Le ?
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Il correspond à ce que Bordas classe comme « emploi dans les gallicismes », dans des expressions toutes faites « où il ne renvoie à aucun mot précis » (je le cite) : le disputer à, l'emporter sur, se la couler douce, vous me la baillez belle, etc.
Il n'a donc aucune fonction grammaticale et échapperait à toute classification, de la même manière que le ne explétif. Ce ne serait même pas un pronom neutre.
Il n'a donc aucune fonction grammaticale et échapperait à toute classification, de la même manière que le ne explétif. Ce ne serait même pas un pronom neutre.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
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Après vérifications,
1 – Grammaire du français contemporain : Le neutre entre dans de nombreuses locutions : le prendre de haut, l'emporter sur...
Elle ne lui attribue aucune catégorie grammaticale (elle ne parle pas de pronom neutre mais de neutre tout court) ;
2 – Grevisse : emploi comme pronom neutre objet dans certains gallicismes où il représente un terme vague : vous le prenez bien haut – je vous le donne en cent – vous l'emportez – crois-tu qu'elle vient me le faire à la vertu offensée ? – le disputer à.
Notons : emploi comme pronom neutre, c'est-à-dire pour moi en fonction de, comme s'il était un pronom neutre. Mais il se garde de le définir comme tel.
Robert des difficultés : Le, la entrent dans de nombreux gallicismes où ils ne représentent rien de précis : tu nous le paieras, il allait pouvoir se la couler douce, Swann veut nous la faire à l'homme du monde, vous nous la baillez belle, ils l'ont échappé belle.
Trois avis (quatre avec Bordas) qui nous ramènent à ce que j'ai dit plus haut : c'est un idiotisme inclassable, on ne peut pas le considérer comme un vrai pronom, il ne représente pas un autre mot et n'implique pas un sous-entendu. Il n'entre dans aucune catégorie et n'a pas de fonction grammaticale.
1 – Grammaire du français contemporain : Le neutre entre dans de nombreuses locutions : le prendre de haut, l'emporter sur...
Elle ne lui attribue aucune catégorie grammaticale (elle ne parle pas de pronom neutre mais de neutre tout court) ;
2 – Grevisse : emploi comme pronom neutre objet dans certains gallicismes où il représente un terme vague : vous le prenez bien haut – je vous le donne en cent – vous l'emportez – crois-tu qu'elle vient me le faire à la vertu offensée ? – le disputer à.
Notons : emploi comme pronom neutre, c'est-à-dire pour moi en fonction de, comme s'il était un pronom neutre. Mais il se garde de le définir comme tel.
Robert des difficultés : Le, la entrent dans de nombreux gallicismes où ils ne représentent rien de précis : tu nous le paieras, il allait pouvoir se la couler douce, Swann veut nous la faire à l'homme du monde, vous nous la baillez belle, ils l'ont échappé belle.
Trois avis (quatre avec Bordas) qui nous ramènent à ce que j'ai dit plus haut : c'est un idiotisme inclassable, on ne peut pas le considérer comme un vrai pronom, il ne représente pas un autre mot et n'implique pas un sous-entendu. Il n'entre dans aucune catégorie et n'a pas de fonction grammaticale.
Dernière modification par Jacques le ven. 26 août 2011, 15:59, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Pardon d'arriver un peu en retard sur ce sujet, mais je voudrais revenir à cette citation de Littré qui a posé problème:
Depuis, Hachette a édité un autre dictionnaire actualisé appelé '" le Nouveau littré" ( avec une version abrégée , épuration des remarques grammaticales), c'est donc autre chose...
Il me semble que pour comprendre ce qu'il a voulu dire, on ne peut se rapporter à ce que nous dit l'Académie aujourd'hui. Littré n'aurait pas pu définir ce LE, dans cet emploi, comme pronom neutre, car les grammairiens n'en étaient pas encore là.
Est-ce une grave boulette de sa part? Je ne le crois pas, mais pour y voir un peu plus clair, il me semble nécessaire de regarder comment le Dictionnaire de l'Académie a traité ce LE ( dans ce type d'emploi) dans les éditions et siècles précédents.
De la quatrième à la sixième édition ( la septième étant postérieure à la première édition du Littré), on retrouve une constante:
1) dans un premier paragraphe, l'Académie traite LE ( aujourd'hui pronom personnel) qui se rapporte à un nom qu'il remplace:
Je cite la cinquième édition, par exemple:
Maintenant, la sixième ( 1835) :
Nous disons aujourd'hui que LE, LA est un pronom personnel troisième personne du singulier, masculin ou féminin et nous ne dirions certainement pas qu'il est un pronom relatif! Aujourd'hui, un pronom relatif est un terme qui introduit une subordonnée relative, et qui représente l'antécédent.
