Leclerc92 a écrit :Peut-on dire à une personne qui a l'air d'avoir froid « Vous n'avez pas l'air chauffé » plutôt que « Vous n'avez pas l'air réchauffé. » ?
Non, bien sûr. Le participe « réchauffé » employé comme adjectif (voire comme nom : du réchauffé) n'est pas contestable. Et c'est vrai aussi, je l'ai dit, pour le verbe réchauffer. Il n'empêche : la plupart du temps on n'imagine guère que le chat allongé sur le trottoir en juillet ait pu avoir froid un quart d'heure plus tôt, il se chauffe au soleil (exemple emprunté au Larousse).
André (G., R.) a écrit : celui qui, si souvent, remplace très anormalement « obtenir », « gagner », « prendre », « toucher », « s'emparer de », « se saisir de », « aller chercher »... Tout le monde sait à quoi je pense !
Récupérer !
Lu sur un réseau social :
Je suis à la recherche d'un prêt de gilet d'arme Troupe de Marine pour ce samedi soir, récupérable sur Draguignan, Fréjus ou Paris.
Mots mis en gras par moi.
« Récupérable » suit malheureusement l'évolution de « récupérer ». Quant à « sur Draguignan »...
Une publicité diffusée abondamment ces temps-ci annonce que je ne sais plus quel produit ou quel élément de confort est « toujours plus accessible à tous ». Je ressens cela comme pléonastique.
En effet. Je ne suis pas sûr qu'il s'agisse d'un véritable pléonasme.
L'accessibilité me semble pouvoir être relativisée, aux sens propre et figuré : je trouve telle langue étrangère plus accessible que telle autre ; tel endroit est moins accessible que tel autre : un site touristique peut ne pas être accessible à tous (on pense par exemple aux personnes en fauteuil roulant).
La difficulté vient, je crois, de « plus » devant « accessible à tous ». Cette expression forme un tout, dont il me paraît difficile de relativiser le sens, à cause de « tous » : autant « plus accessible » d'une part, « accessible à tous » d'autre part passent facilement, autant « plus accessible à tous » me gêne : davantage que « tous » n'est pas possible ; et « toujours », avant « plus », augmente ma gêne.
Je comprends, sans le contexte que je ne connais pas, que l'élément vanté sera, pour tous, encore plus facile d'accès.
Le plus accessible ne me semble alors pas concerner l'étendue du public concerné, auquel cas il y aurait effectivement pléonasme, mais la plus ou moins grande facilité d'accès à cet élément.
Leclerc92 a écrit :Je comprends, sans le contexte que je ne connais pas, que l'élément vanté sera, pour tous, encore plus facile d'accès.
Le plus accessible ne me semble alors pas concerner l'étendue du public concerné, auquel cas il y aurait effectivement pléonasme, mais la plus ou moins grande facilité d'accès à cet élément.
Si tel est le cas, on peut se demander à quoi sert « pour tous ». Tout n'est-il pas dit si l'on s'en tient à « toujours plus accessible » ?
Par ailleurs, à cause de l'adverbe « toujours », je me suis posé la question de savoir si l'accessibilité pouvait progresser régulièrement, continuellement, à l'instar de ce que l'on dirait, par exemple, de la hauteur des dizaines de bâtiments conçus par un architecte pendant sa carrière.
Malheureusement je n'ai pas réentendu cette publicité.
Dans mon journal : Depuis hier, le donjon... a rouvert ses portes.
Soit « Hier le donjon a rouvert ses portes », soit « Depuis hier, les portes du donjon sont rouvertes », me semble-t-il.
L'édition dominicale de mon journal est peut-être plus souvent critiquable que les autres : Faut-il imposer le vote obligatoire en France ? (page 3 ; or on lit à la une : Faut-il rendre le vote obligatoire en France ?)
On entend et lit sans cesse des expressions du genre « elle conjugue à la fois beauté et intelligence ». Or conjuguer est employé en pareil cas dans le sens associer, unir, ce qu'exprime aussi « à la fois ». On peut donc se satisfaire de « elle a à la fois la beauté et l'intelligence ».
Bien sûr, on paraît moins savant en utilisant avoir que conjuguer ! Mais alors il faut tenir compte du sens de ce dernier pour le reste de la phrase !
Trêve de persiflage : je crois qu'on ne peut rien reprocher à « elle conjugue beauté et intelligence ».
La belle Isadora Duncan poursuivait par ses assiduités Georges Bernard Shaw, qu'elle admirait sans réserve.
Un jour, elle lui murmura :
- « Quel miracle ce serait d’avoir un enfant ensemble. Imaginez qu’il ait ma beauté et votre intelligence ! »
- « Bien sûr, mais supposez que ce soit le contraire... » répliqua Shaw.
Naturellement, cette anecdote est sujette à caution, mais elle me fait toujours sourire. D'après un article en anglais très documenté, la première version de cette anecdote avait comme personnages Anatole France et Isadora Duncan, mais la version avec Shaw est venue peu après. Shaw a formellement démenti, non point l'échange lui-même, mais la personne avec qui il avait eu lieu. Selon Shaw et un biographe de Shaw, il s'agirait d'une dame de Zurich, peu connue.