Dame Vérone a écrit :
Dans certaines vieilles chansons française aussi : Mon père n'avait fille que moué
Encore sur la mer il m'envoué
Mon père ainsi qu'ma mère
N'avaient d'fille que moué
N'avaient d'fille que moué
La destinée la rose au boué
N'avaient d'fille que moué
La destinée au boué
Est-ce bien cela ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Cette prononciation OUÉ peut porter à confusion ; un Parisien en vacances, voyant une vache blanche tachetée de noir, demande à l'éleveur :
- Ta vache, elle est tatouée ?
Et l'éleveur de répondre :
- Bien sûr qu'elle est à moué !
"A la citoyenne Bonaparte
Chez la citoyenne Beauharnais
Rue Chantereine n°6,
Chaussée d’Antin, à Paris. Albenga, le 16 Germinal
(5 Avril 1796)
Il est une heure après minuit. Lon maporte une lettre. Elle est triste. Mon ame en est affecté.Cest la mort de Chauvet. Il était commissaire ordonateur en chef de l’armée. Tu la vu chez Baras quelque fois.
Mon amie, je sens le besoin detre consolé. C’est en técrivant à toi seul, dont la pensée peut tant influer sur la situassion morale de mes idées , a qui il faut que jepenche mes peines.
Quesque lavenir ?quesque le passe ? Quesque nous ? Quelle fluide magique nous environe et nous cache les choses qu’il nous import le plus de connoitre ?
Nous passons, nous vivons, nous mourons au milieu du merveilleux. Est il étonnant que les prête, les astrologues, les charlatans ayent profité de ce penchant, de cette circonstance singulièr pour promener nos idés et les diriger au grai de leurs passions ?
Chauvet est mort. Il metait attache. Il eu rendu à la patrie des services essensieles. Son dernier mot a été qu’il partait pour me joindre. Mais oui. Je vois son ombre. Il erre dans lapartement. Il sifle dans laire. Son ame est dans les nuage. Il sera propise à mon destin .
Mais, insensé, je verse des larmes sur lamitié. Et qui me dis que, déjà, je n’en aye a verser d’irreparable ? Ame de mon existence, ecris-moi, tous les courriers. Je ne saurais vivre autrement.
Je suis ici tres occupe. Beaulieu remue son armée. Nous sommes en presence. Je suis un peu fatigue . Je suis tous les jours a cheval.
Adieu, adieu, adieu. Je vais dormir, car le someil me console. Il te place a mes cotes, je te serre dans mes bras. Mais au reveil, helas ! je me trouve tristement loin de toi.
Bien des choses a Baras, a Talien et a sa femme .
BB"
Oui Claude, je connais un peu le personnage, et ai assez d'admiration pour lui, pour ne pas faire de ce sujet une occasion de moquerie.
Je pose au contraire très sérieusement la questionde l'orthographe, qui fait appel à certaines qualités ou dons (?), la mémoire visuelle entre autre, la mémoire auditive.....et où l'intelligence n'a qu'une part réduite.
Moins d'un siècle plus tard, la république a instauré l'école publique, laïque, gratuite et obligatoire, qui a formé des générations de citoyens sachant correctement lire, écrire, compter, et dotés d'un ensemble de connaissances respectable; mais il n'en a pas bénéficié
L’ignorance est mère de tous les maux.
François Rabelais
Je m'interroge depuis longtemps sur cette capacité à apprendre l'orthographe. À la base, l'instruction et la longueur des études ne paraissent pas avoir une influence déterminante. Je connais une personne médecin qui écrit le français de façon affligeante. La génération qui m'a précédé et celle qui la précédait comptaient des gens qui écrivaient correctement en ayant suivi uniquement les cours de l'école primaire. Les mauvais ou très mauvais en orthographe étaient l'exception. On peut en déduire que les méthodes d'enseignement étaient le moteur essentiel, et que les cancres étaient des gens peu doués ou affectés d'une carence de mémoire et de compréhension.
J'ai déjà cité ma mère, qui a quitté l'école entre onze et douze ans, et avait cependant une orthographe remarquable. Nous avons probablement affaire à un talent naturel qui facilite une acquisition inconsciente, phénomène dont j'ai aussi bénéficié. Je n'ai jamais fait d'effort conscient pour retenir la manière d'écrire les mots. D'autres suent sang et eau pour un résultat médiocre.
Nous ne sommes donc pas égaux devant l'orthographe et encore moins devant la grammaire.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Pas d'égalité donc pour ce qui est de l'apprentissage aisé ou non de la grammaire et de l'orthographe mais une certaine justice puisque ce n'est pas l'origine sociale ou la durée des études qui conditionnent une bonne maîtrise de notre langue.
