Les pléonasmes
- Yeva Agetuya
- Messages : 2538
- Inscription : lun. 22 juin 2015, 1:43
- Perkele
- Messages : 12918
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Il est sûr que le verbe "nimber"suivi de "lumière" donne une association pléonastique, ce qui ne serait plus le cas avec "splendeur", par exemple.
Cependant, est-ce que "Chaque nuage est nimbé" transmettrait la même idée ? Le pléonasme est parfois voulu pour mieux exprimer une idée.
Dans la phrase initiale, je comprends que l'obscurité, le chagrin, les ennuis ne font que masquer pour un temps l'espérance et la joie de vivre.
Cependant, est-ce que "Chaque nuage est nimbé" transmettrait la même idée ? Le pléonasme est parfois voulu pour mieux exprimer une idée.
Dans la phrase initiale, je comprends que l'obscurité, le chagrin, les ennuis ne font que masquer pour un temps l'espérance et la joie de vivre.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Le fait que le latin "nimbus" signifie nuage, et même plus précisément nuage de pluie, est intéressant mais doit-il jouer de rôle dans l'appréciation d'un pléonasme en français ? Je ne le crois pas. Il est clair qu'en français ni "nimbe" ni "nimber" n'évoquent le nuage.
Reste la lumière, que peut évoquer le nimbe, à lui seul. Mais cet emploi est devenu rare et presque réservé à l'iconographie. Dans la langue courante, on est amené à préciser de quoi l'on nimbe, de lumière ou de gloire. On trouve "nimbée de lumière" sous la plume de Théodore de Banville, ou sous celle de Roger Martin du Gard, selon la citation rapportée par le TLF :
Jenny avait, elle aussi, sans y penser, franchi le seuil et se tenait au milieu du sentier, arrêtée devant Jacques et nimbée de lumière (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p.966).
Je ne trouve donc pas qu'il y ait vraiment un pléonasme, et s'il y en a un, il ne m'est pas désagréable.
Reste la lumière, que peut évoquer le nimbe, à lui seul. Mais cet emploi est devenu rare et presque réservé à l'iconographie. Dans la langue courante, on est amené à préciser de quoi l'on nimbe, de lumière ou de gloire. On trouve "nimbée de lumière" sous la plume de Théodore de Banville, ou sous celle de Roger Martin du Gard, selon la citation rapportée par le TLF :
Jenny avait, elle aussi, sans y penser, franchi le seuil et se tenait au milieu du sentier, arrêtée devant Jacques et nimbée de lumière (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p.966).
Je ne trouve donc pas qu'il y ait vraiment un pléonasme, et s'il y en a un, il ne m'est pas désagréable.
-
- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Il me semble qu'un nuage nimbé de lumière est un nuage autour duquel on voit une zone lumineuse plus ou moins floue. Par comparaison j'évoquerais « un cadre bleu encadré d'un cadre rouge » ou « une femme féminisée par sa grossesse » : on peut trouver ces expressions plus ou moins heureuses, mais elles sont différentes, je crois, de « entrer à l'intérieur », où « à l'intérieur » n'ajoute rien à l'idée d'entrer. Si « nimbé de lumière » concerne bien une zone externe au nuage (ce que je crois), « un nuage nimbé de lumière » ne constitue pas un pléonasme.
-
- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Puisque ces dernières considérations concernaient la lumière, que pensez-vous de l'expression allumer la lumière ? Elle me paraît clairement pléonastique. Mais on entend souvent éteindre la lumière, d'où le pléonasme est évidemment absent, mais où la lumière semble tout aussi inutile. Les expressions ouvrir et fermer la lumière, où les verbes me paraissent impropres, sont parfois utilisées pour éviter, probablement le pléonasme ou la bizarrerie. Allumer et éteindre peuvent être monovalents, mais admettent aussi des COD comme la lampe, le feu...
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Je me suis posé la même question récemment. L'expression a bien sûr un caractère pléonastique, mais elle est idiomatique et plutôt utile.