Au 19 ème siècle encore, l'Académie dit que LE, LA est un pronom relatif car il se rapporte à un nom, en ce sens il lui est relatif, alors que l'acception actuelle est plus restreinte , plus spécialisée.
Cette première remarque juste pour montrer qu'il est necessaire de vérifier quel sens on donnait aux mots et expressions, dès le moment où on étudie une phrase un texte d'une autre époque ( et Littré n'appartient pas à la nôtre).
2) Dans un deuxième paragraphe, distinct , séparé , l'Académie, dans ces mêmes éditions, traitait ensuite du LE qui nous intéresse ( pronom neutre, invariable).
Cinquième édition:
La raison, c'est que jusqu'à cette sixième édition la définition du pronom est très précise:
Dictionnaires Académie ( 5ème et 6ème): Pronom: Celle des parties d'oraison qui tient ou qui est censée tenir la place du nom substantif.
Or, dans le cas qui nous intéresse, ce Le remplace un verbe, un adjectif ou une proposition: donc, à cette époque, pour l'Académie, il n'est pas un pronom.
Je poste la suite concernant directement Littré séparément du fait de la longueur.
Comme le signalait Jacques, il n'y a eu que deux éditions du grand dictionnaire de Littré en cinq volumes, celui-ci reflète donc le bon usage du français et les explications grammaticales en cours à la fin du XIXème siècle.7° Dans un emploi particulier, le, toujours du masculin et du singulier, signifie cela, ceci, et ne se rapporte pas à un nom substantif, mais est un substantif lui-même.
Il peut tenir la place d'une proposition ou d'un verbe. Va, je ne te hais point. - Tu le dois. - Je ne puis, CORN. Cid, III, 4. J'aime donc sa victoire, et je le puis sans crime, ID. ib. IV, 5. Asseyons-nous ici. - Qui ? moi, monsieur ? - Oui, je le veux ainsi, VOLT. Nanine, I, 7.
Depuis, Hachette a édité un autre dictionnaire actualisé appelé '" le Nouveau littré" ( avec une version abrégée , épuration des remarques grammaticales), c'est donc autre chose...
Il me semble que pour comprendre ce qu'il a voulu dire, on ne peut se rapporter à ce que nous dit l'Académie aujourd'hui. Littré n'aurait pas pu définir ce LE, dans cet emploi, comme pronom neutre, car les grammairiens n'en étaient pas encore là.
Est-ce une grave boulette de sa part? Je ne le crois pas, mais pour y voir un peu plus clair, il me semble nécessaire de regarder comment le Dictionnaire de l'Académie a traité ce LE ( dans ce type d'emploi) dans les éditions et siècles précédents.
De la quatrième à la sixième édition ( la septième étant postérieure à la première édition du Littré), on retrouve une constante:
1) dans un premier paragraphe, l'Académie traite LE ( aujourd'hui pronom personnel) qui se rapporte à un nom qu'il remplace:
Je cite la cinquième édition, par exemple:
donnezla-moi. Quand vous aurez des nouvelles, vous me les ferez savoir.LE, LA, LES. Pronoms adjectifs et relatifs, dont le premier est pour le genre masculin; le second pour le féminin; le troisième pour les deux genres au pluriel. Voilà un bon livre, lisez-le. Vous avez la gazette,
Maintenant, la sixième ( 1835) :
Une première remarque : Nous constatons déjà dans ces deux exemples que les termes grammaticaux employés ne correspondent pas à ceux d'aujourd'hui et n'ont pas exactement le même sens.LE, LA, LES. Pronoms relatifs dont le premier est pour le genre masculin, le second pour le féminin, le troisième pour les deux genres au pluriel. Ils accompagnent toujours un verbe, et ils remplacent un substantif déjà exprimé. Voilà un bon livre, je vous engage à le lire. Vous avez mon chapeau, rendez-le-moi. Dès que ma soeur sera arrivée, j'irai la voir. Il avait mille francs, et il les a dépensés. Quand vous aurez des nouvelles, faites-les-moi savoir. Je me regarde comme la mère de cet enfant; je la suis de coeur, je la suis par ma tendresse pour lui. Le livre que vous cherchez, le voici. Dans cette phrase, le voici est l'équivalent de vous le voyez.
