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Publié : jeu. 25 mars 2010, 20:49
par Jacques
Elle était déjà courante dans la première moitié du XXe siècle. Vous l'avez découverte récemment, c'est ce qui vous a fait croire à une nouveauté. Je ne pense pas qu'on l'emploie aujourd'hui davantage qu'hier.
Enfin, maintenant vous savez tout sur la question, comment on l'écrit et d'où elle vient. Vous pourrez piéger vos amis, parents et connaissances.

Publié : jeu. 25 mars 2010, 21:35
par Perkele
Jacques-André-Albert a écrit :
Jacques a écrit :Tous confirment l'origine militaire. C. Duneton affirme, envers et contre tous, qu'elle n'est pas utilisée chez les militaires, et nous avons rien qu'ici deux personnes qui disent l'avoir entendue couramment dans les cours de casernes.
Perkele a fait son service militaire ? :shock:
Désormais, maintenant que nous nous connaissons bien, appelez-moi "Mon colonel". Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaardavous ! repos

Publié : ven. 26 mars 2010, 7:55
par Claude
Jacques, dans le lien indiqué par Marco, a écrit :Lorsque le sous-officier qui commande l'exercice n'est pas satisfait, il commande : « Au temps pour les crosses » c.-à-d. revenez au premier temps en reposant les crosses sur le sol.
C'est tout à fait cela ; revenir en reposant les crosses sur le sol était toujours consécutif à un « Présentez... armes ! » comme l'a dit Jacques ou un « Arme sur l'épaule... droite ! ».
Certains chefs de dispositif disaient plus simplement (ou gueulaient, braillaient, aboyaient, c'est au choix) « Revenez pour les crosses ! », ce qui justifie pleinement le développement complet de Jacques : « Revenez au premier temps en reposant les crosses sur le sol ».

Publié : ven. 26 mars 2010, 8:31
par valiente
Puisque l'origine de cette expression semble incontestable, je ne vois pas pourquoi certains linguistes tolèrent une autre forme d'écriture que celle se rapportant au contexte militaire.

Re: Autant pour moi, au temps pour moi !

Publié : ven. 26 mars 2010, 8:35
par Jacques-André-Albert
Jacques a écrit :
Madame de Sévigné a écrit :Cette nouvelle expression peut-elle être considérée comme un néologisme, c'est à dire, quelque chose qu'on n'entendait pas il y a une quinzaine d'années ?
Petit additif : il ne s'agit pas d'un néologisme, car l'expression figurait dans la 8e édition du dictionnaire de l'Académie (1935).
Je viens de consulter le Nouveau Larousse illustré en 7 volumes, du tout début du XXème siècle : à l'article temps, très fourni (plus de deux cent lignes) pas de trace de cette expression, parmi les nombreuses autres signalées, y compris les expressions vieillies, les termes de vénerie, de sylviculture, de manège, d'escrime, etc. Je peux seulement vous préciser que Le commandement « Portez arme ! » s'exécute en trois temps.
Il n'est pas fait mention de l''expression à l'article autant.

Publié : ven. 26 mars 2010, 12:55
par JR
Durant mon service (1964-65), j'ai quelquefois entendu un gradé reconnaître son erreur en disant "au temps pour moi".

Re: Autant pour moi, au temps pour moi !

Publié : ven. 26 mars 2010, 13:09
par Jacques
Jacques-André-Albert a écrit : Je viens de consulter le Nouveau Larousse illustré en 7 volumes, du tout début du XXème siècle : à l'article temps, très fourni (plus de deux cent lignes) pas de trace de cette expression, parmi les nombreuses autres signalées, y compris les expressions vieillies, les termes de vénerie, de sylviculture, de manège, d'escrime, etc. Je peux seulement vous préciser que Le commandement « Portez arme ! » s'exécute en trois temps.
Il n'est pas fait mention de l''expression à l'article autant.
Voici ce qui est dit dans le Dictionnaire de l'Académie, 8e édition, 1932/1935 :
En termes militaires, Au temps ! se dit pour commander de revenir à la position précédente, en vue de recommencer le mouvement.