Le dictionnaire de l'Académie, loin de la condamner, la donne comme exemple, à l'entrée LUMIÈRE.
Par méton. Ce qui sert à éclairer ; appareil d'éclairage. Allumer, éteindre les lumières du salon.
En revanche, elle juge familière une métonymie telle que « allumer le salon ».
Le Grand Robert est étrangement plus précis que l'Académie sur la question de l'usage :
Absolt. Éclairage artificiel. | Donner de la lumière. -> Allumer (→ Fumeron, cit. 2). | Allumer (emploi condamné par les puristes, comme pléonasme) la lumière. | Éteindre la lumière.
Le dictionnaire de l'Académie, loin de la condamner, la donne comme exemple, à l'entrée LUMIÈRE.
Par méton. Ce qui sert à éclairer ; appareil d'éclairage. Allumer, éteindre les lumières du salon.
En revanche, elle juge familière une métonymie telle que « allumer le salon ».
Le Grand Robert est étrangement plus précis que l'Académie sur la question de l'usage :
Absolt. Éclairage artificiel. | Donner de la lumière. -> Allumer (→ Fumeron, cit. 2). | Allumer (emploi condamné par les puristes, comme pléonasme) la lumière. | Éteindre la lumière.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Le complément me paraît utile. Imaginons une mère disant à son fils : « Éteins, s'il te plaît », alors que le four, la lumière, l'ordinateur, la télévision et la chaîne-Hi-Fi sont en marche. Il ne saura ce qu'on lui demande d'éteindre. À moins qu'il existe une expression dépourvue de toute ambiguïté…André (G., R.) a écrit :Mais on entend souvent éteindre la lumière, d'où le pléonasme est évidemment absent, mais où la lumière semble tout aussi inutile.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
- Manni-Gédéon
- Messages : 1217
- Inscription : lun. 12 avr. 2010, 14:35
- Localisation : Genève (CH)
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Quoi que... éteindre a, dès le 12ème siècle, le sens d’atténuer, faire cesser, et si on remonte à l'étymon latin exstinguere, on a déjà comme sens second faire disparaître, effacer, détruire.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
-
- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Vos réactions m'éclairent ! :D Merci.
« Éteindre la lampe » est à la fois court et irréprochable.
Quand il s'agit du robinet d'eau, on peut dire, je pense, qu'on l'ouvre ou qu'on le ferme. Que pensez-vous de l'expression « arrêter l'eau » dans le sens « fermer le robinet » ?
Et la télévision ? Il ne me semble pas qu'il y ait d'inconvénient à dire qu'on l'éteint ou qu'on l'allume. « Mettre la télé » (sous-entendu : en marche), qu'il m'arrive de dire, est sans doute ressenti comme familier, tandis que le verbe arrêter, là aussi, pour exprimer l'inverse, me paraît acceptable.
« Éteindre la lampe » est à la fois court et irréprochable.
Quand il s'agit du robinet d'eau, on peut dire, je pense, qu'on l'ouvre ou qu'on le ferme. Que pensez-vous de l'expression « arrêter l'eau » dans le sens « fermer le robinet » ?
Et la télévision ? Il ne me semble pas qu'il y ait d'inconvénient à dire qu'on l'éteint ou qu'on l'allume. « Mettre la télé » (sous-entendu : en marche), qu'il m'arrive de dire, est sans doute ressenti comme familier, tandis que le verbe arrêter, là aussi, pour exprimer l'inverse, me paraît acceptable.
-
- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Le Gaffiot, à extinguo, renvoie à exstinguo.André (G., R.) a écrit :Plutôt extinguere, je crois.Jacques-André-Albert a écrit : l'étymon latin exstinguere
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Une personne âgée de mes connaissances, née à la toute fin du XIXème siècle, disait « prendre de la lumière » lorsqu’il s'agissait de l'allumer.André (G., R.) a écrit :« Mettre la télé » (sous-entendu : en marche), qu'il m'arrive de dire, est sans doute ressenti comme familier, tandis que le verbe arrêter, là aussi, pour exprimer l'inverse, me paraît acceptable.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)