jp trimouille, c'est vous ?jarnicoton a écrit :[...] la blouscaille (un beau ciel bien bleu).[...]
Coupe sombre/claire
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Pour moi, non seulement le glissement de "coupe claire" à "coupe sombre" est aujourd'hui tout à fait entré dans l'usage, mais il fait partie de ces contresens, contradictions, illogismes... qui font tout le charme de la langue (aux côtés de tas d'autres exemples comme "faire long feu" ou "énerver", qui a fini par vouloir dire le contraire de ce qu'il signifiait au départ sans que personne ne s'en émeuve).
J'aime la langue, j'aime ma langue, parce qu'elle possède bien sûr une logique, mais que ce n'est pas non plus un système purement et tristement rationnel, comme un programme informatique. Au fil des siècles, elle a parfois suivi des chemins tortueux qu'il est amusant de retracer.
On dirait que vous êtes tous épris de ces jardins à la française, aux arbustes bien taillés et aux mornes allées tracées au cordeau. L'expression a tel sens en sylviculture, donc rationnellement elle ne peut avoir que le même dans un usage figuré et courant. Moi je préfère les jardins plus sauvages, avec ici ou là quelques (prétendues) mauvaises herbes, des buissons qui s'entremêlent, des sentiers qui se perdent parfois...
J'aime la langue, j'aime ma langue, parce qu'elle possède bien sûr une logique, mais que ce n'est pas non plus un système purement et tristement rationnel, comme un programme informatique. Au fil des siècles, elle a parfois suivi des chemins tortueux qu'il est amusant de retracer.
On dirait que vous êtes tous épris de ces jardins à la française, aux arbustes bien taillés et aux mornes allées tracées au cordeau. L'expression a tel sens en sylviculture, donc rationnellement elle ne peut avoir que le même dans un usage figuré et courant. Moi je préfère les jardins plus sauvages, avec ici ou là quelques (prétendues) mauvaises herbes, des buissons qui s'entremêlent, des sentiers qui se perdent parfois...
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
- Jacques
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Parmi les expressions qui signifient le contraire de leur sens d'origine, il y a la portion congrue (qui est convenable) qui veut dire de nos jours maigre et indigente. Il y a toutefois là une logique dans le contresens, imposée par la ladrerie des évêques ou seigneurs chargés de pourvoir à l'entretien des prêtres. Il n'y en a pas dans celui de la coupe sombre.
Et je repose ma question : si coupe sombre, en dépit de la logique, signifie suppression massive, que dira-t-on pour le remplacer dans le sens de suppression légère ?
Dans sa dernière édition (2010) le Larousse des pièges et difficultés du français met en garde contre ce glissement qu'il qualifie d'abusif. Un contresens qui, d'ailleurs, engendre des quiproquos : quand on parle d'effectuer des coupes sombres dans un texte, que faut-il comprendre ?
Et je repose ma question : si coupe sombre, en dépit de la logique, signifie suppression massive, que dira-t-on pour le remplacer dans le sens de suppression légère ?
Dans sa dernière édition (2010) le Larousse des pièges et difficultés du français met en garde contre ce glissement qu'il qualifie d'abusif. Un contresens qui, d'ailleurs, engendre des quiproquos : quand on parle d'effectuer des coupes sombres dans un texte, que faut-il comprendre ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Sur votre premier point: si, bien sûr, il y a une logique ici aussi. A partir du moment où 99% des gens ne travaillent plus dans les bois, la référence à la pratique sylvicole s'est perdue et l'expression a été "corrigée" en fonction d'une convention populaire selon laquelle le noir, le sombre, l'obscur... est négatif alors que le clair est positif.
Sur votre second argument: d'accord, cette nuance est alors perdue. Mais y a-t-il réellement eu une époque où les deux expressions ont coexisté et où on a joué sur l'opposition coupe sombre/coupe claire pour distinguer les deux cas?
Toutes les situations possibles et imaginables ne doivent pas nécessairement être exprimées sous une forme imagée. La langue n'a peut-être pas besoin d'une expression pour désigner une suppression légère.
