INDIGNATIONS 8
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Planter et semer, fleuve et rivière
Hier soir la Louisiane était à l'honneur dans une émission de télévision, consacrée logiquement, entre autres, à la culture du coton et au Mississipi. Mais, comme trop souvent dans le domaine agricole, il a été dit que le coton était planté, alors qu'il est semé. Et le cours d'eau a été alternativement qualifié de fleuve et de rivière : un exemple de plus de la servilité des traducteurs à l'égard de la langue anglaise.
Je profite de l'occasion offerte par Claude pour rappeler à nos souvenirs, car je crois que nous l'avons déjà évoqué sur quelque fil, à quel point nombre de journalistes ou d'hommes politiques n'auraient pas, eux, hésité une seule seconde, sachant très bien qu'on utilise toujours lequel, par exemple : ce sont les raisons pour lequel j'ai tenu ces propos.Claude a écrit :* j'ai hésité entre lequel et laquelle.
- Jacques
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Re: Planter et semer, fleuve et rivière
Servilité, mais aussi paresse ou incompétence, le prototype de ce genre de négligence étant la fameuse opportunité. Il y a cependant pire, c'est digital qui nous donne une musique ou des images digitales alors qu'en anglais il signifie numérique, d'après digit « chiffre »André (G., R.) a écrit : le cours d'eau a été alternativement qualifié de fleuve et de rivière : un exemple de plus de la servilité des traducteurs à l'égard de la langue anglaise.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Ayant regardé hier soir la même émission télévisée qu'il y a une semaine, cette fois concernant Israël, je ne puis que constater à nouveau combien l'anglais colonise le vocabulaire du petit écran : La ville de Césarée et le Jourdain n'étaient apparemment pas connus du rédacteur et du commentateur, qui nous ont servi du "Caeserae" et du "Jourdan" à plusieurs reprises. Cela m'est cent fois plus insupportable que d'entendre un adolescent, voire un adulte, dire "C'est moi qui a fait ça" : le danger qu'il fait courir à notre langue est alors très inférieur à celui lié à la paresse, à l'incompétence et à la servilité dont nous parlions précédemment.
- Jacques
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Lu sur Internet : « La difficulté de se loger décemment et à un prix convenable en France pèse sur les trois-quarts des ménages. Par ailleurs, pour palier la demande, il faudrait mettre en chantier... »
Encore une démonstration de cette manie qu'ont les commentateurs de tout poil de vouloir « faire chic » en employant des mots qui leur paraissent savants, dont ils ignorent le sens et qu'ils utilisent par conséquent à tort et à travers :
– ont doit écrire pallier avec deux L ;
– définition de l'Académie : 1. Dissimuler une chose fâcheuse ou lui donner une apparence favorable. Il essaie de pallier sa faute. Il pallie son ignorance par des airs entendus. Par ext. Remédier à un mal de manière provisoire ou partielle, ou en apparence seulement. Il pallie le mauvais état de ses affaires par des emprunts. 2. MÉD. Supprimer ou atténuer les symptômes d'un mal sans le guérir. Pallier le mal.
Dans l'usage courant, c'est parer au plus pressé en prenant une mesure temporaire qui évite le pire. Et encore ! à utiliser avec prudence.
On ne pallie donc pas une demande, mais un inconvénient ou les conséquences immédiates d'un incident ou d'un accident.
Il n'est pas nécessaire d'être agrégé de français pour comprendre qu'ici la formulation correcte était : pour répondre à la demande. C'est ce qui vient immédiatement à l'esprit, même d'une personne peu instruite. En outre, je ne vois pas la nécessité du trait d'union à trois quarts.
Encore une démonstration de cette manie qu'ont les commentateurs de tout poil de vouloir « faire chic » en employant des mots qui leur paraissent savants, dont ils ignorent le sens et qu'ils utilisent par conséquent à tort et à travers :
– ont doit écrire pallier avec deux L ;
– définition de l'Académie : 1. Dissimuler une chose fâcheuse ou lui donner une apparence favorable. Il essaie de pallier sa faute. Il pallie son ignorance par des airs entendus. Par ext. Remédier à un mal de manière provisoire ou partielle, ou en apparence seulement. Il pallie le mauvais état de ses affaires par des emprunts. 2. MÉD. Supprimer ou atténuer les symptômes d'un mal sans le guérir. Pallier le mal.