Cependant ses nombreuses difficultés, exceptions, illogismes... nous mettent tous sur pied d'égalité : l'humilité ! En effet, qui peut prétendre ne jamais commettre de faute ?
Je crois que plusieurs facteurs doivent être pris en considération :
- les méthodes utilisées à l'école jusqu'à la fin des années 50 ont fait la preuve de leur efficacité; mais ensuite, la mise en application de théories fumeuses, comme l'apprentissage par la méthode globale, aboutissent au résultat . . . que nous constatons tous
- comme pour la courtoisie, le mimétisme joue un rôle important dans l'acquisition de la maîtrise de la langue et de l'orthographe, et un environnement où la langue et l'orthographe sont soignés, qu'il s'agisse de livres, de journaux, d'affiches, ou du discours des élites, y ont contribué puissamment jusqu'à ce que la télévision s'empare du temps libre, ringardise les autres moyens de communication et marginalise la lecture
- les mentalités ont radicalement changé à partir de 1968, quand la transgression de toute règle a été outrageusement valorisée, ce qui a été rapidement exploité par certains agents économiques qui y ont trouvé une nouvelle source de profit en renonçant à la correction (à valeur exemplaire) des supports qu'ils diffusent, voire en introduisant délibérément des fautes supplémentaires afin de flatter un certain public
On pourrait sans doute en trouver d'autres, comme une critique du corps enseignant, et développer davantage, mais j'en resterai là pour le moment.
L’ignorance est mère de tous les maux.
François Rabelais
J'aime bien cette analyse, JR. Il y a eu un tournant historique qui a dévalorisé quantité de choses, et l'orthographe ainsi que la courtoisie, comme vous le soulignez, en ont souffert au même titre. Je suis d'accord sur l'ensemble, mais je m'abstiens de porter un jugement sur le corps enseignant, quoique des enseignants eux-mêmes m'aient déjà confié leur affliction devant l'incompétence de certains collègues dans divers domaines ; mais gardons-nous de généraliser.
Dame Verone écrit : Cependant ses nombreuses difficultés, exceptions, illogismes... nous mettent tous sur pied d'égalité : l'humilité ! En effet, qui peut prétendre ne jamais commettre de faute ?
Vous reprenez là mon sentiment et ma doctrine : l'humilité ! Je connais cependant des gens qui se vantent ouvertement de ne jamais commettre de fautes. Vous imaginez le genre de personnes que cela peut être. Une telle outrecuidance, une telle confiance absolue en soi dépassent le vocabulaire qu'on pourrait utiliser pour les qualifier.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Madame de Sévigné a écrit :
se plaindre des épines de poisson.
Mes beaux-parents, qui étaient méditerranéens, disaient aussi celà.
Je me souviens aussi d'un cours d'histoire où le professeur avait expliqué que Louis XVIII avait dit "le rroué, c'est moué" afin de souligner la fermeture de la parenthèse révolutionnaire, et le retour à l'ordre ancien.
En portugais espinha (de peixe), en espagnol espina (de pez), en catalan espina (de peix), en italien spina (di pesce) et en latin spina (piscium).
JR a écrit :Je crois que plusieurs facteurs doivent être pris en considération :
...
On pourrait sans doute en trouver d'autres, comme une critique du corps enseignant, et développer davantage, mais j'en resterai là pour le moment.
Je pense que vous avez raison mais pour la suite, surtout évitons le cliché : « Si mon enfant réussit, c'est parce qu'il est intelligent; s'il ne réussit pas, c'est de la faute de son enseignant».
Nous ne sommes donc pas égaux devant l'orthographe et encore moins devant la grammaire.
Merci à tous pour vos avis et commentaires. Je tiens à préciser que recopier cette lettre truffée de fautes m'a demandé un réel effort, et je me suis surprise à les corriger naturellement. Il m'a fallu me relire plusieurs fois, et les réintégrer!!!
Vous avez retapé la lettre au clavier avec les fautes ? Quel travail ! Bravo, vous avez du courage. Vous n'aviez pas la possibilité de faire un copier/coller ? Était-ce une reproduction manuscrite ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Madame de Sévigné a écrit :
se plaindre des épines de poisson.
Mes beaux-parents, qui étaient méditerranéens, disaient aussi celà.
Je me souviens aussi d'un cours d'histoire où le professeur avait expliqué que Louis XVIII avait dit "le rroué, c'est moué" afin de souligner la fermeture de la parenthèse révolutionnaire, et le retour à l'ordre ancien.
En portugais espinha (de peixe), en espagnol espina (de pez), en catalan espina (de peix), en italien spina (di pesce) et en latin spina (piscium).
