l'épouse du colonel

codrila

Message par codrila »

Pour ma part,je n'ai jamais cessé de parler d'une doctoresse ou d'une poétesse, le cas échéant. Et , concernant les différentes spécialités médicales, il suffit la plupart du temps, d'employer l'article féminin: une cardiologue, une pneumologue, une gynécologue, une stomatlogue...

Pour les enseignants, que nous le voulions ou non, la profession s'étant féminisée à presque 80%, il semble évident qu'un terme féminin est nécessaire. De nombreuses femmes contournent la difficulté en disant qu'elles sont enseignantes ou emploient simplement le terme professeure. D'ailleurs, les enfants, et adolescents qui, à l'oral, abrègent simplement, disent " j'ai un ou une prof de..."

Finalement, toutes ces questions sur les féminisations de noms de métier ne concernent, il va de soi, que des professions qui furent pendant longtemps réservées aux hommes. Dans le cas contraire, la langue française a, par nécessité,trouvé des termes adéquats...

Savez-vous que le terme avocate qui ne choque aujourd'hui plus personne, provoqua, en son temps, des débats passionnés, ses détracteurs considérant ce terme comme une hérésie linguistique. Aujourd'hui, entré dans les moeurs et pratiques, il ne fait plus parler de lui. Je parierai volontiers qu'il en sera de même dans quelques décennies pour professeure, auteure et tant d'autres.
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Perkele
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Message par Perkele »

Je me répète, mais auteur n'est pas une profession. Ecrivain, oui. Tout inventeur, créateur, facteur de quelque chose est auteur.

Les maisons d'éditions parlent de leurs auteurs comme les caisses d'assurance parlent de leurs ressortissants.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

codrila a écrit :
Savez-vous que le terme avocate qui ne choque aujourd'hui plus personne, provoqua, en son temps, des débats passionnés, ses détracteurs considérant ce terme comme une hérésie linguistique.
Vous pouvez y ajouter deux autres termes : chirurgienne et pharmacienne, qui sont des féminisations assez récentes, et bien acceptées dans la pratique. Notons toutefois que ces trois professions gardent le masculin quand les intéressées les exercent à titre officiel. Il y a, dans ces cas, une distinction entre le genre de la personne et celui de la fonction.
Les autres que vous citez : cardiologue, pneumologue... présentent l'avantage de se terminer par E, ce qui pemet une féminisation en douceur, puisque la forme ne varie pas aux deux genres, et que seul l'article permet la distinction.
Il y a quand même des questions qui se posent : quand une femme travaille chez les routiers, direz-vous que c'est une routière, ou encore une chauffeuse livreuse ? Quand vous rencontrez une avocate, lui dites-vous « Bonjour maîtresse » ? Et quid d'une femme huissier de justice ? Est-ce une huisssière ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Desiderius

Message par Desiderius »

Il est certain que quelques noms posent un problème. Mais ils sont finalement relativement peu. Et ce n'est pas parce qu'on sent qu'on ne pourra pas d'emblée trouver une solution satisfaisante pour tous les noms qu'on doit se retenir d'avancer là où c’est plus facile, si l'on pense que c'est une bonne chose.
C'est avant tout une question d'habitude, et une habitude, cela demande un peu de temps.
Chauffeuse routière et huissière sont déjà courants dans les annonces. Ils auront plus de mal à s'installer dans la langue tant que ces professions seront peu exercées par les femmes, mais ce n'est qu'une question de patience. Il reste que le masculin continuera longtemps de l'emporter sur le féminin pour parler du métier en général, comme l'illustre bien la fiche concernant "chauffeuse routière" qui, passé le titre, utilise ensuite partout le masculin (qu'on peut adroitement présenter comme le neutre !) "chauffeur routier" pour éviter de fastidieuses répétitions.
Pour "Maître" en tant que terme d'adresse, l'usage le conserve pour l'instant sous cette forme pour l'avocate ; mais il ne désigne pas la profession. Du reste, quand au contraire on parle du maître et de la maîtresse pour désigner les instituteurs et institutrices, le mot "maîtresse" ne nous paraît pas lourd de sous-entendus louches. Question d'habitude encore une fois.
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

Perkele a écrit :Je me répète, mais auteur n'est pas une profession. Ecrivain, oui. Tout inventeur, créateur, facteur de quelque chose est auteur.

