La faute à Voltaire
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La faute à Voltaire
Est-il besoin de commenter ceci ?
"On" aurait dû se rendre sur le site de la ville de Ferney-Voltaire qui a publié un communiqué de presse sur ce sujet. Ce ne sont pas 4 plaques sur une douzaine mais 5 plaques sur 11. De plus, ces plaques ne sont pas en bronze mais en inox...[...]on ne signale que 4 fautes. Et le reste ?
Voilà encore une information insuffisamment vérifiée...
Je n'ose espérer qu'elle sera reprise par cette chaîne de télévision spécialiste des sous-titres qu'elle affiche en boucle...
Hier, sur cette même chaîne, il m'a bien semblé entendre que, parlant de la reprise d'une usine d'abattage et de découpe de porcs, le présentateur de 20h00 a situé la ville de Josselin, dans laquelle l'usine est établie, dans le Pas-de-Calais. Saint-Yves a dû se retourner dans sa tombe !
Voilà résumés, en quelques exemples, la qualité de nos médias et le crédit qu'on peut leur accorder...
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Ce site est celui de la municipalité. On peut y profiter d'une brochette de barbarismes et impropriétés qui n'a rien à envier aux gaffes de l'auteur des plaques :
Tout avait été mis en œuvre pour que leur fabrication se déroule sans problème.
Le sempiternel problème à tout faire remplaçant tout et n'importe quoi. Sans incidents, par exemple.
Les services municipaux et les élus en charge ont constaté ces erreurs le 16 juillet
éternel anglicisme ; responsables.
une réunion technique hebdomadaire est dédiée à ce parc de 4 hectares
anglicisme rebelote ; consacrée
Pour autant, les allées traversantes étant finalisées,
finaliser, barbarisme ; traversantes, barbarisme ; le mot n'existe pas en tant qu'adjectif.
la municipalité a laissé libre accès aux passants pour faciliter leurs déplacements depuis le centre-ville.
Inutile trait d'union
une investigation est actuellement en cours
nouvel anglicisme : une enquête
A l'heure où ces faits bénéficient d'un large écho dans la presse et sur les réseaux sociaux,
Bénéficient ? C'est ce qui se dit pour une action favorable, profitable. Cet emploi est on ne peut plus mal choisi. Sont l'objet
L'à-peu-près linguistique est donc une spécialité locale. L'hôpital qui se moque de la charité.
C'est peut-être la faute à Rousseau ?
En prime :
Conscient que l'image de notre ville ne peut que pâtir de cette affaire, une investigation est actuellement en cours pour en déterminer la ou les responsabilités en regard des contrats passés.
Outre le manque d'accord à conscient(s), nous remarquons une fois encore une syntaxe en délire.
Tout avait été mis en œuvre pour que leur fabrication se déroule sans problème.
Le sempiternel problème à tout faire remplaçant tout et n'importe quoi. Sans incidents, par exemple.
Les services municipaux et les élus en charge ont constaté ces erreurs le 16 juillet
éternel anglicisme ; responsables.
une réunion technique hebdomadaire est dédiée à ce parc de 4 hectares
anglicisme rebelote ; consacrée
Pour autant, les allées traversantes étant finalisées,
finaliser, barbarisme ; traversantes, barbarisme ; le mot n'existe pas en tant qu'adjectif.
la municipalité a laissé libre accès aux passants pour faciliter leurs déplacements depuis le centre-ville.
Inutile trait d'union
une investigation est actuellement en cours
nouvel anglicisme : une enquête
A l'heure où ces faits bénéficient d'un large écho dans la presse et sur les réseaux sociaux,
Bénéficient ? C'est ce qui se dit pour une action favorable, profitable. Cet emploi est on ne peut plus mal choisi. Sont l'objet
L'à-peu-près linguistique est donc une spécialité locale. L'hôpital qui se moque de la charité.
C'est peut-être la faute à Rousseau ?
En prime :
Conscient que l'image de notre ville ne peut que pâtir de cette affaire, une investigation est actuellement en cours pour en déterminer la ou les responsabilités en regard des contrats passés.
Outre le manque d'accord à conscient(s), nous remarquons une fois encore une syntaxe en délire.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Anacoluthe typique.Jacques a écrit :Conscient que l'image... , une investigation est actuellement en cours...
