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Islwyn
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Message par Islwyn »

Sur un site consacré à l'actualité parisienne

http://www.paris.fr/accueil/accueil-par ... port_24329

« What’s up in Paris : l’innovation au cœur de l’hôtellerie-restauration »

Du moment que l'on sait que le premier sens de la question « what's up ? » est « qu'est-ce qui ne va pas ? », la formulation est pour le moins paradoxale. Peut-être voulait-on écrire « what's on ? » (que se passe-t-il ?).
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Claude
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Message par Claude »

Mon traducteur qui n'est pas le summum traduit What's up par Quoi de neuf :?:
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Islwyn
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Message par Islwyn »

« Quoi de neuf ? » = « what's new ? ». À la rigueur, « what's up ? » pourrait se comprendre « what is on the up ? » = « qu'est-ce qui est à la hausse ? ». Mais à qui ce titre s'adresse-t-il : à des Parisiens qui n'y comprendront goutte, ou à des étrangers (anglophones) qui se gratteront la tête devant cette expression pour le moins ambiguë ?
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Mon dictionnaire Harrap's traduit, à l'entrée up :
what's up? qu'est-ce qui se passe ? qu'y a-t-il ? what's up with you? qu'est-ce qui vous prend ?
et à l'entrée on :
what's on tonight? (i) qu'est-ce qui se passe ce soir ?

Quoi qu'il en soit, poser la question en anglais pour y répondre en français, s'il s'agit d'un site destiné aux francophones (et je ne vois pas commment cela pourrait ne pas être la cas), relève de la volonté de « faire mode » et d'en imposer par ses connaissances dans la langue à la mode.
Dernière modification par André (G., R.) le mer. 12 nov. 2014, 23:10, modifié 1 fois.
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Jacques
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Message par Jacques »

Ce que j'ai appris au lycée, c'est que what's up ? se traduit par « que se passe-t-il ? », lancé à propos de quelque chose d'insolite, d'incongru, de bizarre, etc. et que c'est un équivalent de what's the matter ?
What's the matter with you ou what's up with you ? = qu'est-ce qui te/vous prend ? Qu'est-ce qui vous/t'arrive ?
Ces expressions idiomatiques qui émaillent nos conversations quotidiennes ne se traduisent pas littéralement et doivent être adaptées, interprétées afin de rendre ce qui correspond le mieux selon les circonstances. Il n'y a pas de traduction type.
Manifestement, ce what's up in Paris est encore un coup de ces anglomaniaques qui veulent épater la galerie et tombent en plein à côté. Moralité : quand on ne sait pas de quoi on parle, on a intérêt à se taire.
Dernière modification par Jacques le mer. 12 nov. 2014, 16:45, modifié 3 fois.
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Islwyn
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Message par Islwyn »

Le Harrap's a sans doute raison, mais il ne tient pas compte de ce que la question what's up? ne se pose que quand on voit qu'il y a quelque chose qui ne va pas (pardonnez-moi tous ces /k/) : votre ami a l' air maussade, triste, préoccupé : vous demandez « qu'y a-t-il ?, qu'est-ce qui ne va pas ? » = « what's up ? ».
Mais foin de ces explications : « What's up in Paris » (qui n'est pas une question) me choque.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Islwyn a écrit : votre ami a l'air maussade, triste, préoccupé : vous demandez « qu'y a-t-il ?, qu'est-ce qui ne va pas ? » = « what's up ? ».
Mais foin de ces explications : « What's up in Paris » (qui n'est pas une question) me choque.
What's up with you? traduit par qu'est-ce qui vous prend ? va dans votre sens. On dit qu'est-ce qui vous prend ? quand on est mécontent. J'ai l'impression de commencer à comprendre votre gêne et je ne peux que reprendre les mots de Jacques : quand on ne sait pas de quoi on parle, on a intérêt à se taire.
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Jacques
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Message par Jacques »

