Faut-il accorder ?

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Jacques
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Message par Jacques »

Toujours le souci de la précision :D
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Jacques a écrit :Les cas d'accord d'intention sont multiples.

– Les cours sont dispensés les lundis et jeudis (tous les lundis et tous les jeudis) / les lundi et jeudi (seulement le lundi et le jeudi de chaque semaine)

Y aurait-il d'autres cas ? J'encourage tout le monde à nous en trouver, car je ne pense pas avoir exploré toutes les situations envisageables.

N.B. : Je déplore la mauvaise habitude qui est désormais bien installée de mettre systématiquement le singulier avec la plupart puisque, justement, dans l'accord d'intention avec un collectif singulier, c'est le seul qui impose le pluriel : La plupart des ses amis étaient présents et non était présente.
Vous allez me trouver insupportable, mais je suis obligé de dire que la différence de sens entre chaque semaine et toutes les semaines, chaque lundi et tous les lundis... m'échappe : en aucun cas je n'écrirais les lundi et jeudi si j'ai chaque semaine à l'esprit. Seules me semblent correctes des phrases du genre Les lundi 1er et jeudi 4 septembre le cours d'anglais n'aura pas lieu ou Les vendredi et samedi de cette semaine-là ont été pluvieux.

Quelques autres possibilités d'accords d'intention :
Un maximum de blessés a pu / ont pu être soigné / soignés.
Un nombre non négligeable de participants a refusé d’applaudir / ont refusé d’applaudir. Je remarque par contre qu'après la locution nombre de on n'utilise que le pluriel.
Une foule de badauds s’est précipitée / se sont précipités… Une bizarrerie : il me semble bien que l'accord d'intention ne se pratique après foule de... que si foule est précédé d'un article indéfini : la foule de badauds s’est précipitée…

Je crois aussi que le pluriel s'impose après la plupart de.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je ne juge pas. Nous discutons, chacun expose son point de vue, et je ne prétends pas détenir la vérité absolue.
Chaque semaine, toutes les semaines, c'est bonnet blanc et blanc bonnet. J'aurais pu m'arrêter à lundi et jeudi, « de chaque semaine » est facultatif, mais j'ai l'habitude de répondre depuis longtemps à des questions, en insistant pour la nécessité de bien faire comprendre le sens de mes explications, à des gens dont j'ignore le degré de formation, mais que je devine être souvent modeste. Je n'ai plus conscience d'avoir sur le forum affaire à des personnes ayant un niveau d'analyse critique supérieur qui se satisfait d'arguments plus laconiques. La didactique d'initiation m'a créé l'habitude d'une insistance qui peut se révéler un peu lourde ou redondante pour des lecteurs avertis.
Les lundis et jeudis est une construction qu'on rencontre couramment, c'est pourquoi je m'y attarde, sans pour autant lui donner des lettres de noblesse.
Pour l'accord d'intention avec un collectif singulier, je relève chez Girodet les exemples suivants :
– L'idée de masse domine, accord au singulier : Une foule d'émeutiers, furieuse, avait envahi la cour d'honneur ;
– L'idée de nombre de personnes distinctes domine, accord au pluriel : Une foule de pèlerins sont venus déposer leurs offrandes...
– L'idée de grande quantité domine, pluriel obligatoire : Une foule de gens naïfs croient encore aux horoscopes.
Trois exemples avec une foule de suivi d'un pluriel ou d'un singulier.
On trouve aussi chez Robert : Une foule de clients mécontents sont venus inscrire leurs réclamations. Une foule de gens a envahi le hall.
L'article défini n'autorise pas la syllepse.
Dernière modification par Jacques le lun. 01 sept. 2014, 11:50, modifié 3 fois.
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Claude
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Message par Claude »

Dans la phrase « le banc de poissons nage près du fond. » c'est donc l'idée de masse qui domine (je ne parle pas de la suite de la phrase citée précédemment par Jacques, bien sûr).
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Jacques
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Message par Jacques »

Oui, par la nécessité de la logique : ce sont les poissons qui décident, ils ont une faculté de choix alors qu'on ne peut pas envisager qu'un banc, une masse, puisse décider de quelque chose (je crois que j'ai trouvé cet exemple chez Robert).
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Perkele
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Message par Perkele »

Jacques a écrit :J'y vois plus clair : une salle de concerts s'impose prioritairement, du moins à mon esprit, parce que dans cette salle on donne des concerts. Je pense que c'est à peu près la même logique qui fait écrire une boîte à outils. Mais un frein à main parce qu'on n'a besoin que d'une seule main pour le manier. On écrit un porte-bagages parce qu'il est destiné à recevoir des bagages. Mais dans les mots composés il y a parfois un manque de logique, introduit, je suppose, par l'usage : pourquoi un porte-plume ? Peut-être, mais est-ce certain, parce qu'on n'y met qu'une plume à la fois. Ah ! et cependant un porte-cigarettes alors qu'on n'y introduit qu'une cigarette. Nous repartons dans les méandres de la contradiction de pensée.
Le français, langue de la précision, comme répétait Capelovici, nous entraîne dans des réflexions à n'en plus finir.
Pour moi, Jacques, le porte-cigarettes est un étui et le fume-cigarette, le petit tube dont on se sert pour la fumer.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Mais oui bien sûr !
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Proche de l'accord d'intention : l'emploi de l'adjectif possessif se référant à un « possesseur » pluriel quand celui-ci est au singulier. Le sujet a déjà été traité ici, mais je me demande si le phénomène ne se répand pas. J'ai entendu tout à l'heure à la radio « le couple et leur enfant », hier quelque chose comme « la famille et leur voiture ». Je ne sais trop s'il s'agit d'une faute populaire reprise par les médias ou de l'inverse.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Et ce matin mon quotidien illustre tout cela :

Hier midi, un petit attroupement de papas attendaient leurs enfants devant l'école maternelle.

