Autant pour moi, au temps pour moi !
- Jacques
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Académie, dict. 8e édition : HYÈNE. (L'h est considérée comme muette dans ce mot.)
Littré : HYÈNE (i-è-n' ; quelques-uns aspirent l'h, à tort), s. f.
À l'origine, le mot s'écrivait avec I :
HIÈNE. s. m. Animal quadrupède qui a beaucoup de rapport avec le loup par son naturel carnacier, par sa taille & par la forme de sa tête ; mais qui en diffère principalement en ce qu'il n'a que quatre doigts à chaque pied, & qu'il a, comme le blaireau, une poche entre l'anus & la queue.
Académie, dict. Édition 1762.
C'est décidé, je ferai un effort. Mais je ne dirai jamais l'hiatus, je reste avec le hiatus.
Littré : HYÈNE (i-è-n' ; quelques-uns aspirent l'h, à tort), s. f.
À l'origine, le mot s'écrivait avec I :
HIÈNE. s. m. Animal quadrupède qui a beaucoup de rapport avec le loup par son naturel carnacier, par sa taille & par la forme de sa tête ; mais qui en diffère principalement en ce qu'il n'a que quatre doigts à chaque pied, & qu'il a, comme le blaireau, une poche entre l'anus & la queue.
Académie, dict. Édition 1762.
C'est décidé, je ferai un effort. Mais je ne dirai jamais l'hiatus, je reste avec le hiatus.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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- Perkele
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Mais il vaudra mieux éviter d"en parler, Claude...Claude a écrit :Chacalerie oblige, je m'arrangerai toujours pour utiliser exclusivement l'article indéfini UNE.
Je remarque dans la citation de Jacques l'orthographe ancienne de carnacier.
![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
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J'ai tendance à appliquer le même procédé.Claude a écrit :Chacalerie oblige, je m'arrangerai toujours pour utiliser exclusivement l'article indéfini UNE.
Je remarque dans la citation de Jacques l'orthographe ancienne de carnacier.
L'othographe a changé à partir de la 3e édition (1740), dans les deux premières (1694 – 1715) elle s'écrivait ainsi :
CARNACIER, IERE. adj. Qui se paist de chair cruë, & qui en est fort avide. Il se dit des animaux. Les corbeaux, les loups, & les vautours sont carnaciers.
Il signifie aussi, Qui mange beaucoup de chair. Il se dit des hommes. Les peuples Septentrionaux sont fort carnaciers en comparaison des Orientaux.
Bizarrerie : dans la 1e il est écrit qui se plaist, et dans la 2e qui se paist ; probablement la correction d'une erreur de frappe.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Bien sûr, vous avez raison, et je ne suis pas décidé à changer de position à ce sujet.Perkele a écrit :Vous n'y êtes pas obligé, pas plus que je me sens obligée aux emplois laxistes de "soi-disant" dont nous avons parlés ailleurs.
Ce que je dois accepter et qui me contrarie, c'est certainement de voir la graphie d'origine disparaître petit à petit au profit de l'autre qui est moins académique et moins justifiée.
Je n'arrive pas à concevoir cela, mais je sais que vous dites vrai.Jacques a écrit : S'il y a une tolérance au sujet de cette erreur d'orthographe qui fait écrire autant, c'est parce que les linguistes capitulent devant l'usage, dès lors qu'il incruste une fausse pratique persistante, et que bien peu de gens connaissent encore l'orthographe d'origine d'un mot ou d'une expression.
Tiens, quelle coïncidence! Un ami m'a envoyé le texte ci-dessous qu'il a trouvé sur internet. Les avis semblent donc vraiment divergents sur ce sujet...
Ecrit-on “Autant pour moi” ou “au temps pour moi” ?
Des pages entières sont consacrées sur internet à ce débat lunaire entre partisans des deux versions. Des linguistes chevronnés ont sué sur l’expression, des chapelles se sont créées et même l’académie Française et le Grévisse y ont perdu leur latin, donnant une opinion mi-chèvre mi-chou et acceptant finalement les deux.