Il me semble avoir lu sur un autre site (cerise sur le gâteau !) qu'une phrase citée est en réalité un emprunt à Beaumarchais ! Dédouanement de l'artisan graveur ?Jacques a écrit :Nous manquons de matière, on ne signale que 4 fautes. Et le reste ?
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
J'y ai pensé en l'écrivant, mais j'y vois néanmoins une phrase mal ficelée.André (G., R.) a écrit :Anacoluthe typique.Jacques a écrit :Conscient que l'image..., une investigation est actuellement en cours...
On ne peut pas excuser les fautes de syntaxe en les habillant avec des noms savants de figures de rhétorique.
C'est comme pour les gens qui lancent des grossièretés, et notamment le mot de Cambronne, et vous disent : « Mais c'est écrit dans le dictionnaire ! »
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
L'anacoluthe contribue largement à notre impression de phrase mal ficelée. C'est la raison pour laquelle, malgré l'indulgence de certains grands écrivains à son égard (À peine arrivé, des mains de fer s’emparèrent de moi. [V. HUGO]), j'essaie de l'éviter.Jacques a écrit :J'y ai pensé en l'écrivant, mais j'y vois néanmoins une phrase mal ficelée.André (G., R.) a écrit :Anacoluthe typique.Jacques a écrit :Conscient que l'image..., une investigation est actuellement en cours...
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Finalement, dans l'incertitude, vous faites comme moi, nous contournons l'obstacle. Nous n'avons pas d'hésitation sur des constructions du genre : Mes voisins, je les ai rencontrés hier. Mais en poussant plus loin, nous tombons dans un domaine douteux.
Compte tenu du niveau de langue des rédacteurs de la municipalité en question, je penche pour une faute de syntaxe plutôt que pour un effet de style recherché, quand on voit le reste (j'en ai peut-être oublié dans mon inventaire).
Compte tenu du niveau de langue des rédacteurs de la municipalité en question, je penche pour une faute de syntaxe plutôt que pour un effet de style recherché, quand on voit le reste (j'en ai peut-être oublié dans mon inventaire).
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Effectivement.Jacques a écrit : Nous n'avons pas d'hésitation sur des constructions du genre : Mes voisins, je les ai rencontrés hier. Mais en poussant plus loin, nous tombons dans un domaine douteux.
Comme je l'ai indiqué sur un autre fil, je suis plus particulièrement gêné par l'anacoluthe consistant à associer une participiale (Arrivant chez moi) à un verbe ayant un autre sujet que celui qui serait celui du participe (, mon mari était déjà couché). Mais cela vaut aussi pour un groupe adjectival (Beau comme un dieu, on avait envie d'embrasser le personnage du tableau.)
- Monsieur Pogo
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- Inscription : ven. 08 août 2014, 14:32
- Localisation : Trois-Rivières (Québec)
Loin de moi l’idée de me quereller, mais je souligne simplement que centre ville sous toutes ses formes est inexistant dans le Robert, que les termes soient accolés, avec ou sans trait d’union, tandis que l’OQLF précise qu’il «s'écrit avec un trait d'union ».Jacques a écrit :
La municipalité a laissé libre accès aux passants pour faciliter leurs déplacements depuis le centre-ville.
]Inutile trait d'union
Qu’en dites-vous ?
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Il n'y a pas de querelle, un forum est un lieu de discussion où chacun expose librement son point de vue, et tous les avis peuvent s'exprimer, qu'ils soient concordants, différents ou contradictoires.
Si centre ville n'est pas répertorié, c'est justement parce que pour Robert ce n'est pas un nom composé, mais qu'on a simplement deux noms juxtaposés, avec une ellipse : centre de la ville. Cela confirme donc bien que le trait d'union est à exclure.
Mais si d'autres le mentionnent avec trait d'union, c'est qu'une fois de plus il y a désaccord entre les spécialistes.
Si centre ville n'est pas répertorié, c'est justement parce que pour Robert ce n'est pas un nom composé, mais qu'on a simplement deux noms juxtaposés, avec une ellipse : centre de la ville. Cela confirme donc bien que le trait d'union est à exclure.
Mais si d'autres le mentionnent avec trait d'union, c'est qu'une fois de plus il y a désaccord entre les spécialistes.
