Scies et tics de langage
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Notre « mondialisation » est en allemand die Globalisierung, mot créé ou relancé sous l'influence de l'anglais globalization. Gesamt et global, bien qu'ils puissent être traduits tous deux par « global » en français, ne sont pas exactement synonymes, le premier signifie total, entier, général, d'ensemble ; le second correspond souvent à nos adjectifs mondial ou planétaire. Dans Gesamtlösung n'était pas contenue l'idée que le régime nazi réglerait ce qu'il appelait la question juive à l'échelle mondiale. Par contre Globalisierung et global évoquent der Globus, le globe terrestre.
- Yeva Agetuya
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- Inscription : lun. 22 juin 2015, 1:43
Le problème était un peuple sans terre dans une Europe faite de nations ayant chacune leur territoire et la première "solution globale" fut le "plan Madagascar" par lequel Madagascar serait devenue un état juif.Perkele a écrit :Je n'entends rien à l'allemand, mais je ne puis m'empêcher de rapprocher cette expression de la plus récente "globalisation" que nous appelons en France la "mondialisation".
Aurait-il été question d'une solution pour le globe / monde ?
J'avoue en effet que je n'ai jamais vraiment compris en quoi cette "solution" était finale. Un "aboutissement final" n'aurait pas grand sens... à moins qu'il ne s'agisse d'une "dissolution" ? Je comprendrais mieux "anéantissement global"
- Perkele
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Pour ce qui est de l'histoire, je suis au courant. Ma question était sémantique.Yeva Agetuya a écrit :Le problème était un peuple sans terre dans une Europe faite de nations ayant chacune leur territoire et la première "solution globale" fut le "plan Madagascar" par lequel Madagascar serait devenue un état juif.Perkele a écrit :Je n'entends rien à l'allemand, mais je ne puis m'empêcher de rapprocher cette expression de la plus récente "globalisation" que nous appelons en France la "mondialisation".
Aurait-il été question d'une solution pour le globe / monde ?
J'avoue en effet que je n'ai jamais vraiment compris en quoi cette "solution" était finale. Un "aboutissement final" n'aurait pas grand sens... à moins qu'il ne s'agisse d'une "dissolution" ? Je comprendrais mieux "anéantissement global"
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Imploser
ImploserAndré (G., R.) a écrit :SOUCI : lors d'une précédente discussion sur l'emploi abusif de "problème", nous avions associé les deux mots.
EXPLOSER : avez-vous remarqué qu'il est de plus en plus utilisé, même pour une augmentation modérée ?
Ce mot est utilisé en permanence et particulièrement en ce moment :
« Le parti, l’équipe….. va certainement imploser »
"Exploser" me semble plus approprié quand un groupe se disloque.
Qu’en pensez-vous ?
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Aux sens propres, l'implosion suppose une réduction de volume, tandis qu'à une explosion correspondent généralement des projections de fragments, parfois loin de leur lieu de départ.
À vrai dire je trouve que ni l'un ni l'autre ne convient bien pour la dislocation d'un groupe. Peut-être évite-t-on de dire qu'un groupe explose à cause du sens « augmenter spectaculairement » qu'a pris ce verbe et dont nous parlions ci-dessus, en 2015.
Si « imploser » a un avantage, c'est éventuellement de montrer mieux que « se disloquer » que le phénomène est indépendant de la volonté des protagonistes, encore qu'une dislocation voulue par les personnes concernées soit rare. Mais on dispose d'autres mots : le groupe périclite, décline, dépérit, s'effondre, se désagrège, se désintègre.
À vrai dire je trouve que ni l'un ni l'autre ne convient bien pour la dislocation d'un groupe. Peut-être évite-t-on de dire qu'un groupe explose à cause du sens « augmenter spectaculairement » qu'a pris ce verbe et dont nous parlions ci-dessus, en 2015.
Si « imploser » a un avantage, c'est éventuellement de montrer mieux que « se disloquer » que le phénomène est indépendant de la volonté des protagonistes, encore qu'une dislocation voulue par les personnes concernées soit rare. Mais on dispose d'autres mots : le groupe périclite, décline, dépérit, s'effondre, se désagrège, se désintègre.