Pour ses partisans, l’étrange et biscornue graphie “au temps pour moi” trouverait sa source dans le vocabulaire militaire ou celui du chef d’orchestre : se rendant compte d’un écart de temps, le chef demanderait à ses musiciens de reprendre “au temps pour lui”.
De même, le chef de troupe demandant à ses soldats marchant au pas de se mettre “à son temps”.
Le fumeux du propos n’a, semble-t-il sauté aux yeux que de Claude Duneton. A propos de la graphie “au temps pour moi” et de son étymologie supposée, il écrit assez brutalement :
L’ennui c’est qu’il s’agit d’une information complètement fantaisiste, une pure construction de l’esprit. Trente ans passés à décortiquer les expressions françaises m’ont appris à me méfier des « explications » brillantes d’allure, des assauts de logique qui ne sont fondés sur aucun texte, aucune pratique réelle de la langue.
On ne trouve nulle part cette histoire imaginaire de commandement « Au temps ! », ni à l’armée (qui a pourtant donné « En deux temps trois mouvements ») , ni dans les salles de gym. Et surtout pas chez les chefs d’orchestre : des musiciens qui travaillent reprennent à telle mesure, pas au « temps », c’est saugrenu !
[Le linguiste] Colignon a rêvé cela, ou l’a cru avec beaucoup de logique apparente, en effet, donc de vraisemblance. Il ajoute du reste avec cohérence, dans une déduction impeccable : « Au sens figuré, très usuel, on reconnaît par là qu’on a fait un mauvais raisonnement », etc. Belle édification, qui repose sur un mirage.
Autant pour moi est une locution de modestie, avec un brin d’autodérision. Elle est elliptique et signifie : « Je ne suis pas meilleur qu’un autre, j’ai autant d’erreurs que vous à mon service : autant pour moi. » La locution est ancienne.
J’ai gardé pour la fin de quoi clore le bec aux supposés gymnastes et adjudants de fantaisie dont jamais nous n’avons eu nouvelles. Dans les Curiositez françoises d’Antoine Oudin publié en 1640, un dictionnaire de locutions populaires du XVIe — soit bien avant les chorégraphes ou les exercices militaires — on trouve : Autant pour le brodeur, « raillerie pour ne pas approuver ce que l’on dit »
Marrant! hein?
Ecrit-on “Autant pour moi” ou “au temps pour moi” ?
Des pages entières sont consacrées sur internet à ce débat lunaire entre partisans des deux versions. Des linguistes chevronnés ont sué sur l’expression, des chapelles se sont créées et même l’académie Française et le Grévisse y ont perdu leur latin, donnant une opinion mi-chèvre mi-chou et acceptant finalement les deux.
Pour ses partisans, l’étrange et biscornue graphie “au temps pour moi” trouverait sa source dans le vocabulaire militaire ou celui du chef d’orchestre : se rendant compte d’un écart de temps, le chef demanderait à ses musiciens de reprendre “au temps pour lui”.
De même, le chef de troupe demandant à ses soldats marchant au pas de se mettre “à son temps”.
Le fumeux du propos n’a, semble-t-il sauté aux yeux que de Claude Duneton. A propos de la graphie “au temps pour moi” et de son étymologie supposée, il écrit assez brutalement :
L’ennui c’est qu’il s’agit d’une information complètement fantaisiste, une pure construction de l’esprit. Trente ans passés à décortiquer les expressions françaises m’ont appris à me méfier des « explications » brillantes d’allure, des assauts de logique qui ne sont fondés sur aucun texte, aucune pratique réelle de la langue.
On ne trouve nulle part cette histoire imaginaire de commandement « Au temps ! », ni à l’armée (qui a pourtant donné « En deux temps trois mouvements ») , ni dans les salles de gym. Et surtout pas chez les chefs d’orchestre : des musiciens qui travaillent reprennent à telle mesure, pas au « temps », c’est saugrenu !
