Je tape aussi sur mon clavier, certes pas comme un sourd, mais je tape ; c'est aussi comme ça qu'évoluent les langues : on va ajouter dans les dictionnaires « taper : se dit aussi de la saisie sur un clavier d'ordinateur ou sur un écran tactile ».Jacques a écrit :Pour ce qui me concerne oui, et je ne crois pas être le seul.shokin a écrit :Dites-vous que vous tapez sur un clavier ?
Une thune - de la tune
- Jacques-André-Albert
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Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Klausinski
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Cela est bien dit.Jacques-André-Albert a écrit :Je trouve important de garder des formules anciennes, ça fait partie du charme de la langue. Il existe une tendance, parmi les décideurs, à faire la chasse aux expressions ou aux mots anciens pour les remplacer par des termes techniques correspondant mieux aux usages actuels. Une langue n'est pas un outil au service de la technique ; c'est aussi une musique, une histoire, un pays qu'on habite.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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Re: Une thune - de la tune
Exact, mais c'est un peu différent, je pense. "Avoir une belle plume" est une image que l'on utilise en étant bien conscient qu'on ne se réfère plus à une pratique contemporaine.Klausinski a écrit :Ce qui n'empêchera pas votre correspondant de vous dire que vous avez une belle plume.
Pour le dire autrement, et sans doute plus clairement: on peut considérer que "plume" signifie aujourd'hui, au sens figuré, "style d'écriture". Un jour peut-être, les générations suivantes utiliseront le mot sans plus très bien savoir à quel objet il correpondait. C'est le cas, pour pas mal de nos contemporains, avec un mot comme "panache".
Ce qui m'intéresse dans un cas comme "tirer la chasse", c'est qu'à moins d'attirer notre attention là-desus, nous ne sommes même pas conscients que le terme n'est plus approprié: nous n'avons pas l'impression d'uitliser un terme "imagé", nous pensons que c'est le terme propre alors qu'il ne correspond plus à notre pratique. Ce qui n'est pas le cas avec "avoir une belle plume".
(pas sûr que je me fasse bien comprendre, mais dans ma tête à moi, la distinction est claire. C'est déjà ça...
![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
- Klausinski
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Je vous comprends tout à fait. Pour le moment, je n'ai pas vraiment d'exemples à proposer. Peut-être une petite prévision : on continuera sans doute à tourner des pages sur notre tablette.
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- Jacques
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Moi aussi j'ai bien compris. Il y a souvent du charme dans ces vieilles expressions. Avoir une belle plume, si je ne me trompe, est une sorte de métonymie : la plume, en l'occurence, c'est le style élégant de celui qui tient l'objet. C'est pourquoi l'expression a survécu à l'instrument.
Nous devrions trouver des exemples dans le langage courant ; il me semble que, quand l'auteur d'un livre dépose son projet chez un éditeur, on dit encore qu'il lui remet son manuscrit. Or il y a des lustres qu'avant même de passer au traitement de texte sur ordinateur, les écrivains ont utilisé des machines à écrire. Le document écrit à la main a disparu depuis fort longtemps.
Nous devrions trouver des exemples dans le langage courant ; il me semble que, quand l'auteur d'un livre dépose son projet chez un éditeur, on dit encore qu'il lui remet son manuscrit. Or il y a des lustres qu'avant même de passer au traitement de texte sur ordinateur, les écrivains ont utilisé des machines à écrire. Le document écrit à la main a disparu depuis fort longtemps.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Et du temps de cette bonne vieille machine, on parlait toujours de manuscrit pour un projet de livre dactylographié. C'est la survivance du terme que je voulais souligner, bien qu'il soit inapproprié eu égard au moyen employé.Jacques-André-Albert a écrit :La machine à écrire a, elle aussi, disparu du paysage...
