S'il est un domaine où l'adjectif « relatif » convient bien, c'est celui des mots ressentis comme grossiers, vulgaires, impolis. Il suffit de changer de région ou de période pour s'en convaincre. Je ne suis pas sûr que le mot auquel vous pensez, Jacques, et que j'aurais écrit ici si vous ne vous l'étiez pas interdit vous-même, laisse la même impression qu'à nous aux Suisses en général, ni même donc aux francophones d'entre eux en particulier : il me semble qu'ils l'utilisent aussi à l'entrée des lieux concernés.Jacques a écrit : Il y en a un qui m'avait frappé, en Autriche ; sur les latrines publiques il était écrit, en français, l'équivalent d'urinoir mais en plus vulgaire.
Il serait intéressant, là aussi, de savoir comment ce mot, qu'on n'oserait pas écrire dans les pays francophones, est allé se nicher là-bas. D'ailleurs, en France, il s'agit d'un régionalisme.
Perles d'inculture 1
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- Jacques
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J'ai hésité avant d'écrire ce mot. Ce n'est pas franchement grossier mais disons peu élégant. Où doit s'arrêter la censure ? Cela dépend surtout du jugement des membres du forum, alors dans le doute je m'abstiens afin de ne pas choquer. Mais ce qui m'intrigue surtout, c'est qu'il soit utilisé dans un pays germanophone. Il est vrai que le verbe, en anglais, a des allures bien françaises. En allemand, je ne connais pas l'équivalent.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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C'est la raison pour laquelle j'ai parlé de la Suisse : c'est manifestement par son intermédiaire qu'il est arrivé en Autriche, avant de passer en Allemagne. Son adoption en ces pays a été facilitée par ailleurs par l'existence du verbe pissen, lui-même d'origine française, une onomatopée étant à son origine chez nous.Jacques a écrit :ce qui m'intrigue surtout, c'est qu'il soit utilisé dans un pays germanophone.
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- Islwyn
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Ce qui n'est pas très bien connu : le verbe anglais to piss, intransitif comme on s'y attendrait, tire son origine du verbe transitif to bepiss, on pouvait donc dire au Moyen-Âge he bepissed the floor. Mais, vu l'hésitation de Jacques, je ne crois pas délicat de poursuivre... Mais ce n'est qu'un mot.
Je me permets d'ajouter que pendant ma lexicographie d'antan, j'ai eu l'habitude de m'entendre dire des obscénités et des profanités juste pour savoir si cela se disait. Décalage donc entre un langage d'échange quotidien et un parler linguistique. C'est pour dire que je ne suis nullement dérangé par les mots.
Je me permets d'ajouter que pendant ma lexicographie d'antan, j'ai eu l'habitude de m'entendre dire des obscénités et des profanités juste pour savoir si cela se disait. Décalage donc entre un langage d'échange quotidien et un parler linguistique. C'est pour dire que je ne suis nullement dérangé par les mots.
Quantum mutatus ab illo
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Soyons francs : j'ai hésité parce qu'étant l'un des responsables du forum, je m'interdis certains mots ou certains comportements ; disons que moralement je dois être irréprochable. Mais si quelqu'un utilisait celui-là je n'en ferais pas une affaire et ne le censurerais pas.
Cela nous ramène très loin en arrière, peut-être à la première année du forum, quelqu'un avait été gêné et s'était interdit le mot bordel, qu'il avait probablement écrit en abrégé. Alors j'ai expliqué qu'il n'avait rien de vulgaire et encore moins d'obscène, puisqu'à l'origine on trouve un ancien terme français bord qui signifie planche (à rapprocher je pense de l'anglais board), et que les bordels étaient de méchantes cahutes en planches où logeaient les familles les plus déshéritées de la société. Que par métaphore on disait d'un endroit en grand désordre « c'est un vrai bordel » parce que ces lieux étriqués abritaient le plus souvent des familles nombreuses. Quant à l'autre acception, elle vient de ce que les femmes qui vendaient leurs charmes dans les ports, étant frappées d'interdiction de leur commerce sur la voie publique, pratiquaient dans des cabanes de ce genre.