[Le linguiste] Colignon a rêvé cela, ou l’a cru avec beaucoup de logique apparente, en effet, donc de vraisemblance. Il ajoute du reste avec cohérence, dans une déduction impeccable : « Au sens figuré, très usuel, on reconnaît par là qu’on a fait un mauvais raisonnement », etc. Belle édification, qui repose sur un mirage.
Autant pour moi est une locution de modestie, avec un brin d’autodérision. Elle est elliptique et signifie : « Je ne suis pas meilleur qu’un autre, j’ai autant d’erreurs que vous à mon service : autant pour moi. » La locution est ancienne.
J’ai gardé pour la fin de quoi clore le bec aux supposés gymnastes et adjudants de fantaisie dont jamais nous n’avons eu nouvelles. Dans les Curiositez françoises d’Antoine Oudin publié en 1640, un dictionnaire de locutions populaires du XVIe — soit bien avant les chorégraphes ou les exercices militaires — on trouve : Autant pour le brodeur, « raillerie pour ne pas approuver ce que l’on dit »
Marrant! hein?
- Jacques
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Si l'origine de l'expression est tellement incertaine, on se demande pourquoi Claude Duneton peut affirmer avec tant d'assurance que sa version est la bonne !
Il dit qu'elle ne s'utilise pas dans l'armée, et nous avons trois témoignages, dont celui d'un militaire de carrière (Claude), qui apportent la preuve inverse. Je n'ai jamais porté l'uniforme, mais je l'ai entendue quand j'ai été amené à faire de la culture physique, au lycée par exemple, dans la bouche des profs de gym. Là encore il prétend que cela ne se dit pas en sport.
Qu'il y ait doute d'accord, mais il est prétentieux d'affirmer « Moi j'ai raison et les autres disent des sottises ».
Courteline écrivait, dans Le train de 8 h 47 :
« — Portez... arme ! Un temps, trois mouvements ! ... un ! [...] Et la paume de la main droite soutenant la crosse du fusil, la main gauche encerclant le canon, ils demeuraient cinq minutes immobiles, au temps, gardant la position, la nuque cuite sous le soleil. »
« Recommencez-moi ce mouvement-là en le décomposant. Au temps ! Au temps ! Je vous dis que ce n'est pas ça ! »
Il dit qu'elle ne s'utilise pas dans l'armée, et nous avons trois témoignages, dont celui d'un militaire de carrière (Claude), qui apportent la preuve inverse. Je n'ai jamais porté l'uniforme, mais je l'ai entendue quand j'ai été amené à faire de la culture physique, au lycée par exemple, dans la bouche des profs de gym. Là encore il prétend que cela ne se dit pas en sport.
Qu'il y ait doute d'accord, mais il est prétentieux d'affirmer « Moi j'ai raison et les autres disent des sottises ».
Courteline écrivait, dans Le train de 8 h 47 :
« — Portez... arme ! Un temps, trois mouvements ! ... un ! [...] Et la paume de la main droite soutenant la crosse du fusil, la main gauche encerclant le canon, ils demeuraient cinq minutes immobiles, au temps, gardant la position, la nuque cuite sous le soleil. »
« Recommencez-moi ce mouvement-là en le décomposant. Au temps ! Au temps ! Je vous dis que ce n'est pas ça ! »
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
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Il en va ainsi d'un grand nombre de locutions, mal comprises et déformées, comme remède de bonne femme (en réalité de bona fama, de bonne réputation), fier comme un pou (comme un poul, le mâle de la poule plus tard appelé coq, le L final étant muet), tombé à l'eau, dans le lac (le lacs, sorte de collet pour attraper les bêtes sauvages= tomber dans le piège), tomber dans les pommes (dans les pâmes, en pamoison), etc. Celui-là en fait probablement partie.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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- Localisation : Niort
- Claude
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- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Jacques nous en sort régulièrement d'un sac inépuisable comme celui de Mary Poppins. ![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
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Dernière modification par Claude le lun. 29 mars 2010, 14:38, modifié 1 fois.