Au masculin comme au féminin, je n'ai pas envie d'accorder non plus. L'accord, ici, me fait le même effet désagréable que la faute si souvent commise "elle s'est faite avoir", même si ce n'est pas le même cas. Si je devais rédiger cette phrase, j'aurais donc recours à une chacalerie.Madame de Sévigné a écrit :Bonjour BasLap,
Je me suis posé la question en mettant la phrase au féminin :"les soldats qu'il a faits prisonniers"
Les filles qu'il a faites prisonnières.
Je crois que naturellement, j'ai envie de ne pas accorder. Et vous ?
Et vous Anne et Jacques ?
Les soldats qu'il a FAIT(S) prisonniers
- Madame de Sévigné
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Bonsoir!
Jacques, je crois que mon message du 11 avril à 21:42 répond à votre technique de substitution, à mon avis pertinente mais non concluante au final, lorsqu'on l'examine de près, pour les raisons que j'ai évoquées.
Bonsoir Madame de Sévigné,
Pour ma part, quoiqu'hésitant, je préférerais ne pas accorder.
Bonsoir Anne,
La faute "Elle s'est faite avoir.", voilà qui est pertinent à mon avis comme analogie! Car, "Elle s'est fait avoir.", c'est en définitive la même construction que "Il les a fait [être] ses prisonniers.". On ne dira pas "Elle qu'elle a fait [être] eue.", mais, j'espère que vous me suivez, les constructions sont, sauf erreur de ma part, les mêmes.
Autre argument pour montrer les limites de l'analogie proposée par Jacques: on dira, je crois (à force de réfléchir sur la syntaxe, on finit par trouver naturelles des choses impossibles…
) "Les soldats dont il a fait ses prisonniers.", mais non "Les soldats dont il a rendus ses prisonniers.".
Bref, à l'heure actuelle, je n'hésite plus, je suis quasiment certain que "les soldats qu'il a faits prisonniers" est fautif.
Des critiques (je les attends avec impatience!) ?
Jacques, je crois que mon message du 11 avril à 21:42 répond à votre technique de substitution, à mon avis pertinente mais non concluante au final, lorsqu'on l'examine de près, pour les raisons que j'ai évoquées.
Bonsoir Madame de Sévigné,
Pour ma part, quoiqu'hésitant, je préférerais ne pas accorder.
Bonsoir Anne,
La faute "Elle s'est faite avoir.", voilà qui est pertinent à mon avis comme analogie! Car, "Elle s'est fait avoir.", c'est en définitive la même construction que "Il les a fait [être] ses prisonniers.". On ne dira pas "Elle qu'elle a fait [être] eue.", mais, j'espère que vous me suivez, les constructions sont, sauf erreur de ma part, les mêmes.
Autre argument pour montrer les limites de l'analogie proposée par Jacques: on dira, je crois (à force de réfléchir sur la syntaxe, on finit par trouver naturelles des choses impossibles…
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Bref, à l'heure actuelle, je n'hésite plus, je suis quasiment certain que "les soldats qu'il a faits prisonniers" est fautif.
Des critiques (je les attends avec impatience!) ?
Re: Les soldats qu'il a FAIT(S) prisonniers
Oui, les académiciens dans leur dictionnaire (1) vous donnent un conseil ; optez pour les soldats qu'il a capturés.Pourquoi voulez-vous faire compliqué, quand vous pouvez faire simple, à la suite de BasLap qui a écrit :[...]Je n'arrive pas à savoir si je dois écrire "les soldats qu'il a faits prisonniers" ou "les soldats qu'il a fait prisonniers".
Quelqu'un pourrait-il m'aider, s'il-vous-plaît? [...]
Dès lors plus de problème et vous êtes dans le droit fil des recommandations de l'Académie française !
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(1) Cherchez à (1961) FAIRE et regardez la recommandation faite au second paragraphe.
- Claude
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Re: Les soldats qu'il a FAIT(S) prisonniers
Voilà une chacalerie comme je les aime.Bernard_M a écrit :...optez pour les soldats qu'il a capturés....
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Voici ce que dit Grevisse (Le bon usage, 14ème édition, § 950) :
Le participe passé accompagné d’un attribut d’objet direct s’accorde ordinairement avec cet objet si celui-ci précède le participe :
Tous ceux qu’il avait FAITS grands… Il l’a MISE enceinte… Ma mère… nous eût PRÉFÉRÉS souffrants… Il l’avait RENDUE fort malheureuse, pour se venger…
Toutefois, l’usage est assez hésitant pour les participes cru, su, dit, voulu et leurs synonymes, pour lesquels le véritable objet direct est l’ensemble formé par le nom ou le pronom et l’attribut.
[…]
Même dans ce cas particulier la variabilité prédomine :
Tout le monde l’a CRUE morte…
Ainsi, il n’est pas raisonnable de considérer fautif l’accord dans la phrase de départ Il les a faits soldats. L’invariabilité serait plutôt une tolérance.