Sur votre second argument: d'accord, cette nuance est alors perdue. Mais y a-t-il réellement eu une époque où les deux expressions ont coexisté et où on a joué sur l'opposition coupe sombre/coupe claire pour distinguer les deux cas?
Toutes les situations possibles et imaginables ne doivent pas nécessairement être exprimées sous une forme imagée. La langue n'a peut-être pas besoin d'une expression pour désigner une suppression légère.
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- Jacques
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C'est l'argument de l'usage. Le même qui fait que l'Académie, à la demande du Conseil supérieur de la langue française, recommande d'écrire chausse-trappe au lieu de chausse-trape, se démarquant ainsi de l'étymologie pour s'aligner sur la confusion populaire qui pense à une trappe, ce qui résulte d'une certaine logique étant donné le sens de piège. Mais alors, situation pratique : on me demande parfois de raccourcir des textes pour la revue de DLF ; si la responsable m'en envoie un en me disant « J'aimerais que tu fasses des coupes sombres », comment interpréter la demande ?
Il faudrait que je lui réponde : « Qu'entends-tu par là ? ». Le langage y perd donc en clarté.
Il faudrait que je lui réponde : « Qu'entends-tu par là ? ». Le langage y perd donc en clarté.
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Indiscutablement comme: des suppressions importantes de texte.Jacques a écrit :si la responsable m'en envoie un en me disant « J'aimerais que tu fasses des coupes sombres », comment interpréter la demande ?
Comme je l'ai dit, il n'existe pas, à ma connaissance, d'expression d'origine "sylvicole" pour désigner des suppressions légères. On dit soit "des coupes claires" (si on veut respecter le sens originel), soit "des coupes sombres" (si on veut se conformer à un usage moderne), mais toujours dans le même sens. Parler de "coupes sombres" à propos de suppressions légères serait vraiment très artificiel.
La langue fourmille de termes ou d'expressions qui ne répondent pas à une construction logique. Le paratonnerre devrait logiquement s'appeler un parafoudre (et même un "attire-foudre"), mais bizarremment c'est l'image du tonnerre qui s'est imposée. Personnellement, je trouve ces phénomènes linguistiques curieux et amusants, je ne m'en offusque pas. Je trouve même qu'ils font souvent tout le sel de la langue.
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- Jacques
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C'est ce que vous pensez, mais pas forcément ce qu'elle voudra dire.cyrano a écrit :Indiscutablement comme : des suppressions importantes de texte.Jacques a écrit :si la responsable m'en envoie un en me disant « J'aimerais que tu fasses des coupes sombres », comment interpréter la demande ?
La devise de l'association est « Ni purisme ni laxisme ». Sans verser dans l'intégrisme ou le fanatisme linguistique, nous nous imposons l'usage d'un français de qualité, donc nous nous efforçons de rester au plus près de l'orthodoxie de la langue. C'est ce qu'attendent de nous les adhérents. Et dans ce cas, elle se situera peut-être aux origines de l'expression.
Vous voyez que le contresens crée une ambigüité quant aux intentions de celui qui s'exprime.
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- Jacques
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Je discute simplement sur le côté didactique de la langue, pour l'amour de l'art et pour démontrer l'incertitude de certaines situations. En réalité, elle me dit des choses comme « Le texte fait quatre pages de la revue, il faudrait que tu le ramènes à trois » (ce ne sont pas mes articles que je dois raccourcir, mais ceux d'adhérents trop prolixes).Perkele a écrit :Et pourquoi ne pas le dire autrement et plus clairement ?
- Votre texte est beaucoup trop long ; il faut le réduire de moitié.
- Votre texte est redondant, il faudrait l'amputer de quelques passages inutiles.
Pour ce qui me concerne, s'il m'arrive de parler de coupes claires, je n'emploie jamais coupes sombres. Je préfère coupes légères qui ne laisse pas de doute sur mes intentions.
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