En remontant

[Jacques-André-Albert]

Il y a quelque temps, j'avais critiqué l'emploi systématique, chez une présentatrice de la météo, des expressions « en remontant » et « en descendant ». Par exemple « des Pyrénées en remontant vers le nord-est », au lieu de dire plus simplement « des Pyrénées au nord-est ».
La contagion a fait son œuvre : une de ses collègues a dit ce matin : « entre les Pyrénées en remontant vers les Alpes ».

[Jacques]

C'est ce que j'appelle « l'effet moutons de Panurge ». Ce qu'il y a d'agaçant chez ces gens de médias, et particulièrement dans l'audiovisuel, c'est que dès que l'un d'entre eux profère une ineptie ou se met à répéter une formule, tous ses confrères s'empressent de la reprendre, et le cliché s'incruste dans le monde de l'information. N'ont-ils donc pas de personnalité pour choisir leur propre mode d'expression sans copier celui des autres ?

[Claude]

On n'aurait plus à descendre ou à monter si les cartes étaient posées sur une table.

[Jacques-André-Albert]

Le mélange de formules est fréquent : de même qu'ici on a « entre les Pyrénées en remontant vers les Alpes », on entend souvent « entre trois à quatre cent kilomètres ».

[Jacques]

Je pense que vous préféreriez de trois à quatre cents kilomètres, cet EN sent le popularisme mal ficelé, parce qu'entre ne peut être suivi que de ET. L'erreur n'est pas vraiment rare, hélas !

[André (G., R.)]

La préposition entre semble perturber nos concitoyens. Elle provoque également facilement des pléonasmes, du genre hésiter entre la mer ou la montagne.

[Jacques]

Oui, celle-là aussi je l'ai repérée depuis longtemps.

[André (G., R.)]

On n'aurait plus à descendre ou à monter si les cartes étaient posées sur une table.

Et pourtant : il m'est arrivé d'entendre les verbes monter et remonter aussi en cette circonstance, le locuteur pensant au « haut » de la carte, c'est-à-dire au nord, lorsqu'elle est verticale.
« Monter à Paris » a probablement un rapport avec cette manière de voir les choses, la majorité de la population française se trouvant au sud de la capitale. La connotation de l'ascension sociale joue peut-être également un rôle dans le succès de cette expression.

[Jacques]

Je ne suis pas choqué par ces formules, que je comprends aussi comme des repères par rapport aux points cardinaux, le nord étant en haut de la sphère terrestre, et le sud évidemment en bas, ce qui est purement illusoire puisqu'il n'y a ni haut ni bas dans l'univers, mais quand on regarde la représentation des cartes, le nord est en haut de la feuille.

[Jacques-André-Albert]

Tout cela est une affaire de conventions. Les Celtes de l'antiquité se tournaient vers l'est pour s'orienter (eh oui, s'orienter), et avaient donc le sud à droite et le nord à gauche.
Je suis assez d'accord avec André pour la connotation de l'ascension sociale. J'ai entendu, dans les Deux-Sèvres, parler de monter à Niort de la bouche d'une personne qui venait d'une commune plus au nord et située de surcroît à une altitude bien supérieure.

[Jacques]

Cette notion d'ascension sociale m'avait échappé, mais elle paraît plausible. Monter à Paris, c'est donc aller vers le lieu des promotions.

[Claude]

Nous en avions parlé ICI, à partir du deuxième message de notre regretté JR.

[Perkele]

On n'aurait plus à descendre ou à monter si les cartes étaient posées sur une table.

Très juste.

[Perkele]

On n'aurait plus à descendre ou à monter si les cartes étaient posées sur une table.

Et pourtant : il m'est arrivé d'entendre les verbes monter et remonter aussi en cette circonstance, le locuteur pensant au « haut » de la carte, c'est-à-dire au nord, lorsqu'elle est verticale.
« Monter à Paris » a probablement un rapport avec cette manière de voir les choses, la majorité de la population française se trouvant au sud de la capitale. La connotation de l'ascension sociale joue peut-être également un rôle dans le succès de cette expression.

Ma belle-famille (lorraine) "monte" dans le midi pour les vacances... Ça m'a toujours laissé perplexe.

[Jacques]

Il y a de quoi.