Féminisations, encore !
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Je n'ai pas signalé, en effet, que je ne considérais que les épicènes d'un seul genre, mais je ne pensais pas devoir le faire, parce que professeur et défenseur entrent bien dans cette catégorie. Je ne comprends pas comment vous pouvez penser que l'on pourrait écrire « une défenseur ». Les dictionnaires ne connaissent ce nom, comme tous ceux en -eur, je crois, qu'au masculin. C'est d'ailleurs précisément parce que ce suffixe est ressenti, à juste titre, comme typiquement masculin qu'est proposé l'ajout d'un E pour la féminisation de certains noms le comportant.
"Professeur" est très largement déjà épicène et employé souvent au féminin :
https://www.google.fr/search?q=%22sa+pr ... fesseur%22
"Défenseur" ne l'est pas du tout, par manque d'usage. Pourtant les noms féminins en -eur sont nombreux : peur, odeur, sœur, rancœur, sueur, maigreur, vigueur, fraîcheur, splendeur, erreur, blancheur, ardeur, frayeur, douceur, longueur, fleur, profondeur, lenteur...
Il n'est donc pas choquant, en principe, d'avoir un nom féminin en -eur, mais il est exact que je ne connais pas de mot en -eur qui puisse être aussi bien féminin que masculin, à part professeur.
L'inhabitude nous rend "la défenseur" étrange, d'où le recours à "défenseure" ou "défenseuse".
https://www.google.fr/search?q=%22sa+pr ... fesseur%22
"Défenseur" ne l'est pas du tout, par manque d'usage. Pourtant les noms féminins en -eur sont nombreux : peur, odeur, sœur, rancœur, sueur, maigreur, vigueur, fraîcheur, splendeur, erreur, blancheur, ardeur, frayeur, douceur, longueur, fleur, profondeur, lenteur...
Il n'est donc pas choquant, en principe, d'avoir un nom féminin en -eur, mais il est exact que je ne connais pas de mot en -eur qui puisse être aussi bien féminin que masculin, à part professeur.
L'inhabitude nous rend "la défenseur" étrange, d'où le recours à "défenseure" ou "défenseuse".
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Je ne crois pas que vous puissiez trouver le moindre dictionnaire où professeur serait attesté au féminin. Je me dis que sur FNBL nous devons éviter de cautionner des dérives contestables.
Vous employez « épicène » dans son acception qui me paraît être la moins répandue (nom, pronom ou adjectif qui ne varie pas selon le genre, comme enfant, toi, rouge [Larousse]). Il me semble que dans le sens plus habituel de l'adjectif (Se dit d'un nom qui désigne indifféremment le mâle et la femelle d'une espèce [Larousse]), professeur est épicène et l'est depuis longtemps, parce qu'il ne possède que le genre masculin et peut désigner aussi bien des femmes que des hommes (les exemples les plus souvent donnés pour illustrer le sens de cet adjectif sont plutôt les noms d'animaux comme panthère [épicène féminin], écureuil [épicène masculin]...).
Vous employez « épicène » dans son acception qui me paraît être la moins répandue (nom, pronom ou adjectif qui ne varie pas selon le genre, comme enfant, toi, rouge [Larousse]). Il me semble que dans le sens plus habituel de l'adjectif (Se dit d'un nom qui désigne indifféremment le mâle et la femelle d'une espèce [Larousse]), professeur est épicène et l'est depuis longtemps, parce qu'il ne possède que le genre masculin et peut désigner aussi bien des femmes que des hommes (les exemples les plus souvent donnés pour illustrer le sens de cet adjectif sont plutôt les noms d'animaux comme panthère [épicène féminin], écureuil [épicène masculin]...).
Hum !André (G., R.) a écrit :Je ne crois pas que vous puissiez trouver le moindre dictionnaire où professeur serait attesté au féminin.
PLI 2005 : REM. Au fém., on rencontre aussi une professeur.
PR 1993 : Elle est professeur.
Larousse en ligne :
Genre
Dans l'expression soignée, professeur est employé au masculin, même pour désigner une femme : Mme Jeanne-Thérèse Demorel, professeur agrégé de médecine. Martine Balto est un excellent professeur. Lorsqu'il est nécessaire de préciser que le professeur appartient au sexe féminin, on dit ou on écrit femme professeur (ou professeur femme). - Dans l'expression orale courante, professeur s'emploie au féminin pour désigner une femme : une professeur d'anglais, de lettres.
Emploi
Dans l'usage familier (dans les collèges et les lycées, en particulier), professeur est souvent abrégé en prof et s'emploie aux deux genres : un jeune prof ; la prof d'histoire-géo ; elle est prof à Montpellier.
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Merci. J'aurais peut-être dû pousser la prudence (« Je ne crois pas... ») jusqu'à écrire que je ne connais aucun dictionnaire comportant une entrée PROFESSEUR, nom féminin.
D'ailleurs dans Elle est professeur rien n'indique que le nom aurait ce genre. Le Robert en six volumes ne connaît que le masculin et donne comme exemple d'emploi Il, elle est professeur au lycée Louis-le-Grand. Et le Larousse en ligne (de même que l'édition sur papier de 2016) rend compte de ce qui s'est passé avant qu'on en vienne à écrire une professeure. L'entrée se présente ainsi : PROFESSEUR, E n. et l'article se termine par ces mots : Au fém. on rencontre aussi une professeur.
