Féminisations, encore !

[André (G., R.)]

Dans mon journal ce matin :

Bonjour, mon nom est Kate Granger
C’est la campagne en vogue en Angleterre. Nom de code sur twitter : Hellomynameis (bonjour mon nom est). Elle a été lancée du fond de son lit d’hopital par Kate Granger, une (c'est moi qui écris ce mot en gras) jeune médecin atteinte d’un cancer, exaspérée qu’on la nomme « le lit n° 7 »…

Toujours dans le même quotidien :
Son blog l'aide à être une meilleure médecin
Aucun dictionnaire de ma connaissance n'accepte que « médecin » soit employé au féminin. Pourquoi pas « thérapeute » ?

[Claude]

On peut aussi dépoussiérer « doctoresse » .

[André (G., R.)]

... et cela pourrait bien arriver !
Mais le mot a l'inconvénient d'être le féminin de « docteur », grade universitaire qui peut aussi bien s'appliquer à la philosophie, aux lettres, au droit... qu'à la médecine.

[Jacques-André-Albert]

... sauf que dans le domaine médical, et pour le langage courant, le mot docteur désigne aussi une profession, se distinguant en cela des autres spécialités universitaires. D'ailleurs, quand on interpelle ou qu'on salue une personne du nom de docteur, il ne peut s'agir que d'un médecin, selon l'usage commun. Dans ce sens, le mot doctoresse a encore sa place.

[André (G., R.)]

Difficile de faire des prévisions sur l'avenir de « doctoresse »...
Je m'étonne de ne voir personne réagir à l'emploi de « médecin » au féminin. Il me gêne.

[Jacques-André-Albert]

Bien sûr, la médecin est un barbarisme, sans doute utilisé pour éviter la confusion qui serait créée par la féminisation du mot. Il faudrait faire connaître le bien-fondé de l'utilisation des titres : madame le maire de Paris (n'en déplaise aux journalistes qui nous abreuvent de « la maire de Paris »), madame le ministre (cf l'ignorance grossière du personnage en question lors d'une séance de l'Assemblée nationale, il n'y a pas très longtemps). Dans l'extrait que vous citez, « Kate Granger, un jeune médecin atteint d'un cancer », il n'y aurait eu aucune ambiguïté, mais l'accord de l'adjectif laisse la porte ouverte à la discussion.

[Perkele]

Nous sommes pourtant bien habitués à la polysémie de certains mots comme "maîtresse", par exemple.

[André (G., R.)]

Nous sommes pourtant bien habitués à la polysémie de certains mots comme "maîtresse", par exemple.

Vous accepteriez donc que « médecine » désigne aussi bien une thérapeute que son art ?

[Perkele]

Nous sommes pourtant bien habitués à la polysémie de certains mots comme "maîtresse", par exemple.

Vous accepteriez donc que « médecine » désigne aussi bien une thérapeute que son art ?

Je pensais plutôt à doctoresse. Médecine me dérange autant que marine lorsqu'il s'agit de désigner la profession d'une femme.

Cela dit, ma position générale envers la féminisation est que dans certains cas elle n'a pas lieu d'être la fonction seule étant désignée, quelle que soit la personne qui l'occupe. L'excès de féminisation devient gênant lorsque, par exemple, devant saisir le juge de tutelles et ne sachant qui occupe actuellement la fonction, on ne sait s'il faut s'adresser au juge ou à la juge (qui risque de se vexer).

[Yeva Agetuya]

Professeure d'une part, entraîneure d'autre part sont des cas différents. Le premier est normalement épicène masculin (le professeur), or depuis des lustres les élèves (et les enseignants eux-mêmes !) parlent de la prof, il m'est d'ailleurs arrivé d'entendre des enfants dire (dans un souci de correction !) la professeuse ! D'où ma prise de position en faveur de professeure, le retour à professeur uniquement masculin me semblant impossible. Le second n'est pas épicène au masculin, mais, nous venons de le voir, prend un sens particulier au féminin régulier.

Les gamins ont plus de bon sens que les commissions linguistiques.

[André (G., R.)]

Vous accepteriez la professeuse ?

[Perkele]

Pourquoi pas ?

[Yeva Agetuya]

Je suis pour professoresse.

Mais "professeuse" est plus logique que "professeure", barbarisme inventé pour la cause.

[Claude]

Lu dans le quotidien faisant allusion à une femme : « Auteure et metteure en scène... ».
Mes commentaires :
- Auteure : je commence à m'y habituer ;
- Metteure : pourtant metteuse existe ; je crois que la contagion EURE a encore frappé plus bêtement que je ne le croyais.

[André (G., R.)]

Bien que favorable à professeure et auteure (pour lequel Jacques préférait autrice), je m'inquiète de l'influence que pourraient avoir ces féminisations sur d'autres mots en -eur dont le féminin est traditionnellement en -euse. Metteuse est clairement le féminin de metteur.

Dans mon journal ce matin, à propos d'une femme exerçant le métier de couvreur :

Le métier n'a pas de sexe ? C'est pas gagné...
« Couvreuse », « menuisière ». Comment nommer ces métiers dits d'« hommes » ? La mixité professionnelle n'est pas encore légion...

Je ne vois pas quels inconvénients auraient « couvreuse » et « menuisière ».