Fautes très et trop courantes

Pour les sujets qui ne concernent pas les autres catégories, ou en impliquent plus d’une
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Merci. Il y a longtemps que j'ai entendu parler du pasteur NEANDER pour la première fois, mais j'ignorais que son nom résultait d'une réécriture hellénisante de NEUMANN.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

On lit sur le site d'un grand hebdomadaire français : Une équipe belge interdit les cyclistes de porter la barbe, jugée « sale ».
Apparemment ce journal n'interdit pas ses collaborateurs de maltraiter le français... Permettra-t-il des lecteurs qu'ils le lui signalent ?
Des professionnels de la langue qui ne distinguent pas COI (aux cyclistes) et COD (les cyclistes) ont de quoi étonner.
Recyclages à envisager ?
Ou blague belge ?
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Ces professionnels de la transmission de l'information, comme je les appellerais plutôt, sont certainement nourris de tournures anglaises. Mon traducteur Google me donne, pour « interdire aux cyclistes de porter la barbe » : « prohibit cyclists from wearing their beards ». C'est peut-être une explication.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Islwyn
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Message par Islwyn »

C'est exact, à cela près qu'on dirait plutôt « wearing a beard ». Mais il est étonnant quand même qu'une construction de base en français soit oubliée dans cette « transmission » !
Quantum mutatus ab illo
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Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

"Interdire", comme "enjoindre", est souvent l'occasion de fautes dans les médias. Il me semble que la syntaxe de ces verbes est en train de changer, et je ne sais pas encore si la résistance des forums de langue comme le nôtre ou des associations comme DLF sera une digue suffisante contre la submersion.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

On peut l'expliquer de cette manière : la mise à mal des méthodes d'apprentissage du français par des théoriciens de la pédagogie aventureux et mal inspirés, l'abandon des références littéraires, ainsi que la fréquentation assidue de l'information en anglais et la fascination exercée par cette langue sur des milieux qui se veulent « branchés » et « modernes ».
J'ai plus d'une fois constaté que, par un curieux effet de vases communicants, l'attirance pour l'anglais allait souvent de pair, chez certains, avec l'ignorance du français.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
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Claude
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Message par Claude »

Leclerc92 a écrit :"Interdire", comme "enjoindre", est souvent l'occasion de fautes dans les médias. Il me semble que la syntaxe de ces verbes est en train de changer, et je ne sais pas encore si la résistance des forums de langue comme le nôtre ou des associations comme DLF sera une digue suffisante contre la submersion.
Sont-ce les récents ouragans qui vous ont inspiré ? :lol:
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Islwyn
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Message par Islwyn »

Vous savez, lors de mes premiers contacts avec le français, au lycée il y a pres de soixante ans, cette langue nous fut enseignée comme la langue moderne qu'il fallait absolument apprendre. L'allemand, à cette époque-là, n'avait pas bonne odeur, pour des raisons que vous apprécierez facilement, impression renforcée par les premiers Français que j'ai connus, qui n'avaient que de mauvais souvenirs de l'Occupation (ah oui, même en 1966 !). Sans doute l'anglais, pour ne pas dire le franglais, avait déjà à cette époque-là ses entrées dans l'Hexagone, certains auteurs croyaient faire chic en adoptant les anglo-américanismes (Boris Vian, que j'adore quoi qu'on en dise, y était pour quelque chose). Ce qui m'a frappé lors de mes premiers longs séjours en France, à Paris bien sûr, mais aussi à Versailles, à Poitiers, à Toulouse, ç'a été l'inconscience des entreprises étrangères (je veux dire américaines), qui transportaient leur langue d'origine au beau milieu de la France. J'ai longtemps eu peur de commander quelque chose dans un McDo parce que je ne savais pas prononcer « cheeseburger » ou « filet o'fish » en français ! « Mais voyons, voyons, me disais-je, vous ne faites même pas le tout petit effort nécessaire pour nous parler en français ! »
Mais si les vocables anglo-américains se glissent aisément dans la langue parlée et surtout dans le langage publicitaire, il reste plutôt rare qu'une syntaxe bien française soit bouleversée par une construction étrangère au génie de la langue. Espérons que cela continue.
Quantum mutatus ab illo
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Leclerc92 a écrit :je ne sais pas encore si la résistance des forums de langue comme le nôtre ou des associations comme DLF sera une digue suffisante contre la submersion.
Je ne désespère pas. Le parallèle entre « interdire les cyclistes de porter la barbe » (COD sous forme d'un groupe infinitif) et « interdire aux cyclistes le port de la barbe » (COD sous forme d'un groupe nominal) devrait ramener les brebis égarées dans le droit chemin. Qui imaginerait « interdire les cyclistes le port de la barbe » ?
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Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

