mais qui me tient à coeur), faute d'éclaircissements sur ce point.
Merci d'avance à qui m'apportera de l'aide !
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Jacques
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Message par Jacques »

Soyez patient. Pour ce qui me concerne, je ne m'avancerais pas à vous répondre parce que je me sens mal à l'aise dans ces analyses. Nous ne sommes pas dans une tranche d'heure favorable, il y a sur ce forum des heures creuses. Peut-être qu'en fin d'après-midi ou début de soirée quelqu'un se dévouera. Il y a parmi nous beaucoup de gens qui ont une activité professionnelle.
Dernière modification par Jacques le mer. 16 mars 2011, 11:32, modifié 1 fois.
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Klausinski
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Message par Klausinski »

La question est difficile. Je crois parler au nom de la plupart d’entre nous en disant que si nous ne répondons pas, c’est par crainte de dire des bêtises. Je vais tâcher d’en dire le moins possible.
Le groupe de mots que vous appelez à notre attention est un syntagme prépositionnel. C’est sa nature. Cela ne dit pas grand chose, simplement que c’est un groupe de mots et qu’il commence par une préposition.
Le plus intéressant à déterminer, c’est sa fonction.
Le contexte nous permet de comprendre que ce groupe prépositionnel complète le groupe nominal « un domaine de connaissances ». C’est là que ça se corse et que je consulte ma grammaire. Si je lis bien, surtout si je comprends bien ma Grammaire méthodique du français, c’est un « modificateur en position détachée ».
Un groupe nominal peut être précédé ou suivi d’un groupe adjectival, d’un groupe nominal apposé, d’un groupe prépositionnel qualifiant ou d’une relative explicative : [Ce livre]GN admirable à tous égards, / un véritable chef-d’œuvre, / d’un style inimitable, / qui a été publié en 1678, est l’un des premiers grands romans de la littérature française. Ce sont des modificateurs non pas du nom mais du GN [groupe nominal] entier : ils sont facultatifs et leur occurrence dans la phrase est subordonnée à celle du GN dont ils dépendent.
(M. Riegel, J.-C Pellat, R. Rioul, Grammaire méthodique du français, VI, 4.7, p. 190)
Ce serait donc (je lis cela plus loin dans le paragraphe) un « groupe prépositionnel qualifiant détaché ».
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Je précise aussi qu’il fait partie des positions détachées attributives, et non pas absolues.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
groseille

Message par groseille »

Merci infiniment, tout cela me passionne et votre érudition m'impressionne.
A ce stade je dois vous en dire plus long. Il se trouve que je suis en train d'écrire une fiction (j'écris beaucoup mais en toute modestie, n'ayant de l'auteur que les velléités, fort répandues, des innombrables "écrivains en herbe" qui produisent beaucoup mais ne publient rien). L'intrigue qui en noue la trame porte sur le passé d'un personnage fictif, ayant joué un rôle déterminant dans l'entourage de George P. Schultz (Secrétaire d'Etat sous Nixon) pour l'adoption de la réforme des statuts du FMI en 1976. Je crains de vous ennuyer et n'en dirais pas plus.
Ce qui importe est le fait que ce personnage a laissé des traces de son action sous la forme d'indices parmi lesquels cette phrase, que j'ai soumise à votre sagacité, m'intéresse en ce qu'elle est soigneusement ambiguë.
Et, par conséquent, la question qui se pose après l'exposé précis et convaincant que vous venez de fournir, c'est la règle qui doit être appliquée pour déterminer à quel groupe de mots cette fonction doit être appliquée.
En première lecture, c'est le domaine de connaissances qui a été d'une incidence décisive. Mais de façon cachée ou, du moins, moins immédiate, ce peut être "la partie de [la] vie" de celui qui écrit qui a été d'une telle incidence : ce que dit l'auteur, précisément, de façon "subliminale." Et, pour éclairer le lecteur, je dois prévoir que ce personnage laisse un autre indice permettant de comprendre dans quel sens il faut comprendre sa phrase ambiguë. D'où mon besoin de précision sur le vocabulaire technique de la grammaire française et, surtout, les règles qui prévalent pour comprendre le sens d'un énoncé.
Pardonnez-moi si j'ai été trop long.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je ne vois pas d'ambigüité dans votre phrase. Pour moi c'est le domaine de connaissances qui a été d'une influence décisive. Je ne pense pas que ce puisse être ma vie.
Votre intention est de donner un sens caché, si je compends. Je ne vois pas où il serait, ou alors il est vraiment bien caché.
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Vous me flattez mais il ne s’agit pas d’érudition. Je n’ai fait qu’ouvrir ma grammaire. Celle de Riegel, Pellat et Rioul est en effet une somme d’érudition, passionnante à compulser bien que d’un abord difficile. La politique est un domaine dans lequel je me noierais facilement et j’admire ceux qui en connaissent les arcanes. Écrire un livre lié à des événements politiques est une belle ambition. Il faut avoir de solides connaissances ou faire de longues recherches.
Je pense que la phrase peut être comprise des deux manières que vous indiquez, un peu comme les janotismes cités par Jacques. Mais le fait que « domaine de connaissances » soit précédé d’un article indéfini nous pousse à lui attribuer de préférence le groupe prépositionnel détaché, qui le détermine plus précisément. On n’écrira pas « ma vie d’une incidence importante sur… » mais plutôt « une vie d’une incidence importante sur ».
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
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Message par Perkele »

