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Publié : dim. 14 avr. 2013, 13:47
par André (G., R.)
Inutile de dire mon agacement à constater chez la marque au losange cette nouvelle manifestation d’anglomanie. Elle a peut-être une légère excuse en l'occurrence : ce n’est pas elle qui a inventé la notion de « text to speech », qui semble se répandre chez les spécialistes pour désigner les programmes de reconnaissance de texte et de synthèse vocale. Et je crains qu’il s’agisse d’un nouveau domaine où la langue française ait perdu la bataille d’avance, du fait que les professionnels en sont arrivés à parler même de « TTS » : difficile de faire plus court.
Deux logiciels de synthèse vocale connus sont « Jaws », de Microsoft, et « Voice Over », d’Apple. Une très proche parente aveugle, dont j’ai parlé sur un autre fil, les utilise pour son ordinateur (le premier cité) et son IPhone (l’autre). Ils rendent possible l’accès des aveugles à Internet, mais à l’exception relative de l’utilisation de la messagerie, la navigation sur la Toile est très lente quand on dépend entièrement de ce genre de programme, qui lit tout, du haut jusqu’au bas de l’écran : plusieurs minutes peuvent être nécessaires pour l’accès à une information que l’œil perçoit en une seconde.
Après la société d’automobiles, l’entreprise de chemins de fer ! Le déterminé placé après le déterminant est une nouvelle concession à l’anglomanie. On voit, en effet, de plus en plus souvent des tournures comme « Renault occasions », « Jeunes voyageurs service », dans la logique de « judo-club », « science-fiction »…, qui les annoncèrent et prirent la place de « fiction scientifique » et « club de judo ».
En désespoir de cause et tant qu’à utiliser des anglicismes, ne vaut-il pas mieux les affecter des terminaisons de la conjugaison française quand il s’agit de verbes ? Je speeche, tu speeches… Je tague, tu tagues… Je bugue, tu bugues…
Publié : dim. 14 avr. 2013, 14:10
par Islwyn
Je partage le mécontentement exprimé ci-dessus quant à l'anglomanie déplacée de certaines entreprises voulant faire chic, toujours est-il que celles-ci se situent quand même dans la belle (?, enfin longue) tradition qui consiste à adopter un terme anglais et à l'utiliser dans un sens ou sous une forme qu'il ne possède pas dans la langue-source. « Speech » n'existe en anglais que comme substantif, et il me faut faire un véritable effort mental quand je le vois revêtir une forme verbale. Ce n'est pas un anglicisme, c'est du charabia qui montre chez ceux qui l'utilisent une ignorance phénoménale des faits de langue.
Publié : dim. 14 avr. 2013, 14:14
par Brazilian dude
Dans text to speech, il n'y a pas de verbe. Ce sont deux noms séparés par une préposition. Le logiciel convertit un texte en paroles.
Publié : dim. 14 avr. 2013, 14:51
par Jacques
Brazilian dude a écrit :Dans text to speech, il n'y a pas de verbe. Ce sont deux noms séparés par une préposition. Le logiciel convertit un texte en paroles.
Voilà qui éclaire l'expression. C'est donc quelque chose comme
du texte écrit à la parole.
Publié : dim. 14 avr. 2013, 20:37
par André (G., R.)
André (Georges, Raymond) a écrit :quand il s’agit de verbes ? Je speeche, tu speeches… Je tague, tu tagues… Je bugue, tu bugues…
En ce qui concerne "speech" j'ai effectivement eu tort de parler de verbe !
Publié : lun. 15 avr. 2013, 8:42
par André (G., R.)
Islwyn a écrit :dans la belle (?, enfin longue) tradition qui consiste à adopter un terme anglais et à l'utiliser dans un sens ou sous une forme qu'il ne possède pas dans la langue-source.
Le phénomène manifeste une sujétion dont nous les francophones sommes seuls responsables, ce qui la rend encore plus insupportable. Un smoking n’est pas nommé ainsi en anglais, qui ne dit pas non plus « tennisman ». En allemand, où les mots anglais empruntés tels quels sont nombreux, ce genre de réfection ou de dévoiement est plus rare, mais possible, l’exemple le plus connu étant peut-être « das Handy », le (téléphone) portable. Il me semble qu’on ne dit que « the mobile » en anglais ? En France tout est fait pour nous inciter à parler d’un « mobile », mais j’ai l’impression que « portable » est sur la bonne voie, malgré l’inconvénient qu’a le mot de désigner aussi un ordinateur.