La contamination se fait peut-être par l'intermédiaire de : « interdire les cyclistes de port de la barbe » ?, à la suite d'une formule qui se répand "la banque a interdit Dupont de carte bancaire", "être interdit de casino".

En parlant de banque, BNP Paribas m'envoie une lettre d'information accompagnée de cette lettre :
« Je vous invite à découvrir la nouvelle lettre d'information financière qui vous est périodiquement destinée. »
Je trouve l'adverbe bizarre ici. J'aurais trouvé plus logique et conforme à la réalité :
« Je vous invite à découvrir la nouvelle lettre d'information financière périodique qui vous est destinée. »
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

À vrai dire on comprend, bien entendu.
Mais stricto sensu, si « la lettre d'information financière » a une valeur générale et qu'on la reçoit « périodiquement », « nouvelle » ne convient pas, me semble-t-il.
À l'inverse, si ce groupe nominal ne concerne qu'une lettre – la nouvelle –, c'est en contradiction avec « périodiquement ». Je trouve votre phrase préférable à celle de la banque ; mais, pour la même raison, « périodique » m'y gêne.
Peut-être : Je vous invite à découvrir un nouvel exemplaire de la lettre d'information financière que vous recevez périodiquement.
C'est lourd, mais « nouvel » ne se rapporte pas à « lettre », lui-même complété par « que vous recevez périodiquement ». Par ailleurs, « périodiquement », qui signifie « de façon périodique » pour le Larousse, est peut-être acceptable.
Je ne trouve rien de satisfaisant en conservant le début de phrase « Je vous invite à découvrir la nouvelle lettre d'information financière ».
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Islwyn a écrit :Vous savez, lors de mes premiers contacts avec le français, au lycée il y a près de soixante ans, cette langue nous fut enseignée comme la langue moderne qu'il fallait absolument apprendre. L'allemand, à cette époque-là, n'avait pas bonne odeur, pour des raisons que vous apprécierez facilement, impression renforcée par les premiers Français que j'ai connus, qui n'avaient que de mauvais souvenirs de l'Occupation (ah oui, même en 1966 !). Sans doute l'anglais, pour ne pas dire le franglais, avait déjà à cette époque-là ses entrées dans l'Hexagone, certains auteurs croyaient faire chic en adoptant les anglo-américanismes (Boris Vian, que j'adore quoi qu'on en dise, y était pour quelque chose). Ce qui m'a frappé lors de mes premiers longs séjours en France, à Paris bien sûr, mais aussi à Versailles, à Poitiers, à Toulouse, ç'a été l'inconscience des entreprises étrangères (je veux dire américaines), qui transportaient leur langue d'origine au beau milieu de la France. J'ai longtemps eu peur de commander quelque chose dans un McDo parce que je ne savais pas prononcer « cheeseburger » ou « filet o'fish » en français ! « Mais voyons, voyons, me disais-je, vous ne faites même pas le tout petit effort nécessaire pour nous parler en français ! »
Mais si les vocables anglo-américains se glissent aisément dans la langue parlée et surtout dans le langage publicitaire, il reste plutôt rare qu'une syntaxe bien française soit bouleversée par une construction étrangère au génie de la langue. Espérons que cela continue.
Votre regard de non locuteur natif sur notre langue est passionnant.

