Perles d'inculture 2
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je vous avouerai que j'entends tant de choses horripilantes que la saturation doit en faire passer quelques-une inaperçues. Il suffit d'écouter les informations télévisées pour ressentir une exaspération quasi permanente.
Au milieu de ce massacre on perd parfois un peu de son sens critique.
Mais j'approuve ce que vous dites.
Au milieu de ce massacre on perd parfois un peu de son sens critique.
Mais j'approuve ce que vous dites.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Perkele
- Messages : 12920
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Re: Tous égaux
J'entends dans ces deux phrases une nuance de sens :André (G., R.) a écrit :On entend cela à tout bout de champ : « Nous ne sommes pas tous égaux », par exemple, tout à l'heure sur une radio. « Nous ne sommes pas égaux » exprime, me semble-t-il, la même idée, sans la moindre restriction de sens, et montre l'inutilité de tous, mais je n'ai pas l'impression que l'on puisse parler ici de pléonasme, les notions d'égalité et de totalité étant très différentes. De quoi s'agit-il ?
- Nous ne sommes pas égaux = personne ne se ressemble, n'a les mêmes droits qu'un autre.
- Nous ne sommes pas tous égaux = quelques privilégiés le sont.
Qu'en pensez-vous ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je crois comprendre que vous voyez une nuance dans les situations.
La première phrase aurait un caractère très général et s'appliquerait à l'ensemble de l'humanité, alors que la seconde concernerait un groupe spécifique.
À vrai dire, je ne sais pas s'il y a lieu d'établir une telle distinction, il me semble que cela revient finalement au même. Dans la pratique, l'usage de tous est systématique, quelle que soit la situation, comme dans une autre tournure abusive : « Nous allons, tous ensemble... ».
C'est l'un de ces automatismes non raisonnés, comme la manie pléonastique bien établie de toujours dire « les jeunes
enfants » ou « les jeunes adolescents», et même « les jeunes bébés ».
La première phrase aurait un caractère très général et s'appliquerait à l'ensemble de l'humanité, alors que la seconde concernerait un groupe spécifique.
À vrai dire, je ne sais pas s'il y a lieu d'établir une telle distinction, il me semble que cela revient finalement au même. Dans la pratique, l'usage de tous est systématique, quelle que soit la situation, comme dans une autre tournure abusive : « Nous allons, tous ensemble... ».
C'est l'un de ces automatismes non raisonnés, comme la manie pléonastique bien établie de toujours dire « les jeunes
enfants » ou « les jeunes adolescents», et même « les jeunes bébés ».
Dernière modification par Jacques le jeu. 07 août 2014, 8:59, modifié 2 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Ne serait-ce pas précisément sous l'influence de nous sommes tous différents que tous a « colonisé » nous ne sommes pas égaux ?Claude a écrit : si on admet que l'expression négative « nous ne sommes pas tous égaux » est synonyme de l'expression positive « nous sommes tous différents », ce dernier tous semble convenir.
La nuance que vous établissez, Perkele, entre nous ne sommes pas égaux et nous ne sommes pas tous égaux, ne doit pas être exclue si le locuteur est soucieux de son langage. Mais je ne la perçois jamais dans ce que nous servent les médias, par exemple nous ne sommes pas tous égaux devant la maladie : cette phrase ne signifie pas qu'un groupe de la population serait concerné uniformément, de la même manière, par la maladie, tandis que cette dernière affecterait les autres personnes sans qu'on puisse voir parmi elles deux manifestations identiques de ladite maladie. Nous ne sommes pas égaux devant la maladie me paraît suffire à chaque fois que j'entends cette phrase alourdie de tous.
Je me pose des questions amusantes mais probablement sans réponses.
Pourquoi ne sont-ce pas les mêmes choses qui nous font bondir ?
Pourquoi les hauteurs de nos bonds sont-elles ce qu'elles sont ?
Jacques, par exemple, et ceci sans esprit polémique, me semble bondir plus haut pour les jeunes enfants que pour à la fois et à la fois (peut-être me trompé-je) alors que, pour ma part, je dois ma hauteur record à vin-euros (qui nous a tout de même amené vin-étudiants), suivie de près par à la fois et à la fois. En revanche, et tout comme Jacques cette fois, l'inutilité du mot tous ne m'avait jamais frappé et même je me demande s'il est vraiment fautif de l'associer à nous comme dans « nous tous ».
