Exaction

[Jacques]

Les dramatiques évènements qui se produisent dans divers pays africains ramènent à l’ordre du jour le mot exaction. Par exemple, dimanche à la télévision : « L’UNICEF se dit horrifié par les exactions commises en Centrafrique ».
Dans la 8e édition du dictionnaire, l’Académie donnait cette définition : « Action par laquelle une personne ou une autorité exige par intimidation une contribution qui n'est pas due ou des droits supérieurs à ce qui est dû ».
Dans la 9e elle fait un bond en avant (ce qui ne signifie par forcément dans le sens du progrès) : Au pluriel. Actes de violence, de pillage, sévices commis, généralement par une armée, à l'égard d'une population.
Faut-il accepter ce glissement de sens qui pèche gravement contre l’étymologie ? Difficultés et pièges du français de Larousse, édition récente, n’inclut même pas le mot, ce qui signifie que pour lui la question ne se pose pas. Il n’en parlait d’ailleurs déjà pas dans une édition de 1956.
Girodet signale : « Un seul sens correct, abus de pouvoir des représentants d’une autorité, qui exigent plus qu’il n’est dû ou même exigent ce qui n’est pas dû. Attention au sens abusif de actes de violence, de pillage, brutalités ». Hanse adopte la même position et met en garde contre l’impropriété.
Enfin Grevisse, dans Le français correct, laisse clairement, bien que discrètement, pointer sa réprobation sur la position prise sous la coupole : L’Académie admet depuis 1993 ce fâcheux glissement de sens.

[Thypot]

« Pas forcément dans le sens du progrès » : il me semble que vous avez tout dit. Selon moi, ce n'est pas du tout dans le sens du progrès. L'Académie ne devrait pas entériner un tel glissement de sens, qui justifie les carences des médias.

La modernité est une tendance fâcheuse qui consiste à faire croire à la tourbe que tout ce qui est nouveau est un progrès et que tout ce qui s'affranchit des règles est bon, respectable et d'avant-garde. Non, il y a un sens à ce mot, et il s'y faut conformer !

Même d'un point de vue plus objectif, je trouve que cette acception n'est entrée que dans l'usage des journalistes. J'ai lu nombre d'ouvrages de droit dans lesquels le mot était employé à bon escient, et on m'a enseigné qu'il s'agissait d'une faute, ni plus ni moins.

[Jacques]

J'ai lu nombre d'ouvrages de droit dans lesquels le mot était employé à bon escient, et on m'a enseigné qu'il s'agissait d'une faute, ni plus ni moins.

Le droit exige une précision rigoureuse du vocabulaire, et n'admet aucune ambigüité.