Les maisons d'éditions parlent de leurs auteurs comme les caisses d'assurance parlent de leurs ressortissants.
C'est clair qu'auteur n'est pas un métier, mais ce n'est pas une raison pour qu'il n'ait pas de féminin.
On peut dire une ressortissante ; ce n'est pas choquant. On dit aussi une amatrice alors qu'amateur n'est pas un métier.
Pour l'auteur, on a déjà l'autrice. Il n'y a aucun argument pertinent pour rejeter cette forme féminine.
Ressuscitons les féminins déjà existants et diffusons-les autant que possible dans notre entourage et sur Internet.
Autrice, créatrice, factrice et ... inventrice ou inventeuse ?
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
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Jacques
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Message par Jacques »

Factrice est passé dans la langue courante, du moins en France, depuis un bon nombre d'années. J.-J. Rousseau et François de Sales avaient utilisé amatrice, qui ne réussit pas à se faire adopter. Je trouve bizarre que Bordas ne propose pas ce féminin formé de façon orthodoxe sur la règle des mots en -teur. On peut supposer qu'il finira par s'imposer dans l'usage. Autrice devrait logiquement suivre le même chemin. Pour écrivain, il a été proposé écrivaine ou écrivaigne, mais les auteurs d'ouvrages didactiques sur la langue française, même récents, restent fixés sur l'absence de féminin, et recommandent de dire femme écrivain.
De fait, on peut supposer que c'est l'usage qui répugne à faire le pas dans ces mots dont le féminin ne constitue pas un barbarisme, contrairement à amateuse que d'aucuns avaient proposé.
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Perkele
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Message par Perkele »

Amatrice, autrice, écrivaine, poétesse me conviennent ; je ne vois pas pourquoi on irait chercher autre chose.

Je trouve ridicule les femme-quelque chose ou homme-quelque chose (à part pour l'abominable homme des neiges, bien sûr).
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Jacques
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Message par Jacques »

Femme quelque chose, c'est ridicule quand la grammaire offre la possibilité de féminiser facilement, mais cela peut être nécessaire quand on est dans une impasse.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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TSOS
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Message par TSOS »

J'ai toujours entendu amatrice de quelque chose, quand on parle d'une fille, ou poétesse, depuis que je fréquente des Français, et ça ne choquait personne.

Autrice, je ne l'ai jamais entendu réellement, mais sa construction ne blesserait pas mon oreille, ni -je pense - trop celle de vos compatriotes outre mesure, surtout après avoir pris l'habitude de l'utiliser.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je crois que poétesse est un mot ancien, alors qu'amatrice, qui avait fait long feu, semble vouloir revenir depuis peu. Pourquoi pas ? Il n'a rien de saugrenu ni de choquant et il obéit aux règles de formation des mots de sa catégorie.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

TSOS a écrit :Ce à quoi je pensais était la majuscule qu'on place à Du, ou Ihr (et à leurs flexions) par exemple, en allemand quelques fois, en s'adressant directement à quelqu'un, entre autres, alors qu'en règle générale, les gens écrivent ces pronoms sans.

Mais je ne voulais pas faire une digression sur l'allemand, car ce à quoi je pensais n'a pas vraiment grand chose à voir avec le sujet...
TSOS pensait probablement essentiellement à la correspondance épistolaire, dans laquelle cette règle a été appliquée pendant des lustres. Toutefois elle n'a plus cours depuis les années quatre-vingt-dix : Lieber Hans, wie geht es dir ? (Jadis : Dir) (Cher Hans, comment vas-tu ?)
André (G., R.)
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Re:

Message par André (G., R.) »

Jacques a écrit : sam. 24 sept. 2011, 11:05 Factrice est passé dans la langue courante, du moins en France, depuis un bon nombre d'années. J.-J. Rousseau et François de Sales avaient utilisé amatrice, qui ne réussit pas à se faire adopter. Je trouve bizarre que Bordas ne propose pas ce féminin formé de façon orthodoxe sur la règle des mots en -teur. On peut supposer qu'il finira par s'imposer dans l'usage. Autrice devrait logiquement suivre le même chemin. Pour écrivain, il a été proposé écrivaine ou écrivaigne, mais les auteurs d'ouvrages didactiques sur la langue française, même récents, restent fixés sur l'absence de féminin, et recommandent de dire femme écrivain.
De fait, on peut supposer que c'est l'usage qui répugne à faire le pas dans ces mots dont le féminin ne constitue pas un barbarisme, contrairement à amateuse que d'aucuns avaient proposé.
(le vert m'est dû)

Vous êtes probablement en train de remporter une victoire posthume, cher Jacques. Le féminin d'« auteur » que vous préconisiez se répand. Un titre dans mon journal : Rencontre avec Karine Tuil, autrice engagée.
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Claude
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Re: l'épouse du colonel

Message par Claude »

Jacques, notre pilier visionnaire !
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