Le participe passé accompagné d’un attribut d’objet direct s’accorde ordinairement avec cet objet si celui-ci précède le participe :
Tous ceux qu’il avait FAITS grands… Il l’a MISE enceinte… Ma mère… nous eût PRÉFÉRÉS souffrants… Il l’avait RENDUE fort malheureuse, pour se venger…
Toutefois, l’usage est assez hésitant pour les participes cru, su, dit, voulu et leurs synonymes, pour lesquels le véritable objet direct est l’ensemble formé par le nom ou le pronom et l’attribut.
[…]
Même dans ce cas particulier la variabilité prédomine :
Tout le monde l’a CRUE morte…
Ainsi, il n’est pas raisonnable de considérer fautif l’accord dans la phrase de départ Il les a faits soldats. L’invariabilité serait plutôt une tolérance.
Bonsoir,
J'adore le Grévisse, c'est vraiment un excellent ouvrage. Mais je préfère le lire avec un oeil critique — l'ouvrage est d'ailleurs fait de sorte à faire réfléchir, et pas seulement à énoncer des règles, c'est là son intelligence —. À mon avis, ils n'ont pas assez creusé cette question précise, d'ailleurs, vous aurez remarqué la pauvreté du développement fait autour de notre présent problème, qui contraste avec ce dont l'équipe est capable par ailleurs. Ainsi, après réflexion, comme indiqué dans mon message de 19:53, j'en viens à considérer l'accord comme fautif… jusqu'à ce que quelqu'un m'oppose des arguments logiques convaincants…
J'adore le Grévisse, c'est vraiment un excellent ouvrage. Mais je préfère le lire avec un oeil critique — l'ouvrage est d'ailleurs fait de sorte à faire réfléchir, et pas seulement à énoncer des règles, c'est là son intelligence —. À mon avis, ils n'ont pas assez creusé cette question précise, d'ailleurs, vous aurez remarqué la pauvreté du développement fait autour de notre présent problème, qui contraste avec ce dont l'équipe est capable par ailleurs. Ainsi, après réflexion, comme indiqué dans mon message de 19:53, j'en viens à considérer l'accord comme fautif… jusqu'à ce que quelqu'un m'oppose des arguments logiques convaincants…
et ce sont à mon avis les seules qui vaillent ; une bonne analyse valant mieux qu'un mauvaise supposition ou transposition.Je partage l'avis de Jacques qui a écrit :[...] je donne les réponses des grammairiens.[...]
Non, et moi non plus !Pour plus plus de précision, Jacques a écrit :[...] Ce que nous cherchons, c'est un complément d'objet direct se rapportant au PP. [...] Je ne crois pas que faire prisonnier soit un COD.
Prisonnier est simplement un nom attribut. En tout cas, c'est comme cela que le nomme ma grammaire.
J'analyserais les mots de la phrase ...les hommes qu'(2)il a faits(1)[/sup] prisonniers(3) de la façon suivante et je serais heureux qu'un professeur de grammaire me corrige pour le cas où je serais dans l'erreur :
(1) FAIT : participe passé du verbe FAIRE, verbe transitif exprimant l'action de mettre une personne dans un état (le roi l'a fait marquis). Il y a donc un objet sur lequel s'applique l'action : QU' mis pour LES HOMMES
(2) QU' : pronom relatif ayant pour antécédent HOMMES, complément d'objet direct du verbe FAIRE et placé devant celui-ci. Il y aura donc accord du participe passé.
(3) PRISONNIERS : nom attribut direct se rapportant au complément d'objet QU' avec lequel il s'accorde en genre et en nombre.
L'analyse ainsi faite : pas doute possible pour moi la bonne orthographe est ...les hommes qu'il a faits prisonniers.
- Madame de Sévigné
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En fait, Bernard, notre problème porte sur le sens précis de "faire". Pour vous, il est synonyme de "rendre". Je n'en suis pas convaincu. Un argument: avec "faire", on peut dire "Il a fait les soldats prisonniers." comme "Il a fait des soldats des prisonniers.", mais avec "rendre" on ne peut pas suivre le même schéma.
Je n'aurais pas critiqué "les soldats qu'il a rendus prisonniers".
Je n'aurais pas critiqué "les soldats qu'il a rendus prisonniers".
Je suis content que vous appréciez cet ouvrage, mais il est surprenant que vous le voyiez d’un œil critique, puisqu’il se fonde précisément sur l’usage (et pas n’importe lequel).BasLap a écrit :J'adore le Grévisse, c'est vraiment un excellent ouvrage. Mais je préfère le lire avec un oeil critique — l'ouvrage est d'ailleurs fait de sorte à faire réfléchir, et pas seulement à énoncer des règles, c'est là son intelligence —.
Nous sommes en présence d’un cas pas si compliqué, quelle nuance voyez-vous entre « faire soldat » et « rendre soldat » ?