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Pour les sujets qui ne concernent pas les autres catégories, ou en impliquent plus d’une
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

C'est tellement commun en allemand journalistique que j'avais cessé de me poser la question de la correction du procédé ! Jusqu'à ce jour ! Une petite promenade que je viens d'effectuer sur la Toile ne m'a cependant fourni aucun exemple considéré comme correct dudit procédé, que je ne me souviens pas avoir vu employé par un grand écrivain germanophone.
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Jacques
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Message par Jacques »

La seule possibilité de justifier cet emploi de la première personne serait : Le responsable précise la nature de ce revers et ajoute que — je cite — « en décembre 2011, nous réalisons... »
Mais je ne suis guère partisan du procédé qui m'a des allures de bricolage syntaxique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Rares sont les journalistes à avoir vos scrupules ! Mais stricto sensu, même sous la forme que vous proposez, "nous" étant le sujet de la subordonnée introduite par "que" ne peut qu'inclure le narrateur, c'est-à-dire le journaliste (et ses lecteurs ?) — ce qui n'est pas conforme à la réalité. Pour conserver "nous" de manière correcte, il faut supprimer "que" et s'en tenir au style direct.
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Les journalistes français ne sont donc pas les seuls à maltraiter leur langue ! :wink:
Jacques a écrit :La seule possibilité de justifier cet emploi de la première personne serait : Le responsable précise la nature de ce revers et ajoute que — je cite — « en décembre 2011, nous réalisons... »
Mais je ne suis guère partisan du procédé qui m'a des allures de bricolage syntaxique.
Ce « bricolage » ne me convainc pas non plus. À mon sens, la construction reste fautive, et, comme vous l'avez dit, la seule manière de citer correctement quand, dans la principale, les « mots ou expressions qui déterminent les conditions particulières de l'énonciation » (ou déictiques) ne correspondent pas à ceux de la phrase citée, c'est de passer au discours direct, de supprimer le « que ».
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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Jacques
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Message par Jacques »

Nous sommes donc tous les trois d'accord.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Claude
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Message par Claude »

Je ne suis pas intervenu mais je veux bien faire le quatrième.
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Jacques
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Message par Jacques »

Claude a écrit :Je ne suis pas intervenu mais je veux bien faire le quatrième.
Comme à la belote ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques
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Message par Jacques »

Je ne critique pas spécialement, je m'interroge et j'aimerais connaître vos sentiments sur l'emploi d'un mot qui me laisse perplexe. Je lis ce titre : La SNCF promet une journée galère.
Le verbe promettre est-il bien choisi ? Le Robert le définit comme « engagement à faire quelque chose ; faire espérer ; donner de grandes espérances ».
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Hippocampe
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Message par Hippocampe »

Si cela vient d'une personne maîtrisant la langue, je dirais que c'est de l'ironie.
Dans le milieu du journalisme, je dirais que c'est de l'avachissement linguistique. Je ne vise bien sûr pas tous les journalistes.
Car le feu s'est éteint, les oiseaux se sont tus et Ceinwen est partie.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Hippocampe a écrit :Si cela vient d'une personne maîtrisant la langue, je dirais que c'est de l'ironie.
Dans le milieu du journalisme, je dirais que c'est de l'avachissement linguistique.
C'est la déliquescence de la langue dont j'ai parlé dans un autre sujet. On y revient toujours : l'inculture, le manque de rigueur, la recherche de la rentabilité, la démagogie règnent dans les milieux qui se servent de la langue pour transmettre des informations au grand public.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

Le dictionnaire de l'Académie donne aussi ce sens :
2. Fig. Annoncer, laisser prévoir. Ces nuages nous promettent de la pluie. Sa lettre promettait un entretien plus cordial.
Dans ce cas, il me semble que le sujet devrait être une chose, mais pas une personne, une institution, une entreprise, etc.

Il s'agit peut-être d'une confusion avec cette acception (en bleu) :
Absolt. Donner à espérer. Les blés promettent beaucoup cette année. Cet enfant promet. Par antiphrase. Fam. Voilà qui promet, cela promet, se dit d'un évènement dont on pense qu'il en annonce d'autres, souvent déplaisants.
Mais là, il ne devrait pas y avoir de COD.

Cet emploi du verbe promettre me paraît très contestable. Il est assorti à la journée galère.
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
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Jacques
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Message par Jacques »

Je pense que les usagers, qui connaissent déjà la galère quotidienne de l'aller vers le travail et du retour n'apprécieront pas cette « promesse ».
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

La SNCF annonce certes une journée galère, mais le verbe "annoncer" signifie lui-même soit "faire une déclaration", soit "laisser présager", "être le signe avant-coureur de...", et c'est cette deuxième acception dont rend compte l'Académie dans votre citation, Manni-Gédéon.
Je n'aime donc guère non plus le verbe "promettre" employé ainsi et j'en viens à me demander si ne s'ajoute pas à l'étirement de sens dont il est victime ici une confusion inconsciente avec "prévoir", qui commence par les deux mêmes lettres !
cyrano
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Message par cyrano »

Jacques a écrit :Je ne critique pas spécialement, je m'interroge et j'aimerais connaître vos sentiments sur l'emploi d'un mot qui me laisse perplexe. Je lis ce titre : La SNCF promet une journée galère.
Le verbe promettre est-il bien choisi ? Le Robert le définit comme « engagement à faire quelque chose ; faire espérer ; donner de grandes espérances ».
"Promettre des ennuis à quelqu'un" ne me dérange pas. Je suppose que la phrase est construite sur le même modèle.
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
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Jacques
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Message par Jacques »

Il est vrai que ce verbe est parfois utilisé pour prédire des choses déplaisantes, comme quand on dit à quelqu'un : « Si tu veux passer par cette voie, je te promets bien du plaisir avec les travaux et les embouteillages », où promettre est équivalent de prédire. Mais je me demande si ce n'est pas un usage familier. D'après les dictionnaires, le verbe indique un engagement à faire une chose avantageuse, favorable. Mais dans l'emploi courant il ne s'arrête pas là : Je te promets que je te le ferai payer, il nous promet de se venger, nous vous promettons des sanctions si vous persistez...
C'est pourquoi je posais la question.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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