À ce sujet, quand j'ai voulu comprendre un peu ce qu'était l'informatique, j'ai acheté un petit livre d'initiation de base. Quelque chose m'a bougrement surpris ; l'auteur affirmait qu'il y avait trois moyens, chacun défini par un mot approprié, de désigner un texte :
– manuscrit, document écrit à la main ;
– tapuscrit, rédigé avec une machine à écrire ;
– ordinascrit, composé avec un logiciel de traitement de texte.
Aujourd'hui encore, les deux derniers me laissent perplexe.
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- Jacques-André-Albert
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Ce sont des barbarismes, parce qu'avec le premier (tapuscrit) on singe « manuscrit » sans en respecter la composition (manu scriptus, écrit à la main), « tapu » n'ayant aucun sens ni existence autonome, et qu'avec le second on tronque le mot qui sert à sa formation (ordinateur).Jacques a écrit :l'auteur affirmait qu'il y avait trois moyens, chacun défini par un mot approprié, de désigner un texte :
– manuscrit, document écrit à la main ;
– tapuscrit, rédigé avec une machine à écrire ;
– ordinascrit, composé avec un logiciel de traitement de texte.
Aujourd'hui encore, les deux derniers me laissent perplexe.
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Je ne connaissais que le tapuscrit, pas encore l'ordinascrit.
Ce sont des sottises de rédacteurs pauvres en talent, qui seraient par exemple sans doute incapables de faire un bon mot plutôt que ça. L'invention ridicule va son train aussi dans les techniques neuves, avec toute la collection de "nautes" selon leur pays d'origine : cosmonautes, astronautes, spationautes, et, le pompon : taïkonaute, une sorte d'Eurasien à la construction défiant tout sérieux. Je crois même qu'on s'est aventuré à d'autres audaces encore lorsque par exemple une nation spatiale a fait voler un passager kazak, israélien, etc.
Ce sont des sottises de rédacteurs pauvres en talent, qui seraient par exemple sans doute incapables de faire un bon mot plutôt que ça. L'invention ridicule va son train aussi dans les techniques neuves, avec toute la collection de "nautes" selon leur pays d'origine : cosmonautes, astronautes, spationautes, et, le pompon : taïkonaute, une sorte d'Eurasien à la construction défiant tout sérieux. Je crois même qu'on s'est aventuré à d'autres audaces encore lorsque par exemple une nation spatiale a fait voler un passager kazak, israélien, etc.
Tout à fait, Perkele. C'est dans cet esprit qu'à dessein j'ai cité le 45 tours qui a totalement disparu du paysage... ainsi que la bande audio qui lui a succédé et, dans le domaine audiovisuel, la bande du magnétoscope a cédé devant l'enregistreur sur DVD.Perkele a écrit :Le papier-carbone également, alors qu'on parle encore de copie carbone dans les messages électroniques.Jacques-André-Albert a écrit :La machine à écrire a, elle aussi, disparu du paysage...
- Perkele
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Je n'ai jamais rencontré le troisième. J'ai déjà lu le second, mais très rarement chez les éditeurs.Jacques a écrit :Et du temps de cette bonne vieille machine, on parlait toujours de manuscrit pour un projet de livre dactylographié. C'est la survivance du terme que je voulais souligner, bien qu'il soit inapproprié eu égard au moyen employé.Jacques-André-Albert a écrit :La machine à écrire a, elle aussi, disparu du paysage...
À ce sujet, quand j'ai voulu comprendre un peu ce qu'était l'informatique, j'ai acheté un petit livre d'initiation de base. Quelque chose m'a bougrement surpris ; l'auteur affirmait qu'il y avait trois moyens, chacun défini par un mot approprié, de désigner un texte :
– manuscrit, document écrit à la main ;
– tapuscrit, rédigé avec une machine à écrire ;
– ordinascrit, composé avec un logiciel de traitement de texte.
Aujourd'hui encore, les deux derniers me laissent perplexe.
Ça me fait penser au très politiquement correct "patientèle" que je n'ai jamais entendu utiliser par les médecins pour parler de leur clientèle. D'ailleurs, je ne vois pas en quoi clientèle est un mot péjoratif.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.