Je suis effrayée car je ne comprends rien à cette analyse syntaxique par groupes. :oops:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Perkele a écrit :Je suis effrayée car je ne comprends rien à cette analyse syntaxique par groupes. :oops:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Syntagme
Ce lien peut vous aider chère Perkele. D’ailleurs, en lisant l’article, je me rends compte qu’il vaudrait mieux parler d’un groupe nominal prépositionnel que simplement d’un groupe prépositionnel. Il faut dire que les grammairiens sont en désaccord sur de nombreuses questions et que s’ils nomment certains phénomènes de la même manière, il y en a beaucoup d’autres qu’ils décrivent et nomment différemment.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
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Message par Perkele »

Je pense avoir déjà dit que "de mon temps" nous analysions les mots... et c'est tellement évident. :cry:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Mais nous aussi analysons les mots au collège et au lycée. C’est à l’université, lorsque nous faisons des études de lettres, que nous analysons les phrases par syntagmes. C’est peut-être moins facile à comprendre mais cela permet d’expliquer certains phénomènes d’une manière plus logique. On peut analyser des phrases courtes et simples mot à mot, mais l’on se perdrait dans de longues phrases si on ne les analysait pas de manière structurée. Les choses ne sont pas si compliquées.
Le chat mange la souris.
C’est certes toujours :
- Déterminant + N + V + Déterminant + N
Mais c’est, selon l’analyse par groupes : GN (D+N) + GV (V + GN (D + N))
Ainsi, si vous avez : « Le beau chat angora de la voisine du quatrième, cette gentille vieille femme qui fait de si bons gâteaux, a mangé la petite souris que l’on voyait parfois passer le long des murs de notre cave. »
Ce sera, en première analyse : GN + GV. Et c’est bien plus simple qu’une analyse par mots, n’est-ce pas ? :wink:
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
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Message par Perkele »

Oui, mais non. :wink:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Ah !
Pour ceux que cela intéresserait, on peut voir sur cette page la représentation de la structure hiérarchique de deux phrases.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
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Message par Perkele »

Klausinski a écrit :Ah !
Pour ceux que cela intéresserait, on peut voir sur cette page la représentation de la structure hiérarchique de deux phrases.
Ne vous découragez pas, je vais m'y pencher à tête reposée. Je devrais pouvoir y arriver. :?

Le souci est que je ne suis plus dans la théorie, mais dans la pratique, même quand j'enseigne.

Je n'explique par exemple pas un accord par la place du mot ou sa faculté d'être déplacé, mais par rapport à une logique de sens que je m'efforce à trouver en construisant mes interventions. On ne fait pas appel à mes services pour fabriquer de futurs auteurs ou grammairiens, mais pour que dès leur retour à leur bureau, les personnes que j'ai reçu aient modelé leur expression de manière qu'elle exprime au plus près le message qui doit passer.
Dernière modification par Perkele le mer. 16 mars 2011, 16:18, modifié 1 fois.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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