Publié : lun. 15 avr. 2013, 8:54
par Jacques-André-Albert
Portable est, à mon avis, largement utilisé ; pourtant, dès le départ, c'est un faux sens :
– est portable ce qui peut être transporté.
– est portatif ce qui est fait pour être porté avec soi, et transporté.
Cette méconnaissance des suffixes est une des menaces actuelles sur la langue.
Publié : lun. 15 avr. 2013, 8:59
par André (G., R.)
Entre deux maux...
Publié : lun. 15 avr. 2013, 9:00
par Brazilian dude
Le
smoking qui s'utilise dans quelques langues vient de l'anglais
smoking jacket.
In French, Dutch, Italian, Portuguese, German, Spanish, Polish, Russian and also other European languages, the term smoking indicates a tuxedo.
Aux États-Unis, on dit aussi cell (phone) pour le portable, plus souvent que mobile (phone). Au début on disait aussi cellular phone, mais c'est déjà un terme vieilli.
Peut-être
cet article (en allemand) vous intéressera, André.
Publié : lun. 15 avr. 2013, 9:50
par André (G., R.)
Merci, Brazilian dude. Que « smoking » vienne de « smoking jacket » peut se comprendre. Mais j’ai lu plus d’une fois et les dictionnaires que je possède confirment que ni l’anglais de Grande-Bretagne ni celui des États-Unis n’utilisent ce mot, qui correspond à « dinner jacket » pour l’un et à « tuxedo » (cf. votre lien) pour l’autre.
Votre autre lien, vers l’article en allemand, m’a permis d’apprendre que dans cette langue un « Beamer » est un vidéoprojecteur.
Publié : lun. 15 avr. 2013, 10:29
par Islwyn
En effet, j'ai déjà remarqué l'amphibologie de « portable » en français, et d'ailleurs la bizarre conflation de ce terme avec « portatif ». Pour ce qui est de « smoking », le terme « smoking jacket » existe en anglais, mais il ne s'agit pas d'un smoking (= dinner jacket / tuxedo) mais d'une veste légère que certains hommes (aisés) mettaient après le dîner.
Publié : lun. 15 avr. 2013, 10:40
par Jacques-André-Albert
Islwyn a écrit :En effet, j'ai déjà remarqué l'amphibologie de « portable » en français, et d'ailleurs la bizarre conflation de ce terme avec « portatif ». Pour ce qui est de « smoking », le terme « smoking jacket » existe en anglais, mais il ne s'agit pas d'un smoking (= dinner jacket / tuxedo) mais d'une veste légère que certains hommes (aisés) mettaient après le dîner.
« Conflation » doit être un mot anglais, je ne le trouve nulle part en contexte français.
Publié : lun. 15 avr. 2013, 10:53
par Islwyn
Jacques-André-Albert a écrit :« Conflation » doit être un mot anglais, je ne le trouve nulle part en contexte français.
Oops ! Le mot est de bonne souche latine, qui
devrait exister en français :D
Publié : lun. 15 avr. 2013, 11:19
par André (G., R.)
Merci, Islwyn, de m’apporter un nouveau renseignement ! Sur les réseaux sociaux de la Toile je vois de plus en plus souvent « oups » quand on veut exprimer, me semble-t-il à la fois un léger étonnement et une demande d’excuses. Apparemment encore un anglicisme, à partir de l'interjection anglaise "oops" !
Publié : lun. 15 avr. 2013, 11:23
par Brazilian dude
Mais j’ai lu plus d’une fois et les dictionnaires que je possède confirment que ni l’anglais de Grande-Bretagne ni celui des États-Unis n’utilisent ce mot, qui correspond à « dinner jacket » pour l’un et à « tuxedo » (cf. votre lien) pour l’autre.
C'est vrai, et
un smoking jacket ne correspond pas
sémantiquement à un
smoking, mais
morphologiquement et
syntaxiquement avec la suppression du second élément. J'ai simplement indiqué que l'invention n'est pas française et que le mot a tout à fait une origine anglaise. Quand le mot est arrivé à d'autres pays, on a peut-être cru que
jacket est un terme superflu parce que, dans les langues qui l'ont adopté, un smoking est toujours un habillement et jamais l'acte de fumer.