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
On a souvent déploré ici l'existence d'expressions raccourcies du genre direction atelier, porte salle à manger, résultats examens... Centre ville est formé de cette manière. Mais à la différence des trois autres, la difficulté vient pour lui de son succès et de sa consécration par l'usage et quelques dictionnaires : Larousse l'écrit aussi avec un trait d'union. Il me semble que centre(-)ville est ressenti comme une unité sémantique que je ne m'étonnerais pas de trouver un jour sous la forme centreville, après qu'on aura oublié le sens de chacun de ses composants. Toutefois on n'en est pas là !
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
C'est vrai, finalement on ressent une impression confuse de quelque chose mal défini.
Par ailleurs, cette déplorable tendance à supprimer les petits mots prend de l'ampleur ; ainsi, une bouteille de boisson sur notre table de cuisine porte la mention « Jus orange ». Un peu de bon sens aurait suffit, il y a quelques années, à faire sentir ce que cette amputation a de bancal. De nos jours ce n'est plus perçu.
Je veux bien admettre, à la rigueur, que la nécessité de faire court sur des panneaux de circulation qui doivent être lus d'un coup d'œil, justifie qu'on écrive « parking visiteurs », mais j'ai du mal à accepter « entrée magasin ».
Il me semble que jadis on savait faire le tri en évitant les abus.
Par ailleurs, cette déplorable tendance à supprimer les petits mots prend de l'ampleur ; ainsi, une bouteille de boisson sur notre table de cuisine porte la mention « Jus orange ». Un peu de bon sens aurait suffit, il y a quelques années, à faire sentir ce que cette amputation a de bancal. De nos jours ce n'est plus perçu.
Je veux bien admettre, à la rigueur, que la nécessité de faire court sur des panneaux de circulation qui doivent être lus d'un coup d'œil, justifie qu'on écrive « parking visiteurs », mais j'ai du mal à accepter « entrée magasin ».
Il me semble que jadis on savait faire le tri en évitant les abus.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Monsieur Pogo
- Messages : 214
- Inscription : ven. 08 août 2014, 14:32
- Localisation : Trois-Rivières (Québec)
Le vocable centre-ville m’apparaît comme un calque de l’américain downtown (i.e. city center). Par exemple, on connaît ici un engouement chez les garagistes qui rebaptisent leur atelier –communément appelé garage- en Centre d’entretien de l’auto, laquelle appellation est à l’évidence un calque du Care Car Center américain. À ce sujet, il y a par chez-nous des traductions bancales plus malheureuses que d’autres, comme l’a déjà rapporté Michel Déon qui avait vu l’enseigne doublement fautive d’un atelier de mécanique annoncer en «bilingue» : Lubrification center, Centre lubrique…Jacques a écrit :C'est vrai, finalement on ressent une impression confuse de quelque chose mal défini.
Par ailleurs, cette déplorable tendance à supprimer les petits mots prend de l'ampleur ; ainsi, une bouteille de boisson sur notre table de cuisine porte la mention « Jus orange ». Un peu de bon sens aurait suffit, il y a quelques années, à faire sentir ce que cette amputation a de bancal. De nos jours ce n'est plus perçu.
Je veux bien admettre, à la rigueur, que la nécessité de faire court sur des panneaux de circulation qui doivent être lus d'un coup d'œil, justifie qu'on écrive « parking visiteurs », mais j'ai du mal à accepter « entrée magasin ».
Il me semble que jadis on savait faire le tri en évitant les abus.
Pour en revenir à centre-ville, c’est toutefois un substantif usité : je descends au centre-ville ; le centre-ville de Trois-Rivières, dont le sens diffère du centre de la ville : le centre de la ville fait songer à un lieu géographique, qui aujourd’hui, en raison de l’étalement urbain, ne correspond plus généralement aux quartiers du centre –i.e. au lieu d’origine de la ville. Et puis, bien souvent l’administration municipale a déménagé depuis en périphérie, à l’instar des commerces qui ont essaimé vers les grandes surfaces en abandonnant aux touristes et aux fêtards les vieux quartiers de la cité... Ce qui me fait songer à Memphis, dont le downtown n’est plus qu’une succession de terrains aussi vagues que la signification de l’énoncé centre de la ville…
Par ailleurs, de mentionner simplement «Jus d’orange» sur une étiquette collée sur un contenant, n’est-ce pas une métonymie de la même façon que l’on dit de la bière au lieu d’une bouteille de bière ? Il me semble superfétatoire de préciser sur le contenant la nature du contenant, et non pas simplement le contenu, i.e. en l’occurrence du «jus d’orange» de la même façon qu’une bouteille de bière est ornée de la seule mention bière.