"servir" ou "serrer" la main ?

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JR
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Message par JR »

Peut être, mais pas nécessairement.
J'imagine des romans où on pourrait trouver des variantes telles que:
il lui abandonna sa main
il happa sa main
etc . . .
le personnage pourrait être serveur dans un restaurant, et une façon particulière de serrer la main pourrait en découler . . .
L’ignorance est mère de tous les maux.
François Rabelais
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Jacques
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Message par Jacques »

Cela se fait déjà dans la littérature, on use de formules de ce type qui ont un petit côté charmant et quelque peu romantique. Mais avouez que si un garçon de restaurant vous sert la main, il s'agit à l'évidence d'un restaurant d'anthropophages.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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JR
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Message par JR »

Sortant de la cuisine, le maître d'hôtel lui servit une main poisseuse qu'il n'effleura qu'avec dégoût.
Par exemple.
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François Rabelais
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Perkele
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Message par Perkele »

JR a écrit :Peut être, mais pas nécessairement.
J'imagine des romans où on pourrait trouver des variantes telles que:
il lui abandonna sa main
il happa sa main
etc . . .
le personnage pourrait être serveur dans un restaurant, et une façon particulière de serrer la main pourrait en découler . . .
JR a écrit :Sortant de la cuisine, le maître d'hôtel lui servit une main poisseuse qu'il n'effleura qu'avec dégoût.
Par exemple.
Effectivement JR, je n'avais pas pensé à ces tournures métaphoriques qui émaillent - souvent à bon escient - la littérature.

Cependant, ne nous aviez-vous pas dit qu'il s'agissait d'une traduction de "shake hands" ? Le traducteur n'aurait-il alors pas pris une grande liberté dans son oeuvre ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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JR
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Message par JR »

Perkele a écrit : . . . , ne nous aviez-vous pas dit qu'il s'agissait d'une traduction de "shake hands" ? Le traducteur n'aurait-il alors pas pris une grande liberté dans son oeuvre ?
Nan ! C'est pas moi, c'est jac :lol:
Je m'interrogeais sur le texte exact dans le livre en question. :?:
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Jacques
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Message par Jacques »

Dans le texte cité, il y a une subtile différence avec la question de départ. Quand on dit « le maître d'hôtel lui servit une main poisseuse » ce n'est plus le sens de serrer, étreindre la main. Le maître d'hôtel lui tendit, lui offrit une main poisseuse. L'emploi est donc correct, ce n'est pas le geste de salut qui consiste à secouer la main (shake hand).
Dernière modification par Jacques le mer. 27 déc. 2006, 20:40, modifié 1 fois.
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vdesmouret

Message par vdesmouret »

Le père du roman noir a bien utilisé l'expression courante "to shake one's hand", comme je l'écrivais plus haut. De toute façon, on ne peut guère dire autrement en anglais (l'équivalent familier "toucher la main" n'existe pas en anglais). Il y a donc bien une faute de traduction (ou plutôt une faute de français !).
vdesmouret

Message par vdesmouret »

De toute façon, je crois que le traducteur est très mauvais (je ne citerais pas son nom ... par charité chrétienne ... mais il fut pourtant un très éminent professeur d'anglais à la Sorbonne ; que j'ai eu la chance d'éviter !...)
Par exemple, pour ceux ici qui seraient un peu angliciste, il traduit ceci, dans la même oeuvre : "The mailman's back was two houses down the street" = "Le dos du facteur était deux maisons plus bas" (et son devant ? où est-il ? le facteur a-t-il été coupé en deux ?!!!...). En fait, il ne sait visiblement pas que la syntaxe anglaise cherche ici à rendre une perception subjective ("focalisation interne", pour les amateurs !) et que l'on ne saurait rendre cette tournure par un génitif. La bonne traduction est donc : "Le facteur, de dos, se trouvait deux maisons plus bas" ...

