Concordance des temps
Concordance des temps
Bonjour,
j'ai un petit problème de concordance des temps : si je fais un constat le matin et que j'envoie une lettre un peu plus tard, j'aurais tendance à écrire :
"j'ai constaté que vous n'avez pas établi le document..."
"j'ai constaté que la machnie n° tant n'est pas équipée de..."
Or, les règles de concordance voudraient, sauf-erreur de ma part, que j'utilise des imparfaits, et, effectivement, au moment où j'écris le courrier (disons l'après midi ou le lendemain", la réalité (non établissement du document ou équipement de la machine) a peut-être changé... mais le constat, lui, fait foi jusqu'à preuve du contraire, et au moment où j'écris, je fais bel et bien état d'un constat.
Auriez vous quelque piste de réflexion à me proposer?
Merci d'avance.
j'ai un petit problème de concordance des temps : si je fais un constat le matin et que j'envoie une lettre un peu plus tard, j'aurais tendance à écrire :
"j'ai constaté que vous n'avez pas établi le document..."
"j'ai constaté que la machnie n° tant n'est pas équipée de..."
Or, les règles de concordance voudraient, sauf-erreur de ma part, que j'utilise des imparfaits, et, effectivement, au moment où j'écris le courrier (disons l'après midi ou le lendemain", la réalité (non établissement du document ou équipement de la machine) a peut-être changé... mais le constat, lui, fait foi jusqu'à preuve du contraire, et au moment où j'écris, je fais bel et bien état d'un constat.
Auriez vous quelque piste de réflexion à me proposer?
Merci d'avance.
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Bonjour,
ma grammaire de l'Académie française précise que « le verbe de la proposition subordonnée reste toujours au présent quand il exprime une vérité générale :
Il m'a prouvé que contentement passe richesse.
Il disait qu'un livre est un ami. »
Ici, vos énoncés sont liés aux circonstances, et n'expriment pas une vérité générale ; je pense donc que la concordance des temps s'impose.
ma grammaire de l'Académie française précise que « le verbe de la proposition subordonnée reste toujours au présent quand il exprime une vérité générale :
Il m'a prouvé que contentement passe richesse.
Il disait qu'un livre est un ami. »
Ici, vos énoncés sont liés aux circonstances, et n'expriment pas une vérité générale ; je pense donc que la concordance des temps s'impose.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Comme pour l'autre question, c'est une affaire de registre, de niveau de langue. Vous savez, franchement, la concordance des temps est flexible, on ne doit pas toujours l'appliquer à la lettre. Aucun tableau n'envisage tous les cas possibles, et l'auteur d'une phrase peut se permettre des licences selon le contexte, pour établir des nuances qui ne sont pas dans ledit tableau.
Il est évident que l'imparfait dans l'absolu est plus académique.
Vis-à-vis de quelqu'un qui n'a pas fait son travail, l'usage du présent est plus péremptoire. Les rapports avec un fournisseur ne sont pas de la littérature, et il faut que les mots portent avec force.
Il est évident que l'imparfait dans l'absolu est plus académique.
Vis-à-vis de quelqu'un qui n'a pas fait son travail, l'usage du présent est plus péremptoire. Les rapports avec un fournisseur ne sont pas de la littérature, et il faut que les mots portent avec force.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Perkele
- Messages : 12918
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Nous avons posté nos messages en même temps.Jacques-André-Albert a écrit :Bonjour,
ma grammaire de l'Académie française précise que « le verbe de la proposition subordonnée reste toujours au présent quand il exprime une vérité générale :
Il m'a prouvé que contentement passe richesse.
Il disait qu'un livre est un ami. »
Ici, vos énoncés sont liés aux circonstances, et n'expriment pas une vérité générale ; je pense donc que la concordance des temps s'impose.
Pensez-vous que l'absence d'équipement soit une vérité générale comme "la Terre tourne" ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Opter pour le présent n’est pas un mauvais choix. Jacques a résumé la question à merveille. (Si les détails vous intéressent, c’est au paragraphe 898 du Bon usage.)
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
Hélas, on sait depuis longtemps que la grammaire de l'Académie, rédigée par Abel Hermant, est l'une des plus mauvaises grammaires de tous les temps !Jacques-André-Albert a écrit :ma grammaire de l'Académie française précise que « le verbe de la proposition subordonnée reste toujours au présent quand il exprime une vérité générale :
Il m'a prouvé que contentement passe richesse.
Il disait qu'un livre est un ami. »
Ici, c'est le toujours, que j'ai mis en gras, qui ne va point. Il s'agit en fait seulement d'une possibilité.
Faisons le tour de quelques grammaires, parmi celles qui acceptent de parler de concordance des temps (car le concept même n'est plus à la mode).
Bloch & Georgin :
Martin & Lecomte :Si la subordonnée exprime une idée générale, une vérité permanente, le verbe peut y rester au présent de l'indicatif ou du subjonctif, ou au futur, après une principale au passé.
Robert & Nathan :Le verbe de la subordonnée peut rester au présent dans deux cas :
a) s'il exprime un fait d'ordre général, un fait permanent qui ne se situe pas à un moment de la durée, mais couvre toute la durée concevable
Je savais que la vie est brève
b) si, exprimant un fait situé à un moment de la durée, il dépend d'un verbe au passé composé ayant une valeur d'aspect, c'est-à-dire marquant l'action achevée dans le présent :
j'ai appris [= je sais] qu'il est là, qu'il arrive ce soir
Le Petit GrevisseAprès un verbe principal au passé, le verbe subordonné peut se mettre :
- au présent pour exprimer une vérité générale ou bine un fait qui dure encore au moment où l'on parle.
Riegel-Pellat-Rioul :Après un passé dans la principale, on peut avoir le présent de l'indicatif dans la subordonnée lorsque celle-ci exprime un fait vrai dans tous les temps.
Voici quelques exemples où cette faculté n'est pas utilisée :Ces règles de transposition mécanique peuvent connaître des entorses parfaitement logiques :
- Un présent de définition ou de vérité générale peut être maintenu dans le discours indirect.
La dame au nez pointu répondit que la terre étoit au premier occupant (La Fontaine, Fables, VII,16)
Nous avons montré comment, en vertu d'une loi nécessaire, l'unité et la variété [...] croissoient simultanément dans l'Univers (Lamennais, Esquisse d'une philosophie, IV, 337)
On peut voir d'autres exemples, plus récents, dans le document :
http://www.persee.fr/doc/lfr_0023-8368_ ... 138_1_6485
Bref, comme l'a fort bien dit Jacques : « la concordance des temps est flexible, on ne doit pas toujours l'appliquer à la lettre. »
Au passage, et pour répondre avec retard à la question initiale de ce fil, on voit que Martin & Lecomte justifient au paragraphe b la possibilité du présent, bien qu'on ne soit pas dans le cas d'une vérité générale.