Personnellement je n'ai jamais compris pourquoi le titre original Gone with the wind avait été traduit Autant en emporte le vent !shokin a écrit :Alors au temps ou autant en emporte le vent ?
Autant
J'ai entendu cette expression pour la première fois au service militaire (propos de sous-off)Jacques-André-Albert a écrit :Moi non plus je ne l'ai pas entendue dans ma famille, mais plutôt dans le monde du travail.Perkele a écrit :Autre chose. J'ai entendu cette expression pour la première fois quand j'avais une quinzaine d'année en écoutant une conversation entre hommes. Je ne l'ai jamais entendue dans ma famille. Est-elle si courante ?
- Jacques
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Nous ne sommes pas dans le secret des traducteurs, mais pour un titre il faut trouver quelque chose qui « accroche ». Parti avec le vent, ce n'est pas très joli. Emporté par le vent c'est déjà mieux mais on s'éloigne de la forme d'origine tout en gardant malgré tout l'idée.Herdé76 a écrit :Personnellement je n'ai jamais compris pourquoi le titre original Gone with the wind avait été traduit Autant en emporte le vent !shokin a écrit :Alors au temps ou autant en emporte le vent ?
Il est vrai que cette expression toute faite était peut-être une commodité, mais Larousse l'explique ainsi : Se dit de promesses auxquelles on ne croit pas ou qui ne sont pas réalisées. Je ne me rappelle plus bien l'histoire, j'ai vu le film il y a 40 à 50 ans, je me demande si elle colle bien avec cette formule.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
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Dans la ballade de Villon citée par JAA, il ne s'agit pas seulement des paroles, des promesses qui sont emportées avec le vent, ce sont tous les grands personnages décédés. La traduction française me semble très bien trouvée.Jacques a écrit :Larousse l'explique ainsi : Se dit de promesses auxquelles on ne croit pas ou qui ne sont pas réalisées. Je ne me rappelle plus bien l'histoire, j'ai vu le film il y a 40 à 50 ans, je me demande si elle colle bien avec cette formule.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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Lorsqu'on apprend à animer des débats, on s'entraîne à protéger l'opinion minoritaire pour qu'elle ne soit pas évincée sans avoir été discutée.Herdé76 a écrit :Boris Vian a écrit (je cite à peu près) "la majorité a souvent tort et la minorité raison". Ça doit être vrai pour Google.Perkele a écrit :Le nombre ne fait pas la vérité que ce soit sur Google ou ailleurs.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
J'ai un peu la même impression que vous.Jacques-André-Albert a écrit :Je suis persuadé que « au temps pour moi » a été fabriqué de toutes pièces pour expliquer une expression populaire, comme fainéant a été imposé au détriment de feignant.
Cela dit, j'évite autant que possible le problème en utilisant très peu cette expression à l'écrit. Il me semble qu'elle est relativement répandue (pour répondre à la question de Perkele), mais surtout dans de petits dialogues de la vie de tous les jours où la différence entre les deux graphies ne s'entend pas. Je ne vois pas dans quel contexte je serais amené à l'utiliser dans un document écrit où je ne réplique pas tout de suite à une phrase dite par mon interlocuteur.
Dans un message électronique, peut-être... Mais on sait que la tolérance est assez grande dans un tel contexte...
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
- Jacques-André-Albert
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Je crois que personne ne conteste l'ordre donné dans le cadre militaire, qu'il soit « au temps ! » ou « al tempo ! ».
C'est quand il est assorti d'un « pour moi » que le doute est permis.
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Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Klausinski
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Entendu aujourd'hui, lancé joyeusement à une personne qui interrompt une assemblée pour faire un commentaire, faisant tout de suite après remarquer que son commentaire ne se justifie pas : « Autant pour toi ! » (ou « Au temps pour toi »).
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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Pour ma part, je ne comprends même pas le sens de au temps ! ou au temps pour les crosses ! dans un contexte militaire. S'il s'agit de revenir en arrière, au temps, alors à quel temps ?
Dans le langage courant, le temps peut être une époque ou une durée, pas un instant déterminé ; en musique, le temps peut être considéré comme un instant, mais la pulsation marque une succession de temps, nombreux, et si on s'est trompé, on dira qu'on reprend au troisième temps de de la cinquième mesure, par exemple, mais pas au temps tout seul, cela ne signifierait rien.
Alors au temps pour moi... Pourquoi pour moi ? Bref, je ne comprends pas.
En revanche, je saisis tout à fait le sens de l'orthographe autant pour moi, comme JAA l'a expliqué.
Dans le langage courant, le temps peut être une époque ou une durée, pas un instant déterminé ; en musique, le temps peut être considéré comme un instant, mais la pulsation marque une succession de temps, nombreux, et si on s'est trompé, on dira qu'on reprend au troisième temps de de la cinquième mesure, par exemple, mais pas au temps tout seul, cela ne signifierait rien.
Alors au temps pour moi... Pourquoi pour moi ? Bref, je ne comprends pas.
En revanche, je saisis tout à fait le sens de l'orthographe autant pour moi, comme JAA l'a expliqué.
Dernière modification par Anne le lun. 19 août 2013, 14:46, modifié 1 fois.
- Klausinski
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Selon Girodet, il s'agit du premier temps d'un mouvement.Anne a écrit :Pour ma part, je ne comprends même pas le sens de au temps ! ou au temps pour les crosses ! dans un contexte militaire. S'il s'agit de revenir en arrière, au temps, alors à quel temps ? (Il faut dire que je n'ai jamais eu l'occasion de connaître le milieu militaire autrement que dans les livres.)
L'expression était utilisée lors des exercices de maniement d'armes. Si le gradé constatait un défaut de synchronisation ou si un bruit de crosse se faisait entendre, il disait « Au temps pour les crosses ».
