Accord et logique

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Jacques
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Message par Jacques »

Desiderius a écrit :Les comprimés sont souvent sécables à cet effet !
Dans deux à trois fois par jour, ce n'est pas le comprimé qui est scindé, mais les fois. Si c'était le médicament, il serait écrit : deux à trois comprimés par jour.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

Jacques a écrit :
Desiderius a écrit :Les comprimés sont souvent sécables à cet effet !
Dans deux à trois fois par jour, ce n'est pas le comprimé qui est scindé, mais les fois. Si c'était le médicament, il serait écrit : deux à trois comprimés par jour.
je crois que Desiderius plaisantait, Jacques (j'ai eu le même réflexe que vous) :D
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Jacques
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Message par Jacques »

Je n'avais pas saisi le côté humoristique. D'où l'intérêt occasionnel des émoticônes.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
codrila

Message par codrila »

un comprimé deux à trois fois par jour
Dans ce cas prècis, la formulation vous dérange car il n'y a que deux possibilités ( deux fois Ou trois fois par jour), si bien qu'on pourrait remplacer la préposition à par la conjonction ou.

Mais pour le médecin, il s'agit d'indiquer la posologie d'un point de départ ( nombre de fois minimum) jusqu'au point ultime ( nombre de fois à ne pas dépasser).

On pourrait avoir " un comprimé deux à six fois par jour " et, bien souvent, une phrase explicative suit: "en fonction des douleurs", " selon nécessité".

Je n'y vois ni incorrection ni absence de logique.
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Claude
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Message par Claude »

Comme je l'ai dit plus haut, j'avais repéré son point d'exclamation. :wink:

Édition : je répondais au dernier message de Jacques.
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Jacques
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Message par Jacques »

codrila a écrit :
un comprimé deux à trois fois par jour
Dans ce cas précis, la formulation vous dérange car il n'y a que deux possibilités ( deux fois Ou trois fois par jour), si bien qu'on pourrait remplacer la préposition à par la conjonction ou.

Mais pour le médecin, il s'agit d'indiquer la posologie d'un point de départ ( nombre de fois minimum) jusqu'au point ultime ( nombre de fois à ne pas dépasser).
Je n'ai pas parlé de médecin, mais des notices incluses dans les boîtes de médicaments. Le médecin écrit d'ailleurs : deux fois par jour, trois fois par jour, et il ne laisse pas au patient le soin de décider du nombre, il donne un chiffre précis.
Cette faute est dénoncée par tous les ouvrages sur la langue française : deux à trois personnes, deux à trois fois, ce sont des formules incorrectes et condamnées. La préposition à s'utilise entre deux valeurs divisibles. On ne peut pas diviser des personnes ou des fois.
La formule : deux à quatre fois est recevable, parce qu'il y a trois entre les deux. Deux à trois fois ne l'est pas parce qu'il n'y a aucune valeur intermédiaire possible. On peut dire deux à trois heures, deux à trois kilos, mais pas deux à trois fois. Il y a unanimité sur cette question.
Bordas :
– on emploie de... à si l'écart peut se fractionner (cinq à six mètres)
– on emploie ou si l'écart ne peut se fractionner : cinq ou six personnes.

Et on ne peut pas fractionner des fois sauf en mathématiques : deux à trois fois plus grand, mais c'est une autre histoire.
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codrila

Message par codrila »

Je conçois cette formule comme elliptique , synonyme de " de deux à trois fois par jour."

J'entends bien ce que vous dites quant à la correction grammaticale et l'unanimité dont vous parlez, il n'en reste pas moins que je ne considère pas ces deux expressions comme ayant le même sens:

- deux ou trois fois par jour: au choix ( sans autre précision.)

- ( de) deux à trois fois par jour : pas moins de deux et pas plus de trois.