L'expression n'avait peut-être pas encore cours dans les premières années du XXe s.

Publié : ven. 26 mars 2010, 15:42
par Madame de Sévigné
Et si on considérait que les deux écritures veulent dire deux choses différentes ?
Au temps pour moi : on repart depuis tel endroit ou telle ligne...
Autant pour moi : c'est moi qui ai tort, je le reconnais !

Et donc, on pourrait les écrire des deux manières selon ce qu'on voudrait dire !
Bonne ou mauvaise idée ?

Publié : ven. 26 mars 2010, 15:53
par Jacques
C'est drôle, je m'étais interrogé sur cette possibilité, et j'en arrivais à une conclusion similaire.
Pour les linguistes, il n'existe qu'une différence orthographique, avec deux variantes graphiques d'une même expression.
Mais j'ai déjà réfléchi à cette hypothèse et, bien que n'étant pas linguiste, j'avais une sorte d'intuition de ce genre. Autant n'a pas toujours le sens strict d'une comparaison.

Publié : ven. 26 mars 2010, 16:04
par Madame de Sévigné
Donc autant pour vous et moi! .
Phrase tirée de ma présentation, et comme personne ne m'a corrigée :cry: , j'ai continué à l'employer ainsi.
Il est vrai que je le dis plus que je ne l'écris; alors la plupart du temps, l'honneur est sauf !

Publié : ven. 26 mars 2010, 16:20
par Claude
J'ai consulté l'entrée Autant dans le TLFi. Il y en a deux pages et il est mis à toutes les sauces mais aucune allusion n'est faite à autant pour moi, même pas avec seulement la préposition pour.

Publié : ven. 26 mars 2010, 16:33
par Marco
Par contre, Claude, nous y trouvons une remarque à l’entrée « temps » :

[Pour commander la reprise du mouvement depuis son début]Au temps! Au temps pour les crosses. Recommencez-moi ce mouvement-là en le décomposant. Au temps! Au temps! Je vous dis que ce n’est pas ça! Nom de nom, La Guillaumette, voulez-vous mettre plus d’écart entre le premier temps et le second! (COURTELINE, Train 8 h. 47, 1888, p. 240).
Au fig. [Pour admettre son erreur et concéder que l’on va reprendre les choses depuis leur début] Au temps pour moi! Un peu plus tard, il avait fait une erreur dans un raisonnement délicat et il avait dit gaiement: « Au temps pour moi ». C’était une expression qu’il tenait de M. Fleurier et qui l’amusait (SARTRE, Mur, 1939, p. 170).
Rem. La graph. autant pour moi est plus cour.: Autant pour moi! Où donc aussi, Avais-je la cervelle éparse? (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 157).

Publié : ven. 26 mars 2010, 17:30
par Perkele
Madame de Sévigné a écrit : Autant pour moi : c'est moi qui ai tort, je le reconnais !
Ce serait alors autant de quoi que qui que je mériterais ?

Publié : ven. 26 mars 2010, 17:57
par JR
JR a écrit :Durant mon service (1964-65), j'ai quelquefois entendu un gradé reconnaître son erreur en disant "au temps pour moi".
A cette époque, j'ai plusieurs fois hésité sur l'orthographe des expressions que je découvrais; j'ai longtemps privilégié "autant pour moi" avec l'explication suivante : la personne qui disait ça était un gradé qui distribuait des remarques, critiques, engueulades et autres gracieusetés, et il s'en octroyait donc sa part en raison d'une erreur qu'il avait commise; il le signalait pour montrer qu'il ne s'exemptait pas des reproches consécutifs à chaque imperfection.

Publié : ven. 26 mars 2010, 18:00
par Perkele
Donc "Autant pour moi" ne vaudrait qu'après avoir fait des reproches immérités à un quidam (ou une quidane) et non pas après une erreur de n'importe quel ordre.