Je trouve un exemple d'emploi non militaire dans un roman de Roland Dorgelès en 1923. Si je comprends bien le contexte, deux hommes luttent contre le vent pour essayer de faire un toit, mais la plupart des tuiles tombent à terre.
Un inconnu, qui passait sur la route portant une vieille valise saucissonnée de grosses cordes, s'était arrêté pour les regarder faire, son long visage éclairé d'un sourire farceur. À chaque nouvelle catastrophe, il constatait d'un air ravi : – Au temps pour les crosses ! Et les compagnons commençaient à regarder de travers ce grand dégingandé à face chevaline.
En 1929 (si l'on en croit Google livres), on trouve même l'expression employée dans le sens de « Au temps pour moi » :
L'ABBÉ. — Je viens de le donner à votre femme.
M. CAZOTTE, sautaut. — À ma femme ! Malheureux
L'ABBÉ. — Fallait pas?
M. CAZOTTE. — Ah ! fichtre non !...
L'ABBÉ. — Au temps pour les crosses !
Il ne serait donc pas étonnant que cette expression militaire soit passée dans le langage courant et que l'on ait dit « pour moi » au lieu de « pour les crosses ». Je dois dire que je comprends mieux cette expression ainsi, qu'orthographiée « autant pour moi ». J'ai beau lire et relire JAA, je ne trouve pas cette graphie naturelle. Si elle l'est tant, pourquoi n'en relève-t-on pas d'exemples (en tout cas d'après mes recherches) avant qu'ait été popularisée l'expression « Au temps pour les crosses » ? Du reste, si l'on considère que cette tournure a commencé à se propager au début du XXe siècle, il semble peu vraisemblable que les esprits de cette époque en aient formé une de ce type, où autant a une acception qui lui est peu habituelle. Il me semble plus naturel que la formule bien connue de tous, entendue plusieurs fois lors du service militaire, ait été détournée par quelques amateurs de bons mots.
Dernière modification par Klausinski le ven. 25 janv. 2013, 9:43, modifié 1 fois.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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Un document supplémentaire :
Les recrues qui font l'exercice à la caserne se familiarisent vite avec le commandement qui les oblige à recommencer un mouvement d'ensemble jugé imparfait. « Au temps, pour les crosses! » crie l'adjudant. De même, un exercice acrobatique nécessite une succession de mouvements, forts ou faibles, exécutés, selon le rythme qui lui est propre, à des temps déterminés. Le moment précis où l'acrobate doit donner soit un coup de tête ou d'épaules soit une détente de poitrine ou un fouettement de jambes s'appelle le temps. Donner le temps, c'est exécuter le mouvement. Avoir le temps, c'est savoir l'exécuter.
Vie et langage, numéros 118 à 119, 1962
Les recrues qui font l'exercice à la caserne se familiarisent vite avec le commandement qui les oblige à recommencer un mouvement d'ensemble jugé imparfait. « Au temps, pour les crosses! » crie l'adjudant. De même, un exercice acrobatique nécessite une succession de mouvements, forts ou faibles, exécutés, selon le rythme qui lui est propre, à des temps déterminés. Le moment précis où l'acrobate doit donner soit un coup de tête ou d'épaules soit une détente de poitrine ou un fouettement de jambes s'appelle le temps. Donner le temps, c'est exécuter le mouvement. Avoir le temps, c'est savoir l'exécuter.
Vie et langage, numéros 118 à 119, 1962
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Jacques
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Je comprends votre perplexité Anne, je n'ai pas moi-même une quelconque expérience militaire, ayant été réformé au conseil de révision. Voici mon éclairage personnel : les mouvements bien définis, dans les exercices militaires ou en gymnastique, se décomposent en plusieurs étapes appelées des temps. Dans le fameux « Présentez, armes ! », les crosses des fusils reposent au sol, puis on effectue un mouvement en plusieurs temps pour arriver à la phase finale. Il faut un synchronisme parfait entre les différents hommes de troupe lors de l'exécution de chaque temps. Si ce n'est pas impeccable, le sous-officier commande : Au temps pour les crosses ! c'est-à-dire revenez au premier temps, donc en repartant de la position d'origine, crosse au sol.
Le monde de la gymnastique s'est emparé de l'expression, en éliminant les crosses et en réduisant le commandement à Au temps ! Puis cet ordre est passé dans le langage courant, sous la forme « Au temps pour moi » : je me suis trompé, je reviens au premier temps, à mon point de départ.
D'aucuns sur le forum contestent cette explication pour ce qui concerne le monde civil, nul ne peut dire en effet si elle est avérée (elle ne l'est probablement pas). De fait, quand on ne connaît pas l'histoire supposée, c'est autant qui vient spontanément sous la plume. Autant n'est pas toujours un comparatif d'égalité, quand on dit par exemple : puisqu'il n'y a pas moyen d'échapper à la corvée, autant s'y mettre tout de suite.
Le monde de la gymnastique s'est emparé de l'expression, en éliminant les crosses et en réduisant le commandement à Au temps ! Puis cet ordre est passé dans le langage courant, sous la forme « Au temps pour moi » : je me suis trompé, je reviens au premier temps, à mon point de départ.
D'aucuns sur le forum contestent cette explication pour ce qui concerne le monde civil, nul ne peut dire en effet si elle est avérée (elle ne l'est probablement pas). De fait, quand on ne connaît pas l'histoire supposée, c'est autant qui vient spontanément sous la plume. Autant n'est pas toujours un comparatif d'égalité, quand on dit par exemple : puisqu'il n'y a pas moyen d'échapper à la corvée, autant s'y mettre tout de suite.
Dernière modification par Jacques le ven. 25 janv. 2013, 8:28, modifié 2 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).