Que ne rencontre-t-on pas ! Je ne peux qu'évoquer à nouveau Jacques, qui déplorait le simple compte rendu d'états de faits linguistiques par les dictionnaires et regrettait leur réserve en matière de conseils sur la forme et l'emploi de certains mots.
D'ailleurs dans Elle est professeur rien n'indique que le nom aurait ce genre. Le Robert en six volumes ne connaît que le masculin et donne comme exemple d'emploi Il, elle est professeur au lycée Louis-le-Grand. Et le Larousse en ligne (de même que l'édition sur papier de 2016) rend compte de ce qui s'est passé avant qu'on en vienne à écrire une professeure. L'entrée se présente ainsi : PROFESSEUR, E n. et l'article se termine par ces mots : Au fém. on rencontre aussi une professeur.
Que ne rencontre-t-on pas ! Je ne peux qu'évoquer à nouveau Jacques, qui déplorait le simple compte rendu d'états de faits linguistiques par les dictionnaires et regrettait leur réserve en matière de conseils sur la forme et l'emploi de certains mots.
- Islwyn
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Attitude qui m'a toujours étonné, je dois l'avouer. Lexicographe intermittent de mon temps, j'ai toujours eu pour principe, comme mes collaborateurs, que les dictionnaires dignes de ce nom enregistrent l'usage sans se permettre de jugement de valeur sur cet usage, si ce n'est que quand celui-ci est manifestement erroné mais tout de même pratiqué.André (G., R.) a écrit :Que ne rencontre-t-on pas ! Je ne peux qu'évoquer à nouveau Jacques, qui déplorait le simple compte rendu d'états de faits linguistiques par les dictionnaires et regrettait leur réserve en matière de conseils sur la forme et l'emploi de certains mots.
Que pensez-vous de
« la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Adeline Hazan »
(Francetv.info)
Quantum mutatus ab illo
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Tout est là ! Il me semble que chaque lexicographe doit se poser la question de savoir si l'usage risque d'entériner des fautes.
« Contrôleuse » existe depuis belle lurette ! Je ne vois guère que l'Office québécois de la langue française pour essayer d'imposer « contrôleure »... ou madame HAZAN, dont j'apprends que c'est une femme politique.
« Contrôleuse » existe depuis belle lurette ! Je ne vois guère que l'Office québécois de la langue française pour essayer d'imposer « contrôleure »... ou madame HAZAN, dont j'apprends que c'est une femme politique.
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L'embarras où l'on est se voit dans les hésitations de l'usage.
Le Monde en février 2016 :
Dans un avis publié jeudi 18 février, Adeline Hazan, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, dresse un constat sans appel.
Le Monde en mars 2016 :
La Contrôleure générale des prisons dénonce les conséquences néfastes de la surpopulation.
Même embarras dans les documents officiels :
contrôleuse contre contrôleure. Ce dernier vient du site de l'intéressée, on peut penser que c'est la forme retenue par elle.
Le Monde en février 2016 :
Dans un avis publié jeudi 18 février, Adeline Hazan, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, dresse un constat sans appel.
Le Monde en mars 2016 :
La Contrôleure générale des prisons dénonce les conséquences néfastes de la surpopulation.
Même embarras dans les documents officiels :
contrôleuse contre contrôleure. Ce dernier vient du site de l'intéressée, on peut penser que c'est la forme retenue par elle.
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Je ne sais pas pour Madame Hazan, mais pour l'Office québécois de la langue française, au contraire, les fiches suivantes montrent qu'il retient contrôleuse et non contrôleure :André (G., R.) a écrit :Je ne vois guère que l'Office québécois de la langue française pour essayer d'imposer « contrôleure »... ou madame HAZAN, dont j'apprends que c'est une femme politique.
http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?id=1914
http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?Al=1&id=3336&D
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- Islwyn
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Lecture intéressante ce matin, à la radio britannique, de l'abrégé d'un roman relatant « la flâneuserie » à Paris.
Les Anglais / Américains ont parfois problème avec la notion de genre du français. Il n'y a pas longtemps j'ai entendu, également à la radio, « à Paris, j'ai toujours fumé un Gaulois, là où mes amis français ne fumaient que des blondes ». L'image fait quand même rêver...
Les Anglais / Américains ont parfois problème avec la notion de genre du français. Il n'y a pas longtemps j'ai entendu, également à la radio, « à Paris, j'ai toujours fumé un Gaulois, là où mes amis français ne fumaient que des blondes ». L'image fait quand même rêver...
Quantum mutatus ab illo
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« Flâneuserie » m'est inconnu, mais il semblerait qu'on puisse le trouver en anglais (sans accent circonflexe). La lecture dont vous parlez concernait-elle un texte en anglais ou dans notre langue ? Quoi qu'il en soit, « flâneur » se féminise très banalement en « flâneuse ».
La phrase « à Paris, j'ai toujours fumé un Gaulois, là où mes amis français ne fumaient que des blondes » a-t-elle été prononcée en français par un Français ? Probablement pas. Mais alors j'imagine mal son contexte.
La phrase « à Paris, j'ai toujours fumé un Gaulois, là où mes amis français ne fumaient que des blondes » a-t-elle été prononcée en français par un Français ? Probablement pas. Mais alors j'imagine mal son contexte.