Comme pour toutes les formules idiomatiques ou presque, il y a plusieurs transcriptions possibles, qui dépendent des circonstances dans lesquelles on manifeste la surprise, l’étonnement avec cette question. Supposons qu’un certain Richard ait un comportement soudain, imprévu, en réaction à un fait X… Selon ce fait X, on traduira le what’s up with Richard par (étant entendu que les formules de type populaire ou familier ne peuvent pas être exclues de notre interprétation) :
– Qu’est–ce qui se passe avec Richard ?
– Que lui arrive-t-il à Richard ?
– Qu’est-ce qui lui prend, à Richard ?
– Qu’est-ce qu’il a, Richard ?
– Pourquoi cette réaction de Richard ?
– Qu’est-ce qui ne va pas avec Richard ?
On ne peut pas donner de traduction standard, les formules proposées par les dictionnaires le sont à titre indicatif, pour donner le ton, mais le choix doit être guidé par la finesse d’analyse du traducteur, qui s’adapte aux circonstances.
Toutefois, ce qui ne va pas dans le cas du titre évoqué ici, c'est que la construction anglaise est maladroite, elle ne correspond pas à l’idée à exprimer de « que se passe-t-il à Paris ? ». Parce que là, on pourrait comprendre Qu'est-ce qui ne tourne pas rond à Paris ?
J'espère ne pas me tromper, parce que nous sommes dans un certain imbroglio.
Dernière modification par Jacques le mer. 12 nov. 2014, 18:53, modifié 1 fois.
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Message par Islwyn »

André (G., R.) a écrit : quand on ne sait pas de quoi on parle, on a intérêt à se taire.
Je retiens cette maxime, digne de La Rochefoucauld.
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Jacques
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Message par Jacques »

Islwyn a écrit :
André (G., R.) a écrit : quand on ne sait pas de quoi on parle, on a intérêt à se taire.
Je retiens cette maxime, digne de La Rochefoucauld.
Merci, en réalité je ne l'exprime pas ainsi, mais plutôt dans le genre « on a intérêt à la fermer » ; enfin, plus précisément ...intérêt à fermer sa...
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Message par Islwyn »

Jacques a écrit :On ne peut pas donner de traduction standard, les formules proposées par les dictionnaires le sont à titre indicatif, pour donner le ton, mais le choix doit être guidé par la finesse d’analyse du traducteur, qui s’adapte aux circonstances.
Sans être de formation lexicographique, j'ai passé quand même pas mal de temps à étudier les rapports lexicaux entre le français et l'anglais. La leçon principale que j'ai apprise au cours de ces études c'est que le contexte fait tout. Mille fois je me suis demandé, en entendant me dire quelque chose par un ami français, comment on dirait la même chose en anglais. Il ne s'agit pas de traduire mais de se mettre dans une pareille situation dans l'autre langue. Il y a même une école de pensée qui soutient que la traduction proprement dite est pratiquement impossible, étant donné que tel terme (arbre, poisson...) évoque une image différente selon la langue que l'on parle de naissance.
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Message par Jacques »

Islwyn a écrit :
Jacques a écrit :On ne peut pas donner de traduction standard, les formules proposées par les dictionnaires le sont à titre indicatif, pour donner le ton, mais le choix doit être guidé par la finesse d’analyse du traducteur, qui s’adapte aux circonstances.
Sans être de formation lexicographique, j'ai passé quand même pas mal de temps à étudier les rapports lexicaux entre le français et l'anglais. La leçon principale que j'ai apprise au cours de ces études c'est que le contexte fait tout. Mille fois je me suis demandé, en entendant me dire quelque chose par un ami français, comment on dirait la même chose en anglais. Il ne s'agit pas de traduire mais de se mettre dans une pareille situation dans l'autre langue. Il y a même une école de pensée qui soutient que la traduction proprement dite est pratiquement impossible, étant donné que tel terme (arbre, poisson...) évoque une image différente selon la langue que l'on parle de naissance.
Votre raisonnement devrait donner une réponse à la question que posait André à propos du tutoiement : pourquoi et selon quels motifs traduit-on YOU par tu ou toi alors que c'est littéralement vous ? En vertu de la « mise en situation » telle que vous la décrivez ici.
Sans atteindre, et de loin, votre niveau de compétence, c'est exactement ce que je fais à mon échelle lorsque je dois transcrire un texte en français.
Et c'est à dessein que je parle de transcrire et non de traduire.
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Message par Islwyn »

Islwyn a écrit :
André (G., R.) a écrit : quand on ne sait pas de quoi on parle, on a intérêt à se taire.
Je retiens cette maxime, digne de La Rochefoucauld.
Et voilà ! Je savais bien que cette maxime me rappelait quelque chose : il ne s'agit pas de La Rochefoucauld mais de Pline :
ne supra crepidam sutor judicaret (que le cordonnier s'en tienne à sa forme).
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Jacques
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Message par Jacques »

Ce n'est pas vraiment limpide quand on ne sait pas de quoi il s'agit. Que chacun se mêle de ce qui le regarde, par exemple, serait plus parlant et n'aurait pas besoin d'explications.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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