Dans l'usage courant, c'est parer au plus pressé en prenant une mesure temporaire qui évite le pire. Et encore ! à utiliser avec prudence.
On ne pallie donc pas une demande, mais un inconvénient ou les conséquences immédiates d'un incident ou d'un accident.
Il n'est pas nécessaire d'être agrégé de français pour comprendre qu'ici la formulation correcte était : pour répondre à la demande. C'est ce qui vient immédiatement à l'esprit, même d'une personne peu instruite. En outre, je ne vois pas la nécessité du trait d'union à trois quarts.
Dernière modification par Jacques le lun. 20 janv. 2014, 10:34, modifié 1 fois.
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- Jacques
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À ce sujet, il me revient des anecdotes. Quand j'ai été mis en invalidité par la Sécu, je donnais bénévolement des cours de français à des jeunes en difficulté. À l'un d'eux (13 ans) j'ai demandé un jour :Islwyn a écrit :L'auteur du texte cité par Jacques voulait peut-être dire « répondre à la demande d'un palier... »
– qu'est-ce qu'un palier ?
– c'est un tapis pour s'essuyer les pieds.
Au même, un autre jour :
– que veut dire le mot réverbération ?
– un réverbère c'est comme un volet.
Une autre fois je demandai à son frère (15 ans) :
– peux-tu me dire quelle est la différence entre pécher et pêcher ?
– ben, pécher c'est pécher et pêcher c'est quand on pêche.
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- Jacques
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Oui, c'est normal, nous le savons tous les deux : il y a trait d'union quand on a affaire à un nom composé, mais pas dans l'expression mathématique où nous avons un adjectif numéral qui exprime une quantité devant un substantif. Mais là, je ne suis pas sûr que ces notions soient à la portée de l'auteur de l'article.André (G., R.) a écrit :Le correcteur d'orthographe a-t-il fonctionné ? Trois-quarts existe comme nom (petit violon, manteau ou joueur de rugby), de même que "palier". L'auteur de la phrase a cependant le mérite de ne pas avoir écrit "palier à".
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- Jacques
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Il existe sur une chaîne de télévision francophone une émission intitulée 90' enquête.
Cette façon d'écrire n'est pas nouvelle, elle existait déjà quand j'étais enfant, disons juste après la guerre, donc avant 1950. Je considère qu'elle procède de l'illettrisme, de la part de gens dont le métier est d'utiliser le langage écrit et parlé.
Écrire 1' 40" au lieu de 1 mn 40 s c'est de la paresse et une faute inacceptable ; ces abréviations d'une apostrophe simple ou double servent à indiquer les minutes et secondes d'angle, mais pas les symboles de temps.
Tout le monde n'est pas obligé de le savoir, mais enfin, je l'ai appris à l'école quand j'avais douze ans, et les médias ne devraient pas l'ignorer. C'est une lacune professionnelle.
Quant à la syntaxe du titre, c'est encore du charabia à la mode anglophone, comme d'autres : Lundi investigation, Vendredi polar...
Cette façon d'écrire n'est pas nouvelle, elle existait déjà quand j'étais enfant, disons juste après la guerre, donc avant 1950. Je considère qu'elle procède de l'illettrisme, de la part de gens dont le métier est d'utiliser le langage écrit et parlé.
Écrire 1' 40" au lieu de 1 mn 40 s c'est de la paresse et une faute inacceptable ; ces abréviations d'une apostrophe simple ou double servent à indiquer les minutes et secondes d'angle, mais pas les symboles de temps.
Tout le monde n'est pas obligé de le savoir, mais enfin, je l'ai appris à l'école quand j'avais douze ans, et les médias ne devraient pas l'ignorer. C'est une lacune professionnelle.
Quant à la syntaxe du titre, c'est encore du charabia à la mode anglophone, comme d'autres : Lundi investigation, Vendredi polar...
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Concernant les minutes et les secondes mesurant le temps, j'ai appris la même chose que vous, et ma femme, ancienne enseignante de mathématiques, confirme votre manière de voir les choses. L'apostrophe double pour la seconde de temps est d'autant plus ennuyeuse que ce signe est utilisé non seulement pour la seconde d'angle, mais également pour le pouce, en tout cas dans la version anglo-saxonne de ce dernier, celle que nous rencontrons lorsque nous achetons des pneus, parlons d'écrans de télévision...
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