Valorisation

[Jacques-André-Albert]

Les instances officielles, technocratiques, médiatiques, publicitaires, celles qui nous imposent un vocabulaire ronflant, faisant de l'esbroufe même autour de ce qui est trivial et dérisoire, nous déclarent que nos ordures ne sont plus recyclées, mais valorisées. Dites donc, ça en impose, non ?

[Jacques]

Valoriser des ordures ! Donc leur faire prendre de la valeur, ou les mettre en valeur, si j'en crois les dictionnaires. Il y a beaucoup de grandeur dans cet art de sublimer les déchets pour les élever au rang de matières nobles.

[Herdé76]

D'aucuns appellent ça un glissement sémantique, ou comment manipuler les esprits

[JR]

Valoriser des ordures ! Donc leur faire prendre de la valeur, ou les mettre en valeur, si j'en crois les dictionnaires.

Ce fut mon travail de 1974 à 1982 : j'étais technicien à TIRU.
TIRU (Traitement Industriel des Résidus Urbains) était un service EDF chargé du traitement des ordures ménagères de Paris et la plupart des villes de proche banlieue. La valorisation consistait à incinérer les déchets, et récupérer la chaleur dégagée par la combustion pour produire de l'électricité et de la vapeur alimentant le réseau de chauffage urbain parisien (CPCU). A la sortie des fours, des tapis magnétiques récupéraient les ferrailles, qui étaient revendues. Les mâchefers déferraillés étaient, autant que possible, utilisés comme sous-couches pour certains aménagements, notamment routiers; il doit aussi y en avoir sous la pelouse du parc des princes.
En franchissant les portes des usines, les ordures ménagères changeaient de statut pour accéder au rang de matière première. :D

[Jacques]

En franchissant les portes des usines, les ordures ménagères changeaient de statut pour accéder au rang de matière première. :D

Le Robert dit : transformation des déchets industriels en matières premières. Notez industriels.
Mais cela ne correspond pas à la définition du verbe valoriser et de son dérivé valorisation.

[Manni-Gédéon]

Il semble que Larousse l'accepte. Je ne sais pas si d'autres dictionnaires ont suivi ou suivront cet usage. Je ne trouve pas si dérangeant de le considérer comme une nouvelle acception du mot.

[Perkele]

Si les ordures peuvent prendre de la valeur, plus personne ne s'en débarrassera.

[JR]

Si les ordures peuvent prendre de la valeur, plus personne ne s'en débarrassera.

Quand les ordures arrivent à l'usine, leur valeur est négative : le client doit payer pour qu'on les lui prenne.
La valorisation permet de le faire payer moins cher.
On ne peut pas encore spéculer sur les ordures en les conservant chez soi dans la perspective d'une forte augmentation de leur valeur, mais ça viendra peut être.

[Perkele]

C'est en prenant les paris les plus improbables qu'on fait fortune.

[cyrano]

Les instances officielles, technocratiques, médiatiques, publicitaires, celles qui nous imposent un vocabulaire ronflant, faisant de l'esbroufe même autour de ce qui est trivial et dérisoire, nous déclarent que nos ordures ne sont plus recyclées, mais valorisées. Dites donc, ça en impose, non ?

On peut fort bien recycler sans valoriser, par exemple en réutilisant du verre consigné. Valoriser des déchets (plutôt que des ordures, d'ailleurs) implique qu'on leur donne une valeur supérieure à celle qu'ils avaient.

Je ne trouve pas si dérangeant de le considérer comme une nouvelle acception du mot.

D'accord avec manni-gedeon: je ne vois pas très bien où est le problème.