- Astragal
- Messages : 482
- Inscription : dim. 03 avr. 2016, 0:55
- Localisation : Près d’un champ de Marguerite
Exploser est aussi utilisé, peut-être moins souvent. Mais je trouve que le terme imploser représente mieux l'« effondrement » d'un groupe. En revanche, si le groupe se divise pour former d'autres groupes, le terme exploser me semble plus approprié. ![[réflexion] :réflexion:](./images/smilies/icon_reflexion.gif)
![[réflexion] :réflexion:](./images/smilies/icon_reflexion.gif)
C’est très bien. J’aurai tout manqué, même ma mort. (Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac)
- Yeva Agetuya
- Messages : 2538
- Inscription : lun. 22 juin 2015, 1:43
Re: Imploser
Si votre groupe, votre équipe ou votre téléviseur implose, vous retrouverez l'ensemble de ses éléments constitutifs dans un amalgame diffus, comme après un effondrement, sans conséquence pour l'environnement immédiat. Certes la chose ne fonctionnera plus, mais avec de la volonté, de la patience et de l'opiniâtreté, vous pouvez avoir l'espoir de reconstruire l'ensemble de départ. Notez que je ne parle pas de la façon dont la chose fonctionnera après sa reconstruction !Imploser/Exploser [...] Exploser me semble plus approprié quand un groupe se disloque.
Qu’en pensez-vous ?
En revanche, dans le cas d'une explosion, sauf à avoir prévu un confinement, les composants vont voler en éclats dans toutes les directions, plus ou moins loin, en général en faisant grand bruit et avec, probablement, des dégâts collatéraux comme ils disent. La reconstruction me semble illusoire et la cause définitivement entendue !
Dans le cadre d'un groupe humain, l'implosion contrairement à l'explosion ne me parait pas marquer une fin.
Re: Imploser
Que de réponses intéressantes !
Ce qui est pénible avec les médias, c'est qu'un seul mot soit imposé
sans nuances à tout propos .
Ce qui est pénible avec les médias, c'est qu'un seul mot soit imposé
sans nuances à tout propos .
Cela me fait penser aux tontons flingueurs et au texte de M. Audiard merveilleusement servi par B.Blier :
"Non mais t'as déjà vu ça ? En pleine paix ! Il chante et puis crac, un bourre-pif ! Il est complètement fou ce mec. Mais moi, les dingues, je les soigne. Je vais lui faire une ordonnance, et une sévère… Je vais lui montrer qui c'est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu'on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m'en fait trop, je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile !"
"Non mais t'as déjà vu ça ? En pleine paix ! Il chante et puis crac, un bourre-pif ! Il est complètement fou ce mec. Mais moi, les dingues, je les soigne. Je vais lui faire une ordonnance, et une sévère… Je vais lui montrer qui c'est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu'on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m'en fait trop, je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile !"
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Re:
Une augmentation importante et rapide est donc souvent qualifiée d'explosion. Mais exploser et explosion sont devenus de véritables tics de la langue journalistique et sont utilisés même lorsqu'il s'agit d'augmentations beaucoup moins spectaculaires.Jacques a écrit : ↑jeu. 16 janv. 2014, 14:43Et le pire, c'est qu'il est devenu courant de l'employer à la forme transitive directe, alors que c'est un verbe intransitif : Je vais lui exploser la tête, il a explosé les records...André (G., R.) a écrit :SOUCI : lors d'une précédente discussion sur l'emploi abusif de "problème", nous avions associé les deux mots.
EXPLOSER : avez-vous remarqué qu'il est de plus en plus utilisé, même pour une augmentation modérée ?
Par ailleurs, je vois mal comment une explosion, phénomène instantané au sens propre, pour le moins, pourrait diminuer. Les deux mots me paraissent antinomiques. Une explosion cesse. Pourtant, dans mon journal, je lis sous la plume d'un politologue :
Au sein de l'Union européenne, quatre phénomènes se conjuguent : [...] l'explosion des demandes d'asile en provenance de pays en guerre, Syrie, Irak et Afghanistan, et qui a diminué depuis 2017 [...] (mots mis en gras pas moi).
Il faut, bien sûr, comprendre : l'augmentation des demandes d'asile. Une augmentation qui diminue ? Je préfère dire qu'elle est moins rapide, moins marquée, plus lente, plus modeste... À moins qu'elle ait cessé ?