PRÉFÉRER, AIMER MIEUX
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PRÉFÉRER, AIMER MIEUX
L’utilisation des compléments de « préférer » n’est pas toujours simple. Elle ne pose pas de problème quand il s’agit d’un nom :
— Tu aimes les pommes ?
— Non, je préfère les poires.
On dit qu’on préfère les poires aux pommes, l’été à l’hiver...
On peut répondre à l’aide de pronoms à la question « Préfères-tu l’été à l’hiver ? » « Oui, je le lui préfère. »
« Préférer » peut avoir aussi pour compléments des infinitives :
« Écouter ce genre de musique ? Ah non, je préférerais être sourd ! »
Mais on ne dit pas « Je préférerais être sourd à écouter ce genre de musique ! » Si l’on est soucieux de bien s’exprimer, on annoncera, me semble-t-il : « Je préférerais être sourd plutôt qu’écouter ce genre de musique. » Malheureusement « plutôt que » me paraît faire pléonasme avec « préférer ». C’est peut-être la raison pour laquelle certains n’introduisent la subordonnée de comparaison que par « que » : « Je préférerais être sourd qu’écouter ce genre de musique. » Mais cela n’est pas satisfaisant non plus. On entend aussi « … plutôt que d’écouter… »
Quand « préférer » a pour compléments deux idées exprimées à l’aide de subordonnées, il m’arrive d’éprouver une fraction de seconde le besoin d’utiliser « plutôt que que » ! Par exemple : Mon invité se demande s’il doit rester encore une journée ou partir aujourd’hui. Je lui dis (en retenant mon deuxième « que » !) « Je préfère que tu restes encore une journée plutôt que tu partes aujourd’hui. » Mais là encore je ne suis pas entièrement satisfait de ma formulation !
D’ailleurs certains locuteurs préfèrent… ne pas employer « préférer », mais « aimer mieux ». « J’aime mieux les poires que les pommes » ne me gêne pas. Mais avec des compléments sous forme de subordonnées on retrouve les difficultés : « J’aime mieux que tu restes encore une journée que (que ?!) tu partes aujourd’hui. »
— Tu aimes les pommes ?
— Non, je préfère les poires.
On dit qu’on préfère les poires aux pommes, l’été à l’hiver...
On peut répondre à l’aide de pronoms à la question « Préfères-tu l’été à l’hiver ? » « Oui, je le lui préfère. »
« Préférer » peut avoir aussi pour compléments des infinitives :
« Écouter ce genre de musique ? Ah non, je préférerais être sourd ! »
Mais on ne dit pas « Je préférerais être sourd à écouter ce genre de musique ! » Si l’on est soucieux de bien s’exprimer, on annoncera, me semble-t-il : « Je préférerais être sourd plutôt qu’écouter ce genre de musique. » Malheureusement « plutôt que » me paraît faire pléonasme avec « préférer ». C’est peut-être la raison pour laquelle certains n’introduisent la subordonnée de comparaison que par « que » : « Je préférerais être sourd qu’écouter ce genre de musique. » Mais cela n’est pas satisfaisant non plus. On entend aussi « … plutôt que d’écouter… »
Quand « préférer » a pour compléments deux idées exprimées à l’aide de subordonnées, il m’arrive d’éprouver une fraction de seconde le besoin d’utiliser « plutôt que que » ! Par exemple : Mon invité se demande s’il doit rester encore une journée ou partir aujourd’hui. Je lui dis (en retenant mon deuxième « que » !) « Je préfère que tu restes encore une journée plutôt que tu partes aujourd’hui. » Mais là encore je ne suis pas entièrement satisfait de ma formulation !
