Fautif ou non ?
- Perkele
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Bienvenue Remi ! :D
Votre ami considère peut-être le mot "zèle" dans son sens populaire d'"excès". Il pense donc qu'il est redondant de dire "excessif dans l'excès".
Cependant le zèle est tout simplement l'application, l'ardeur, l'empressement que l'on met à accomplir quelque chose. On peut démontrer un zèle "normal", lorsqu'on fait bien son travail, lorsqu'on applique sérieusement des consignes, lorsqu'on agit selon des convictions ; ou un zèle excessif lorsqu'on applique bêtement une procédure malgré les conséquences néfastes qu'on lui connaît, lorsqu'on impose ses idées avec fanatisme.
Il n'y a donc pas, selon moi, pléonasme dans l'expression "excès de zèle".
Votre ami considère peut-être le mot "zèle" dans son sens populaire d'"excès". Il pense donc qu'il est redondant de dire "excessif dans l'excès".
Cependant le zèle est tout simplement l'application, l'ardeur, l'empressement que l'on met à accomplir quelque chose. On peut démontrer un zèle "normal", lorsqu'on fait bien son travail, lorsqu'on applique sérieusement des consignes, lorsqu'on agit selon des convictions ; ou un zèle excessif lorsqu'on applique bêtement une procédure malgré les conséquences néfastes qu'on lui connaît, lorsqu'on impose ses idées avec fanatisme.
Il n'y a donc pas, selon moi, pléonasme dans l'expression "excès de zèle".
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Il y a pléonasme quand on adjoint à un mot une formule qui définit la même idée : reculer en arrière en est un parce que reculer c'est se déplacer vers l'arrière ; idem pour se réunir ensemble, puisque se réunir signifie se retrouver ensemble.
Zèle vient du latin classique zelus, « jalousie » et le latin l'a emprunté au grec zêlos, « émulation » ; il évolue vers les idées de concurrence, application (en vue d'être le meilleur), ferveur. D'où ce concept moderne d'une volonté de bien faire et des efforts déployés pour y parvenir. Comme l'a dit Marco, il y a plusieurs degrés dans cette application à bien faire, qui peut aboutir jusqu'à un abus, un excès. Je pense que votre interlocuteur se laisse influencer par le sens péjoratif que l'on donne souvent à ce mot, en disant de quelqu'un qu'il fait du zèle, car l'expression est devenue synonyme de « il en fait trop ». Mais étymologiquement et sémantiquement, le pléonasme n'existe pas.
Zèle vient du latin classique zelus, « jalousie » et le latin l'a emprunté au grec zêlos, « émulation » ; il évolue vers les idées de concurrence, application (en vue d'être le meilleur), ferveur. D'où ce concept moderne d'une volonté de bien faire et des efforts déployés pour y parvenir. Comme l'a dit Marco, il y a plusieurs degrés dans cette application à bien faire, qui peut aboutir jusqu'à un abus, un excès. Je pense que votre interlocuteur se laisse influencer par le sens péjoratif que l'on donne souvent à ce mot, en disant de quelqu'un qu'il fait du zèle, car l'expression est devenue synonyme de « il en fait trop ». Mais étymologiquement et sémantiquement, le pléonasme n'existe pas.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Au fait, en consultant le Gradus des procédés littéraires, je lis que périssologie est préférable à pléonasme, lorsque la tournure est vicieuse. Mais ce sont certainement des nuances qui restent à discuter, comme beaucoup de choses dans la terminologie des figures de style.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
La périssologie englobe, selon certains, non seulement le pléonasme mais aussi la redondance, et d'aucuns y ajoutent même la tautologie. Cette dernière, pour les uns, est un effet de style parfaitement admissible, et pour les autres une sorte de pléonasme condamnable. Allez donc vous y retrouver ! Avis de Littré à porpos de périssologie :
Terme de littérature. Vice d'élocution qui est une espèce de pléonasme et consiste à ajouter à une pensée déjà suffisamment exprimée d'autres termes qui sont surabondants. Dans cette phrase : ouvrage rempli de beaucoup de beaux traits, beaucoup est une périssologie.
ÉTYMOLOGIE : Du grec, superflu, et, discours.
De cette définition, nous pouvons déduire que le brave docteur Émile qualifie la redondance de périssologie, mais pas le pléonasme. Et voici son avis sur la tautologie :
1° Vice d'élocution par lequel on redit toujours la même chose. Le sophiste trompe ou par des choses fausses, ou par des paradoxes, ou par le solécisme, ou par la tautologie, DIDER. Opin des anc. phil. (Philos. péripatéticienne).
2° Dans les formules de droit, nom donné aux répétitions de mots consacrés. Ainsi vente faite et consommée est une tautologie à deux termes.
Terme de littérature. Vice d'élocution qui est une espèce de pléonasme et consiste à ajouter à une pensée déjà suffisamment exprimée d'autres termes qui sont surabondants. Dans cette phrase : ouvrage rempli de beaucoup de beaux traits, beaucoup est une périssologie.
ÉTYMOLOGIE : Du grec, superflu, et, discours.
