Perles d'inculture 1
- Jacques
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On a dit qu'à l'ère du développement technique des communications, paradoxalement, la communication passe mal. C'est donc devenu une habitude qui vous donne au moins partiellement raison, que de renforcer l'expression par des pléonasmes et des redondances.Islwyn a écrit :Oui, mais ces redondances ne viennent-elles pas du simple désir de se faire bien comprendre ? « Une maisonnette, vous dites ? - Oui, mais toute petite, vous comprenez ? »
Nous pouvons comparer ce phénomène avec celui de la tautologie, jadis considérée comme fautive, vivement critiquée par Littré qui la qualifiait de « vice d'élocution par lequel on redit toujours la même chose. » De nos jours, elle n'est plus condamnée, sauf par quelques récalcitrants, mais la plupart des spécialistes la considèrent comme une figure de style visant à renforcer l'expression de la pensée : c'est la vérité pleine et entière, seul et unique, en bonne et due forme, je l'ai entendu de mes propres oreilles, je le ferai moi-même, lui faire cela à lui !...
Le pléonasme se banalise, et finira par devenir peut-être une figure de rhétorique dûment consacrée, au moins dans certains cas.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
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Pardonnez-moi, mais tâche est synonyme de travail. Détâcher, qui n'existe pas (le correcteur d'orthographe de mon navigateur le souligne en rouge) pourrait signifier décharger d'un travail à faire. La faute qui confond l'œuvre à accomplir avec la salissure est malheureusement devenue courante.
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- Jacques
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Je ne crois pas : rendre propre c'est détacher sans accent. Dans la citation il y en a un.André (G., R.) a écrit :N'était-ce pas précisément ce que voulait dénoncer Islwyn ?
Ou alors, il serait temps que je fasse le ménage de mes méninges, ou que je les ménage avant de risquer la maladie méningée.
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Un coup d'œil jeté à l'entrée correspondante du Larousse m'instruit sur l'origine de « détacher » dans le sens « défaire les liens » : il viendrait d'un ancien français tache, agrafe. Le Robert DHLF, lui, ne mentionne pas ce mot, mais parle d'une racine germanique qui aurait également donné « étai » en français.
- Jacques
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Jacqueline Picoche, linguiste connue, rapporte le verbe détacher au mot étai, d'une base germanique stak- « pieu, piquet ».André (G., R.) a écrit :Un coup d'œil jeté à l'entrée correspondante du Larousse m'instruit sur l'origine de « détacher » dans le sens « défaire les liens » : il viendrait d'un ancien français tache, agrafe. Le Robert DHLF, lui, ne mentionne pas ce mot, mais parle d'une racine germanique qui aurait également donné « étai » en français.
(Je suppose qu'elle se réfère au germanique, langue mère qui a engendré la famille de langues).
Étai vient du francique staka. Pas d'agrafe en vue !
De là attacher, réfection de l'ancien français estachier « fixer, ficher », issu du latin vulgaire staccare inspiré du francique stakkôn. Le contraire détacher apparaît au XIIe siècle.
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