Nous sommes probablement à peu près du même âge : à l'époque de vos premiers contacts avec notre langue, la guerre relativement récente était effectivement très présente dans les mentalités. Prisonnier pendant quatre ans, mon père était revenu d'Allemagne avec un état d'esprit différent de celui de la majorité de la population française (et britannique) à l'égard de ce pays. Tandis que les Français qui avaient connu l'Occupation en gardaient bien entendu un mauvais souvenir, auquel il faut ajouter, si l'on veut être honnête, une certaine mauvaise conscience, pour une part non négligeable de la population, lui avait compris que l'avenir serait forcément très différent du passé : bien que son allemand laissât beaucoup à désirer et fût partiellement dialectal (thuringien), il m'en avait enseigné quelques rudiments avant mon entrée en sixième, où cette langue s'imposa tout naturellement pour moi.

Ce que nous appelons l'anglomanie concerne surtout l'influence de l'anglais des États-Unis sur le français. Le rôle global des Américains pendant la guerre et le souvenir laissé dans les régions françaises qu'ils avaient traversées jouaient clairement en leur faveur (mais on oublie parfois la bonne réputation qu'avait alors aussi l'armée soviétique, en particulier dans les banlieues). Vous parlez de l'« inconscience » des entreprises américaines apportant leur langue en France. Il faut bien admettre qu'il y avait un terreau favorable !

On dit souvent que les Britanniques regardent plus vers les États-Unis que vers l’Europe continentale. Il me semble toutefois que culturellement, économiquement et politiquement vous êtes en réalité tiraillés entre le vieux continent et le grand large. Linguistiquement vous ne pouvez évidemment que vous féliciter du prestige et de la force que votre langue gagne grâce à la superpuissance américaine. Encore que, comme on l’a déjà vu ici, cela ait quelques (tout petits) inconvénients pour l'anglais britannique.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Si l'on vous invite à découvrir la lettre, elle vous est forcément destinée ! Ne peut-on se passer de « destinée » ou « recevez » ? « Je vous invite à découvrir le nouvel exemplaire de notre lettre d'information financière périodique » ?
André (G., R.)
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Hameçonnage

Message par André (G., R.) »

Qui aurait l'idée de dire « mordre au hameçon » ? Hier soir, au journal télévisé d'une grande chaîne : « Le phishing, qu'on appelle aussi le hameçonnage... ».
Dans le Larousse de 2016 l'hameçonnage est défini comme une « technique de fraude par courriel, basée sur l'usurpation d'identité de banques ou d'entreprises commerciales, afin d'obtenir de particuliers des renseignements confidentiels... » et le mot est considéré comme un québécisme, ce qu'à mon avis il a cessé d'être aujourd'hui après s'être répandu dans le reste de la francophonie. Je ne sais si beaucoup de particuliers en sont victimes ; j'ai en tout cas reçu trois ou quatre fois des courriels de personnes de connaissance – m'annonçant par exemple leurs difficultés financières –, que j'ai immédiatement supprimés !
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Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

L'hameçonnage, c'est plutôt quand on reçoit le courriel d'une banque vous demandant de redonner le code confidentiel ou vous demander de cliquer sur un lien étrange pour, prétendûment, remettre à jour vous donner, ou permettre le versement d'un remboursement d'impôt...
J'en reçois assez souvent, mais la plupart sont aisément reconnaissables : ils sont truffés de fautes de français et ils prétendent généralement émaner de banques où je n'ai même pas de compte !

J'ai constaté plusieurs fois que "hameçon" était prononcé avec un "h" aspiré et je crains que "hameçonnage" le sera encore plus. Du reste, sur Google tout venant, les attestations "le hameçonnage" semblent plus nombreuses que "l'hameçonnage". En se limitant à Google Livres, donc avec quand même un certain contrôle, on constate que "le hameçonnage" fait quand même la moitié des scores de "l'hameçonnage".
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