Dans le domaine médical, à titre personnel et sans hésitation aucune, je privilégie la précision :)
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Jacques
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Message par Jacques »

Libre à vous de concevoir une ellipse en dépit des avis. Les spécialistes ne l'entendent pas de cette oreille. Pour eux il n'y a pas d'ellipse, mais la valeur d'une préposition, à, qui indique la possibilité de fractions intermédiaires.
Larousse des diificultés :
« À ne doit être employé pour exprimer l'approximation que si les nombres qu'il sépare ne se suivent pas (de six à huit personnes) ou s'ils se rapportent à des quantités susceptibles d'être divisées (de six à sept euros), sinon il faut employer ou. Cette règle s'impose dans l'expression soignée ». Hanse dit la même chose, Robert des difficultés aussi, et il ajoute : « Mais à est souvent placé à tort, même par de bons écrivains, là où on attendrait ou ».
Il n'y a pas d'ellipse supposée chez les spécialistes, mais l'énoncé d'une règle qui ne doit pas être transgressée.
Nous ne pouvons pas modifier nous-mêmes les règles selon ce qui nous arrange.
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Perkele
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Message par Perkele »

codrila a écrit : pas moins de deux et pas plus de trois.
Ce qui revient à 2 ou 3, puisqu'il n'y a aucune autre possibilité. Je ne vois pas du tout où est la précision.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Message par JR »

Jacques a écrit :on ne peut pas fractionner des fois sauf en mathématiques : deux à trois fois plus grand, mais c'est une autre histoire.
Vous me rappelez ma surprise quand mes enfants sont rentrés de l'école en parlant de l'opération fois, ce qu'à leur âge j'appelais multiplication.
Je n'y avais jamais réfléchi, mais il semblerait que le mot "fois" n'ait pas exactement le même sens dans "c'est arrivé n fois" (où n est nécessairement un entier naturel) et dans "x fois cent mètres" où x est habituellement un réel (sauf en athlétisme, mais c'est une autre histoire) :D
L’ignorance est mère de tous les maux.
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Message par Jacques »

Puisque nous sommes dans une logique mathématique, il y a quelque chose qui me chagrine. Si vous prenez un objet A qui mesure 10 cm et que vous le comparez à un autre B qui en fait 30, je pense qu'on devrait dire que B est trois fois aussi grand que A. Or on dit couramment, et cela est admis comme juste, que B est trois fois plus grand que A. Pour moi, trois fois plus signifie A + 3 fois A = 4.
Même type de raisonnement insolite : il s'écoule deux minutes entre chaque rame de métro est accepté comme correct. Pourtant, entre chaque paraît être une hérésie puisque chaque veut dire « toute unité », donc j'estime plus correct de dire entre deux rames.
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Desiderius

Message par Desiderius »

Pour le premier point, vous n'êtes naturellement pas le seul à être chagriné. Monsieur Bardel, en 1827, dans ses Elémens d'arithmétique s'en explique dans une note en bas de page mais se résout, déjà, à employer l'expression consacrée par l'usage. Sa position conciliante était plus difficile en son temps car on disait et on lisait encore assez souvent "une fois plus grand" pour exprimer ce qu'aujourd'hui on dit presque exclusivement "deux fois plus grand". Cela fait longtemps aujourd'hui qu'on s'est accoutumé à ce nouvel usage.
Votre second point a été beaucoup plus contesté, et encore bien récemment. Et ce "entre chaque", Girodet chez Bordas le déconseille toujours dans la langue surveillée et l'Académie s'est bien gardée de l'introduire dans le dictionnaire.
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Jacques
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Message par Jacques »

Me voilà pleinement rassuré sur les deux points évoqués. Bordas dit bien que entre chaque est un tour peu logique.
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TSOS
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Message par TSOS »

Concernant votre premier point, j'ajouterai qu'en allemand on fait la différence entre "deux fois aussi grand que" et "deux fois plus grand que" par exemple grâce aux mots "wie" et "als", utilisés justement dans l'un ou l'autre des cas.

Ceci n'empêche cependant pas certains de se tromper et de faire des fautes, comme le souligne l'ouvrage de Bastian Sick Der Dativ ist dem Genitiv sein Tod. par conséquent, si l'on avait dans le langage courant en français aussi cette possibilité établie dans la pratique, soyez sûr que nombre de gens feraient des erreurs de sens, de toute façon, en utilisant une forme pour l'autre, si le fait de devoir veiller sur une faute possible de moins peut vous consoler un peu.
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Jacques
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Message par Jacques »

Ma foi, savoir que des gens font aussi des fautes dans d'autres langues est une consolation si on veut. Un de mes profs d'allemand disait que les germanophones commettaient des fautes de déclinaison, et que certaines personnes avaient une tendance à les éliminer. Je précise que c'était ce qu'on appelle « un professeur d'origine », c'est-à-dire qu'elle était allemande.
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