Là-dessus tout le monde a bien ri sur le forum, et les plaisanteries sans malice se sont déchaînées. Je ne veux pas avoir l'air de faire un cours ou « d'étaler ma science » comme disait péjorativement mon père, mais c'est pour l'anecdote qui démystifie le mot.
Cela nous ramène très loin en arrière, peut-être à la première année du forum, quelqu'un avait été gêné et s'était interdit le mot bordel, qu'il avait probablement écrit en abrégé. Alors j'ai expliqué qu'il n'avait rien de vulgaire et encore moins d'obscène, puisqu'à l'origine on trouve un ancien terme français bord qui signifie planche (à rapprocher je pense de l'anglais board), et que les bordels étaient de méchantes cahutes en planches où logeaient les familles les plus déshéritées de la société. Que par métaphore on disait d'un endroit en grand désordre « c'est un vrai bordel » parce que ces lieux étriqués abritaient le plus souvent des familles nombreuses. Quant à l'autre acception, elle vient de ce que les femmes qui vendaient leurs charmes dans les ports, étant frappées d'interdiction de leur commerce sur la voie publique, pratiquaient dans des cabanes de ce genre.
Là-dessus tout le monde a bien ri sur le forum, et les plaisanteries sans malice se sont déchaînées. Je ne veux pas avoir l'air de faire un cours ou « d'étaler ma science » comme disait péjorativement mon père, mais c'est pour l'anecdote qui démystifie le mot.
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Ce que vous écrivez, Jacques, est bien compréhensible.
Un exemple de paire composée d'un verbe intransitif et de son transitif dérivé : Je monte sur mon vélo peut se dire « Ich steige auf mein Rad » ou « Ich besteige mein Rad ». (steigen = monter, auf = sur, besteigen = monter sur)
C'est passionnant. Qu'on permette donc une digression de germaniste. Le préfixe be- est très fréquent en allemand et sa principale fonction consiste à rendre transitifs des verbes qui ne le sont pas sous leur forme la plus simple. Dans votre exemple on a probablement une trace de cette caractéristique des langues germaniques. Mais un point m'étonne : to piss tire son origine de to bepiss, écrivez-vous. En allemand le verbe simple a toujours, à ma connaissance, précédé celui en be-.Islwyn a écrit : le verbe anglais to piss, intransitif comme on s'y attendrait, tire son origine du verbe transitif to bepiss, on pouvait donc dire au Moyen-Âge he bepissed the floor.
Un exemple de paire composée d'un verbe intransitif et de son transitif dérivé : Je monte sur mon vélo peut se dire « Ich steige auf mein Rad » ou « Ich besteige mein Rad ». (steigen = monter, auf = sur, besteigen = monter sur)
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
C'est donc bien ce qui est dit plus haut, les mots n'ont pas la même valeur selon les régions, et ce qui est correct en un endroit ne l'est pas dans un autre. C'est purement conventionnel.abgech a écrit :Je dois dire qu'en Suisse romande, le mot pissoir est absolument courant et s'il est, à mon avis, familier, il n'a pas de connotation grossière ou vulgaire.
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- Claude
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- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Voici ce que nous disions sur les lieux d'aisance en novembre 2010.
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- Jacques-André-Albert
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Mon professeur de philosophie, qui maniait avec aisance
l'imparfait du subjonctif et faisait ses cours dans un langage châtié, parlait de « chalet de nécessité ».
![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Ce terme était en vogue à une époque ; je l'ai déjà raconté, j'ai eu en main des actions d'une Société pour la construction de chalets de nécessité en Russie. Les titres devaient dater de la fin du XIXe siècle ou des premières années du XXe.Jacques-André-Albert a écrit :Mon professeur de philosophie, qui maniait avec aisancel'imparfait du subjonctif et faisait ses cours dans un langage châtié, parlait de « chalet de nécessité ».
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