Serait-il amusant d'établir une sorte de statistique des degrés dans l'horripilation qui nous affecte ? Mais serait-ce seulement réalisable face à l'ampleur du massacre, justement soulignée par Jacques, quotidiennement perpétré sur les médias et partout ailleurs ?
Pourquoi ne sont-ce pas les mêmes choses qui nous font bondir ?
Pourquoi les hauteurs de nos bonds sont-elles ce qu'elles sont ?
Jacques, par exemple, et ceci sans esprit polémique, me semble bondir plus haut pour les jeunes enfants que pour à la fois et à la fois (peut-être me trompé-je) alors que, pour ma part, je dois ma hauteur record à vin-euros (qui nous a tout de même amené vin-étudiants), suivie de près par à la fois et à la fois. En revanche, et tout comme Jacques cette fois, l'inutilité du mot tous ne m'avait jamais frappé et même je me demande s'il est vraiment fautif de l'associer à nous comme dans « nous tous ».
Serait-il amusant d'établir une sorte de statistique des degrés dans l'horripilation qui nous affecte ? Mais serait-ce seulement réalisable face à l'ampleur du massacre, justement soulignée par Jacques, quotidiennement perpétré sur les médias et partout ailleurs ?
- Jacques-André-Albert
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- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
« Tous égaux » me semble être une formule d'insistance similaire à « tous unis ». Elle a pour but d'affirmer que la totalité des individus est bien englobée dans l'égalité ou l'unité. Mais c'est sans doute un pléonasme, au moins pour l'égalité.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
J'aime beaucoup les questions que vous vous posez, Koutan.Koutan a écrit :Je me pose des questions amusantes mais probablement sans réponses.
Pourquoi ne sont-ce pas les mêmes choses qui nous font bondir ?
Pourquoi les hauteurs de nos bonds sont-elles ce qu'elles sont ?
La hauteur de mon bond, en ce qui concerne tous égaux, est souvent dépassée par celle des bonds que je fais devant des massacres plus inquiétants, ceux de l'anglomanie par exemple.
Mais permettez-moi de citer une phrase qui concerne bien tous nos semblables : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits (Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789).
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Pour répondre à Koutan, l'intensité de nos réactions de rejet suivant les fautes est purement subjective. Chacun d'entre nous, et dans tous les domaines, a ses prédilections, ses préférences, c'est là une loi naturelle.
Pour revenir à l'opinion de JAA, nous devons convenir qu'en effet le besoin d'insistance se fait sentir dans de nombreuses formulations, et il existe une différence entre pléonasme et insistance, dont l'exemple type et non condamné (du moins de la plupart des spécialistes) est la tautologie. Il est possible que, psychologiquement, ce tous soit parfois quasi nécessaire, qu'il manquerait quelque chose sans lui. On le retrouve dans diverses expressions, comme les tout petits, l'église tout entière de Mérimée. Entière suffirait, petits suffirait aussi. Il y a un besoin d'ajouter quelque chose, même superflu.
Il convient donc d'accueillir avec une certaine indulgence ces redondances, à distinguer des abus purs et simples.
Pour revenir à l'opinion de JAA, nous devons convenir qu'en effet le besoin d'insistance se fait sentir dans de nombreuses formulations, et il existe une différence entre pléonasme et insistance, dont l'exemple type et non condamné (du moins de la plupart des spécialistes) est la tautologie. Il est possible que, psychologiquement, ce tous soit parfois quasi nécessaire, qu'il manquerait quelque chose sans lui. On le retrouve dans diverses expressions, comme les tout petits, l'église tout entière de Mérimée. Entière suffirait, petits suffirait aussi. Il y a un besoin d'ajouter quelque chose, même superflu.
Il convient donc d'accueillir avec une certaine indulgence ces redondances, à distinguer des abus purs et simples.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Permettez-moi une précision : vous confondez peut-être la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, texte français, avec la Déclaration universelle des droits de l'homme, internationale, laquelle commence ainsi :
Article premier
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Vous remarquerez que tous y est utilisé.
Article premier
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Vous remarquerez que tous y est utilisé.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).