Nous disons aujourd'hui que LE, LA est un pronom personnel troisième personne du singulier, masculin ou féminin et nous ne dirions certainement pas qu'il est un pronom relatif! Aujourd'hui, un pronom relatif est un terme qui introduit une subordonnée relative, et qui représente l'antécédent.
Au 19 ème siècle encore, l'Académie dit que LE, LA est un pronom relatif car il se rapporte à un nom, en ce sens il lui est relatif, alors que l'acception actuelle est plus restreinte , plus spécialisée.
Cette première remarque juste pour montrer qu'il est necessaire de vérifier quel sens on donnait aux mots et expressions, dès le moment où on étudie une phrase un texte d'une autre époque ( et Littré n'appartient pas à la nôtre).
2) Dans un deuxième paragraphe, distinct , séparé , l'Académie, dans ces mêmes éditions, traitait ensuite du LE qui nous intéresse ( pronom neutre, invariable).
Cinquième édition:
Sixième édition:Le, s'emploie aussi pour Cela; et il est alors relatif à un adjectif ou à un verbe qui précède, et n'a ni pluriel ni féminin. Ma fille et ma nièce ont été enrhumées, et le sont encore. Nous devons défendre l'honneur et les intérêts de nos parens, quand nous pouvons le faire sans injustice.
Une chose me frappe: Si l'Académie décrit bien le fonctionnement, le rôle de ce terme dans la phrase, elle n'en donne pas la nature. Ici, il n'est pas défini comme étant un pronom. { je rappelle qu'il s'agit d'un paragraphe complètement distinct du Le pronom}. On a donc un vide grammatical quant à la nature du mot.LE tient quelquefois la place, soit d'un adjectif, soit d'un verbe, ou plutôt d'une proposition; alors il signifie Cela, et il est invariable. Cette femme est belle et le sera longtemps. Je n'ai pas été enrhumée de l'hiver, et je le suis depuis les chaleurs. Si j'étais mère, je le serais avec toute la tendresse imaginable. Ils ne sont pas encore habiles, mais ils le deviendront.
La raison, c'est que jusqu'à cette sixième édition la définition du pronom est très précise:
Dictionnaires Académie ( 5ème et 6ème): Pronom: Celle des parties d'oraison qui tient ou qui est censée tenir la place du nom substantif.
Or, dans le cas qui nous intéresse, ce Le remplace un verbe, un adjectif ou une proposition: donc, à cette époque, pour l'Académie, il n'est pas un pronom.
Je poste la suite concernant directement Littré séparément du fait de la longueur.
Dans les années 1870 ( selon le tome et l'édition), donc entre la sixième et la septième édition du dictionnaire de l'Académie, Littré publie le sien.
Comment se positionne-t-il quant à ce qu'est un pronom ?
Littré:
Suite de sa définition:
Il n'y a plus comme dans ces éditions de l'Académie deux paragraphes complètement distincts.
Sous l'entrée Le: pronom, apparaît en 7° ) la citation première de ce fil.
Et c'est peut-être ce qui n'a pas été remarqué: Littré commence par définir ce LE comme étant un pronom et ce avant même que le Dictionnaire de l'Académie ne le fasse ( pronom neutre invariable seulement dans la huitième édition 1932-1935).
C'est seulement en tenant compte de cette première affirmation de Littré sur la nature pronominale de ce LE qu'on peut ensuite se demander ce qu'il a voulu dire en disant "qu'il est un substantif."
Et là encore, voir le sens donné aux termes selon l'époque;
Substantif était d'abord un adjectif : on parlait d'un nom substantif, du verbe substantif, de la valeur substantive.
Justement, dans la phrase de Littré, dit d'abord que ce Le ne se rapporte pas à un nom substantif.
Ce n'est évidemment pas un pléonasme. Tous les noms n'étaient pas considérés comme substantifs et " substantif" coimmençaist seulement à devenir synonyme de nom ( qui peut être précédé d'un article masculin ou féminin).
Ainsi, il existait dans le vocabulaire des grammairiens la locution pronom substantif et c'est ce que Littré entend lorsqu'il dit que Le pronom est un substantif.