D’ailleurs certains locuteurs préfèrent… ne pas employer « préférer », mais « aimer mieux ». « J’aime mieux les poires que les pommes » ne me gêne pas. Mais avec des compléments sous forme de subordonnées on retrouve les difficultés : « J’aime mieux que tu restes encore une journée que (que ?!) tu partes aujourd’hui. »
- Jacques
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Re: PRÉFÉRER, AIMER MIEUX
C'est tout un programme que vous nous proposez, et qui appelle à la réflexion. Pour ce dernier cas je dirais « J'aimerais mieux que tu restes encore une journée au lieu de ou plutôt que [de] partir aujourd'hui ».André (Georges, Raymond) a écrit : Mais avec des compléments sous forme de subordonnées on retrouve les difficultés : « J’aime mieux que tu restes encore une journée que (que ?!) tu partes aujourd’hui. »
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Votre formulation, Jacques, est très claire. Je reste tout de même un peu sur ma faim en pensant au comparatif de supériorité « mieux », dont le complément (deuxième terme de la comparaison) doit être introduit par « que ». Mais je dois admettre qu’on en utilise aussi sans complément : votre idée est meilleure !
Re: PRÉFÉRER, AIMER MIEUX
Mais qui est le sujet de partir ? toi ou moi ?Jacques a écrit :Pour ce dernier cas je dirais « J'aimerais mieux que tu restes encore une journée au lieu de ou plutôt que [de] partir aujourd'hui ».
![[rigole] :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
Je suis aussi des personnes qui évitent le verbe préférer s'il amène à une redondance.
J'aime mieux courir que pédaler. Je préfère la course au cyclisme.
Reconnaître mes erreurs me convient mieux/plus que demeurer dans le déni.
Plutôt mourir que souffrir.
![[rigole] :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
Nous sommes libres. Wir sind frei. We are free. Somos libres. Siamo liberi.
- Jacques
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Re: PRÉFÉRER, AIMER MIEUX
C'est toi. Que tu restes plutôt que tu partes.shokin a écrit :Mais qui est le sujet de partir ? toi ou moi ?Jacques a écrit :Pour ce dernier cas je dirais « J'aimerais mieux que tu restes encore une journée au lieu de ou plutôt que [de] partir aujourd'hui ».![]()
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Il ne s'agit plus du verbe « préférer », mais de l'adjectif « préférable », pour lequel on peut, semble-t-il, se heurter aux mêmes difficultés. Une définition proposée par le grand verbicruciste Michel LACLOS, décédé il y a quelques années, me laisse sceptique : Préférable avec du sel qu'avec des éponges en certaines circonstances (allusion à la fable de La Fontaine L'Âne chargé d'éponges et l'Âne chargé de sel). Le mot à trouver est ânée. Adepte des grilles du mots-croisiste depuis des années, je crois bien n'avoir jamais eu à déplorer la moindre faute de sa part. Je me demande tout de même s'il n'avait pas écrit d'abord Préférable avec du sel plutôt qu'avec des éponges en certaines circonstances.
Or, de même que l'on dit préférer la mer à la montagne, on écrit par exemple Si misérable que soit l’abri dont on dispose, il est encore préférable à la bise glacée. (Ludovic NAUDEAU, La France se regarde : Le problème de la natalité, 1931)
En amenant de la même manière le complément de « préférable » dans la définition de M. LACLOS, on obtiendrait la phrase étonnante : Préférable avec du sel à avec des éponges en certaines circonstances.
Or, de même que l'on dit préférer la mer à la montagne, on écrit par exemple Si misérable que soit l’abri dont on dispose, il est encore préférable à la bise glacée. (Ludovic NAUDEAU, La France se regarde : Le problème de la natalité, 1931)
En amenant de la même manière le complément de « préférable » dans la définition de M. LACLOS, on obtiendrait la phrase étonnante : Préférable avec du sel à avec des éponges en certaines circonstances.
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Je vous suis tout à fait. Ou alors, si l'on veut garder à, on formulera peut-être ainsi : Préférable avec du sel à ce qu'elle serait avec des éponges... C'est irréprochable grammaticalement, me semble-t-il, mais un peu lourd, et cela fournit le genre du nom à trouver, ce que le verbicruciste peut ne pas souhaiter !