Mais là il n'était pas question d'utiliser ses devant enfants !
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Jacques
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Message par Jacques »

André (G., R.) a écrit :Et ce matin mon quotidien illustre tout cela :

Hier midi, un petit attroupement de papas attendaient leurs enfants devant l'école maternelle.

Mais là il n'était pas question d'utiliser ses devant enfants !
Ce dernier exemple est particulièrement troublant, il crée une sorte d'embrouillamini. Ce qu'il faut retenir de l'accord d'intention, c'est qu'il s'applique avec un collectif singulier : une bande, un groupe, une troupe, la majorité, un grand, un petit, un certain nombre... Un attroupement n'est pas un collectif singulier d'après les spécialistes ; autant que j'en juge, attroupement est un terme vague, abstrait, qui ne peut pas se décomposer en éléments chiffrables dans son sens absolu. Ce que vous signalez, et que nous avons tous pu constater, c'est la distorsion qui fait appliquer le pluriel, dans le style un couple et leur deux enfants, de plus en plus répandue, devenue quasiment courante, avec cette vue fausse qui fait traiter le mot couple, et d'autres du même style, comme s'il s'agissait d'un collectif.
Mais on peut aussi critiquer l'emploi du terme attroupement comme étant impropre : Réunion de personnes sur la voie publique, spécialement qui trouble l'ordre public (Robert) – Rassemblement plus ou moins tumultueux sur la voie piublique (Larousse).
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

C'est bien là tout ce que j'ai ressenti, et en particulier à l'égard du mot attroupement.
Il faut bien admettre que l'accord d'intention, et même s'il peut parfois gêner le grammairien, trouve sa justification dans cette phrase de mon quotidien, à laquelle on ne pourrait pas objecter grand chose si elle était formulée ainsi :

Hier midi, un petit groupe de pères attendaient leurs enfants devant l'école maternelle.

Le besoin d'adjectif possessif se comprend : les enfants ou des enfants conviendraient moins bien. Or ses enfants paraîtrait bizarre, on se demandrait ce que sont ces enfants du groupe. Seul leurs enfants semble satisfaisant. D'où l'obligation de l'accord du verbe avec le pluriel pères.
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Jacques
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Message par Jacques »

C'est justement ce à quoi je viens de réfléchir ; même si le singulier est grammaticalement admis, nous ne devons pas perdre de vue le bon sens, qui doit avoir priorité.
Ce qui nous ramène à cet exemple que j'ai déjà rapporté ici d'une phrase que j'avais trouvée je ne sais plus où, peut-être dans Grevisse : « Madame le professeur est absent, il reviendra demain ». J'ai pourtant bien appris que, quand il y a opposition entre le genre de la personne et celui de la fonction, si le sexe de ladite personne est connu ou s'il est donné dans la phrase, on doit lui donner la préférence dans l'accord. Le contraire se révèle choquant.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Jacques a écrit : « Madame le professeur est absent, il reviendra demain ».
Vous savez ce que je pense du professeur quand il s'agit d'une femme et je vois dans cet exemple une justification de la féminisation du mot, j'avais eu l'occasion de le dire sur un autre fil : la difficulté disparaît si on accepte cette féminisation :

Madame la professeure est absente, elle reviendra demain.

Mais cela nous éloigne du sujet originel de ce fil.
Dernière modification par André (G., R.) le mer. 03 sept. 2014, 13:09, modifié 1 fois.
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Claude
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Message par Claude »

André (G., R.) a écrit :[...] Hier midi, un petit attroupement de papas attendaient leurs enfants devant l'école maternelle.
Mais là il n'était pas question d'utiliser ses devant enfants !
Les ne me choquerait pas : un petit attroupement de papas attendaient les enfants. On se doute bien qu'il s'agit de leur progéniture.
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Jacques
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Message par Jacques »

André (G., R.) a écrit :Vous savez ce que je pense du professeur quand il s'agit d'une femme et je vois dans cet exemple une justification de la féminisation du mot, j'avais eu l'occasion de le dire sur un autre fil : la difficulté disparaît si on a accepte cette féminisation :

Madame la professeure est absente, elle reviendra demain.

Mais cela nous éloigne du sujet originel de ce fil.
Évidemment, les situations de ce genre constituent un argument en faveur de votre choix. Même si on n'adhère pas à votre point de vue, il faut reconnaître qu'il s'appuie sur la logique. L'avenir vous donnera peut-être raison.
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