P.S. : Il aurait tout aussi bien pu parler des "fesses" du facteur (qui se dit aussi "back", en anglais familier ... on a évité le pire !!!...)
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Jacques
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Message par Jacques »

Les mauvais traducteurs ne sont malheureusement pas rares. C'est à eux que nous devons la détestable traduction d'opportunity en opportunité, la généralisation affligeante du mot site bêtement transposé sans changement de l'anglais, alors que dans cette langue il désigne un endroit, un lieu, et que chez nous c'est un paysage naturel. Nous avons vu et entendu detective story (roman policier) traduit pas " histoire de détective ". L'anglais company est toujours traduit par compagnie alors qu'en français on doit dire société. Nous pourrions donner des dizaines d'exemples, voire plus, sans avoir beaucoup à chercher.
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vdesmouret

Message par vdesmouret »

En principe, l'anglais "opportunity" ne veut pas dire "opportunité" ("opportuness"). On le traduit par "occasion".
Ex : to embrace the opportunity = saisir l'occasion (et pas "l'opportunité")

Souvenirs de mes (bons !) cours de version anglaise ... :roll:
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Jacques
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Message par Jacques »

vdesmouret a écrit :En principe, l'anglais "opportunity" ne veut pas dire "opportunité" ("opportuness"). On le traduit par "occasion".
Ex : to embrace the opportunity = saisir l'occasion (et pas "l'opportunité")

Souvenirs de mes (bons !) cours de version anglaise ... :roll:
C'est la traduction correcte, mais qui la donne encore ainsi ? Tout le monde dit opportunité pour occasion, alors que l'opportunité, c'est le caractère judicieux d'une décision, d'un choix.
Il y a aussi la détestable manie de dire investigation pour enquête (qui est la traduction correcte de l'anglais investigation), et nous avons aussi le mot département qui remplace indûment service ou rayon ; en français, le département est une division géographique et c'est tout, mais pas un secteur dans un magasin, des bureaux ou une entreprise.
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Marco
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Message par Marco »

Je crois qu’il ne faut pas non plus excéder dans le purisme sémantique, surtout lorsque ces significations remontent au latin : investigatio, -onis signifie recherche et enquête, si bien qu’il n’y a, à mon avis, rien de grave à réadopter ce terme dans ce sens.
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Jacques
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Message par Jacques »

Marco a écrit :Je crois qu’il ne faut pas non plus excéder dans le purisme sémantique, surtout lorsque ces significations remontent au latin : investigatio, -onis signifie recherche et enquête, si bien qu’il n’y a, à mon avis, rien de grave à réadopter ce terme dans ce sens.
Pour celui-là d'accord, néanmoins on a établi une différence en français moderne : une enquête est une recherche spécifique, essentiellement dans le domaine judiciaire, qui a pour objet de déterminer les circonstances d'un crime et de démasquer le(s) coupable(s). Les investigations sont de simples recherches sans spécialisation. Mais on peut passer, cependant pour les autres qui sont cités, il y a fautes graves, particulièrement avec opportunité.
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Jacques
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Message par Jacques »

Voici les réponses de Littré,
– pour enquête :
Terme de procédure. Audition de témoins en justice, pour vérifier l'existence ou la non-existence de faits articulés dans un procès.
Études, recherches, en matière de haute administration, faites par ordre de l'autorité. Enquête commerciale. Enquête sur les fers, sur les sucres.
Enquête parlementaire, enquête ordonnée par une assemblée législative et faite en son nom par une commission, sur certains objets d'intérêt public.

– pour investigation :
Action de suivre à la trace, de rechercher attentivement. Les investigations des magistrats ont réussi, le coupable a été saisi. Que de dangers, que de fausses routes dans l'investigation des sciences ! J. J. ROUSS
Je pense que nous ne pouvons pas confondre les deux : l'investigation est une recherche poussée, dans un sens général, l'enquête cherche des indices, des preuves, des témoignages pour établir la vérité sur une énigme, un mystère ; avec une extension de sens : collecte de données en vue d'établir des statistiques. On ne peut pas parler d'une investigation policière comme nous l'entendons maintenant, y compris dans la bouche des spécialistes. L'enquête peut néanmoins s'appuyer sur le résultat de certaines investigations si elles lui apportent des éléments de preuve.
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"servir" ou "serrer" la main

Message par Invité »

Lu dans "HHhH" (Prix Goncourt du premier roman) :
"Moravec sert la main de Kubis en lui souhaitant bonne chance."
page 235
Ed. Grasset
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