Quoi qu'il en soit de...

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Thypot
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Quoi qu'il en soit de...

Message par Thypot »

Bonjour à tous,

Voici encore une question un peu particulière. J'ai lu une formule douteuse chez quelques auteurs : « quoi qu'il en soit de... », souvent dans une phrase telle que : « Quoi qu'il en soit de cette question... ».

Cela me paraît douteux et fautif, du fait de la répétition de « en » et de « de ». J'ai néanmoins rencontré cela chez des auteurs fort célèbres, chez Bossuet et peut-être même chez Flaubert. Cependant, je ne peux vous indiquer précisément les ouvrages, car j'avais oublié d'en prendre note ; je vous prie donc de me croire.

Réagissant un peu trop servilement, j'ai déjà employé l'expression à l'écrit, ce que je regrette a posteriori.

Avez-vous déjà lu ou entendu une telle formule ?
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Jacques
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Message par Jacques »

Je ne vois pas d'emploi fautif ni même de pléonasme ou autre type de répétition. On dit surtout quoi qu'il en soit sans complément : Je ne sais pas si la réunion me concerne vraiment ; quoi qu'il en soit j'irai au rendez-vous.
Mais on dit bien quoi qu'il advienne de..., alors pourquoi pas quoi qu'il en soit de... ?
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Thypot
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Message par Thypot »

Je pensais que la préposition « en » impliquait déjà le « de ». On pourrait par exemple remplacer le « en » par : « Quoi qu'il soit de cette question » ; ajouter le « en » me paraît redondant, mais je me trompe sans doute.
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Jacques
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Message par Jacques »

Votre raisonnement est logique, mais quoi qu'il en soit est une expression figée, et je pense en outre que en ne se rapporte pas au même élément que de ; on pourrait peut-être supposer qu'il est explétif, et ne remplit donc aucun rôle grammatical : quoi qu'il soit de cette réunion... ferait aussi bien l'affaire
Je n'affirme rien, je suis dans le domaine des suppositions. Espérons que d'autres avis se manifesteront.
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Thypot
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Message par Thypot »

Je pense que vous avez raison.

Cela ressemble en effet à une expression figée. Je me rappelle l'avoir lu dans le Grevisse, qui citait néanmoins certains auteurs se plaisant à écrire : « Quoi qu'il en fût », accordant le verbe d'une manière qui n'est pas habituelle.
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Ernest de la Coquecigrue
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Message par Ernest de la Coquecigrue »

On peut rapprocher cette expression d'autres formules construites de la même façon : Il en va de même (ou autrement ou ainsi) de..., Il en est de même de..., Qu'en est-il de...

La règle à laquelle vous faites référence, Thypot, et qui vous fait penser que la tournure est fautive, est sans doute celle qui énonce que en ne peut pas être complément d'un nom introduit par une préposition : °Il ne s'en souvient plus de son nom. (Le principe est le même avec dont.)

Sans être sûr de moi, je dirais que le de employé dans votre formule perd son rôle habituel de préposition pour jouer le rôle d'introducteur ou de « complémenteur ». Je suis également intéressé par d'autres avis ; je ferai quelques recherches de mon côté lorsque j'aurai de nouveau accès à mes livres de grammaire.
Dernière modification par Ernest de la Coquecigrue le jeu. 27 févr. 2014, 10:49, modifié 1 fois.
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Thypot
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Message par Thypot »

Merci, Ernest, je ne vois pas d'autre explication.

Quoi qu'il en soit (!), je trouve que l'ajout de la préposition rend l'expression très inélégante.

Je suis curieux d'avoir d'autres avis, mais je pense qu'ils seront concordants.
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Klausinski
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Message par Klausinski »

C'est devenu une sorte d'archaïsme syntaxique, une tournure littéraire. De nos jours, pour reprendre un de vos exemples, on dirait bien plus volontiers : « quel que soit mon avis sur cette question ». Il est parlé de cette tournure dans le fameux Dictionnaire critique de la langue française de Féraud, publié en 1788. Pour Féraud, il ne faut pas écrire « quoi qu'il soit de » mais bien « quoi qu'il en soit de ».
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Klausinski a écrit : Pour Féraud, il ne faut pas écrire « quoi qu'il soit de » mais bien « quoi qu'il en soit de ».
C'est ma façon de voir, que conforte Féraud ! Il m'est difficile de vous suivre, Ernest, en ce qui concerne la perte du rôle habituel de la préposition « de », qui me semble signifier ici comme souvent « au sujet de ». Si un mot peut paraître inutile, c'est pour moi plutôt « en », mais, comme vous l'avez expliqué, Jacques, il fait partie d'une expression figée dont on n'imagine plus de le retirer.
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Jacques
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Message par Jacques »

Ces formes figées sont en fait des expressions idiomatiques qui échappent à une analyse raisonnée, et que nous devons prendre comme elles se présentent, en les considérant en bloc.
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