De cette définition, nous pouvons déduire que le brave docteur Émile qualifie la redondance de périssologie, mais pas le pléonasme. Et voici son avis sur la tautologie :
1° Vice d'élocution par lequel on redit toujours la même chose. Le sophiste trompe ou par des choses fausses, ou par des paradoxes, ou par le solécisme, ou par la tautologie, DIDER. Opin des anc. phil. (Philos. péripatéticienne).
2° Dans les formules de droit, nom donné aux répétitions de mots consacrés. Ainsi vente faite et consommée est une tautologie à deux termes.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Ce qu’on peut constater c’est que si les lexicographes tentent de dissiper les ambiguïtés, ils ne parviennent pas à accorder leurs définitions. J’aime beaucoup les définitions de Littré mais il y a eu beaucoup d’écrits théoriques sur les tropes depuis.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Cela pourrait aussi s'appeler un truisme, voire une tautologie. Dans le doute, il nous est alors bien commode de nous réfugier derrière l'appellation de périssologie, qui nous évite de trancher.Perkele a écrit :Par exemple : "C'est un mari trompé et sa femme lui est infidèle" ?
C'est à rapprocher un peu de la mauvaise traduction de la devise de Paris, Fluctuat nec mergitur que l'on énonce improprement « Il flotte mais ne sombre pas », ce qui est absurde parce que s'il flotte, c'est évidemment qu'il ne coule pas ; alors que la vraie et bonne traduction (ici j'use de la tautologie) est Il est ballotté [par les flots] mais ne sombre pas. Je ne doute pas qu'ici tout le monde le sache, et ne la cite que par esprit de démonstration.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Merci pour vos réponses très claires quant à mon petit problème !
J'apprécie toujours vos explications limpides et rapides. Je vous lis depuis longtemps, mais n'osais pas participer aux discussions, par crainte tout simplement de dire une bêtise ou de faire une faute dans mon message.
Cela fait bien des années que je suis amoureux de notre belle langue, mais seulement quelques mois que je prends plaisir à considérer tous ces trésors qu'elle nous offre, face à l'étendue des erreurs que l'on entend un peu partout. La lecture du "Bon Français" de Maurice Druon a été déterminante, comme une révélation.
Je me sens donc bien modeste face à vos savoirs respectifs et ne demande qu'à m'en imprégner. N'hésitez pas à me reprendre si vous estimez fautives certaines de mes tournures ; au contraire, je suis avide d'apprendre.
Depuis la rentrée, j'essaye de promouvoir ce "Bon Français", au sein de mon école (Sciences Po Bordeaux) avec quelques opérations, notamment une opération contre "au jour d'aujourd'hui", ou contre "débuter son exposé"... Quelques professeurs acceptent de me soutenir dans ce combat quotidien. Parfois, je me sens désarmé face à l'indifférence de mes camarades, ceux qui disent "on s'en fout, du moment qu'on se comprend"...
Vous lire me donne des forces pour continuer. Pouvoir vous soumettre quelques-unes de mes questions et participer avec vous aux débats prouve à quel point notre langue n'est pas statique, contrairement à ce que pensent les indifférents, ceux qui la laissent s'enfoncer dans le mauvais usage, mais qu'elle est au contraire un art bien vivant, au coeur de vos débats passionnés et toujours courtois.
Merci d'accueillir parmi vous un modeste étudiant qui est ici pour apprendre.
J'apprécie toujours vos explications limpides et rapides. Je vous lis depuis longtemps, mais n'osais pas participer aux discussions, par crainte tout simplement de dire une bêtise ou de faire une faute dans mon message.
Cela fait bien des années que je suis amoureux de notre belle langue, mais seulement quelques mois que je prends plaisir à considérer tous ces trésors qu'elle nous offre, face à l'étendue des erreurs que l'on entend un peu partout. La lecture du "Bon Français" de Maurice Druon a été déterminante, comme une révélation.
Je me sens donc bien modeste face à vos savoirs respectifs et ne demande qu'à m'en imprégner. N'hésitez pas à me reprendre si vous estimez fautives certaines de mes tournures ; au contraire, je suis avide d'apprendre.
Depuis la rentrée, j'essaye de promouvoir ce "Bon Français", au sein de mon école (Sciences Po Bordeaux) avec quelques opérations, notamment une opération contre "au jour d'aujourd'hui", ou contre "débuter son exposé"... Quelques professeurs acceptent de me soutenir dans ce combat quotidien. Parfois, je me sens désarmé face à l'indifférence de mes camarades, ceux qui disent "on s'en fout, du moment qu'on se comprend"...
Vous lire me donne des forces pour continuer. Pouvoir vous soumettre quelques-unes de mes questions et participer avec vous aux débats prouve à quel point notre langue n'est pas statique, contrairement à ce que pensent les indifférents, ceux qui la laissent s'enfoncer dans le mauvais usage, mais qu'elle est au contraire un art bien vivant, au coeur de vos débats passionnés et toujours courtois.
Merci d'accueillir parmi vous un modeste étudiant qui est ici pour apprendre.