Par exemple dans Etudes sur la langue française 1834 , Scherer un grammairien, développe cette notion qui nous est lointaine à présent.
http://books.google.com/books?id=HCVaAD ... on&f=false
Page 51, il définit ce qu'on entendait alors par pronom substantif et à la page 56, il y consacre un passage spécial, suivi d'un tableau ( page 57) de ce qu'on appelait alors pronom relatif substantif. LE y figure bel et bien. Et je pense que Littré voulait indiquer qu'il considèrait ce Le ( remplaçant toute une proposition) comme un pronom substantif absolu et non comme un pronom substantif relatif, questions qui nous semblent effectivement obsolètes à présent
Ce fut une petite promenade dans l'histoire de la grammaire, juste pour rendre hommage à Littré d'une part et de l'autre, préciser que les termes grammaticaux qui semblaient évidents et normaux au 19 ème siècle ne sont plus toujours d'actualité, ont évolué, et affirmer à nouveau qu'il en sera de même pour certains que nous avons appris dans notre enfance, et qui seront appelés à être remplacés par d'autres plus précis et correspondant mieux à l'étude que font les grammairiens de la langue![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Comment se positionne-t-il quant à ce qu'est un pronom ?
Littré:
Il reprend donc les définitions précédentes de l'Académie , mais on voit qu'il prend quelques distances ou du moins qu'il y a évolution de sens, puisque Littré ne raisonne pas seul et tient compte du travail des grammairiens de son temps. Il annonce que cette définition ( mot qui tient la place d'un nom) n'est à ce moment-là, moderne pour lui, plus la seule.Terme de grammaire. Dans le sens ancien et encore aujourd'hui très commun, mot qui tient la place d'un nom. Pronom relatif.
Suite de sa définition:
Voilà l'évolution qui permet à Littré , d'être précurseur, puisque dans son Dictionnaire, le terme LE qui nous intéresse ( je reprécise: pronom neutre aujourd'hui) est classé dans la rubrique: Le :pronom.Dans le sens grammatical précis, mot qui désigne les êtres par l'idée d'une relation à l'acte de la parole, par opposition aux noms qui désignent les êtres par l'idée de leur nature.
Il n'y a plus comme dans ces éditions de l'Académie deux paragraphes complètement distincts.
Sous l'entrée Le: pronom, apparaît en 7° ) la citation première de ce fil.
Et c'est peut-être ce qui n'a pas été remarqué: Littré commence par définir ce LE comme étant un pronom et ce avant même que le Dictionnaire de l'Académie ne le fasse ( pronom neutre invariable seulement dans la huitième édition 1932-1935).
C'est seulement en tenant compte de cette première affirmation de Littré sur la nature pronominale de ce LE qu'on peut ensuite se demander ce qu'il a voulu dire en disant "qu'il est un substantif."
Et là encore, voir le sens donné aux termes selon l'époque;
Substantif était d'abord un adjectif : on parlait d'un nom substantif, du verbe substantif, de la valeur substantive.
Justement, dans la phrase de Littré, dit d'abord que ce Le ne se rapporte pas à un nom substantif.
Ce n'est évidemment pas un pléonasme. Tous les noms n'étaient pas considérés comme substantifs et " substantif" coimmençaist seulement à devenir synonyme de nom ( qui peut être précédé d'un article masculin ou féminin).
Ainsi, il existait dans le vocabulaire des grammairiens la locution pronom substantif et c'est ce que Littré entend lorsqu'il dit que Le pronom est un substantif.
Par exemple dans Etudes sur la langue française 1834 , Scherer un grammairien, développe cette notion qui nous est lointaine à présent.
http://books.google.com/books?id=HCVaAD ... on&f=false
Page 51, il définit ce qu'on entendait alors par pronom substantif et à la page 56, il y consacre un passage spécial, suivi d'un tableau ( page 57) de ce qu'on appelait alors pronom relatif substantif. LE y figure bel et bien. Et je pense que Littré voulait indiquer qu'il considèrait ce Le ( remplaçant toute une proposition) comme un pronom substantif absolu et non comme un pronom substantif relatif, questions qui nous semblent effectivement obsolètes à présent
![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Ce fut une petite promenade dans l'histoire de la grammaire, juste pour rendre hommage à Littré d'une part et de l'autre, préciser que les termes grammaticaux qui semblaient évidents et normaux au 19 ème siècle ne sont plus toujours d'actualité, ont évolué, et affirmer à nouveau qu'il en sera de même pour certains que nous avons appris dans notre enfance, et qui seront appelés à être remplacés par d'autres plus précis et correspondant mieux à l'étude que font les grammairiens de la langue
![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)