Fin de mots horripilantes
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Oui c'est vrai, j'ai dit paresse, mais je crois que c'est leur refus de faire un effort pour surmonter le voisinage des consonnes qui me fait dire cela.
En fait, en dehors des gens de télévision (en général, pas seulement les présentateurs des journaux) je n'entends pas cela dans la bouche des personnes qui m'entourent ou que je rencontre.
En fait, en dehors des gens de télévision (en général, pas seulement les présentateurs des journaux) je n'entends pas cela dans la bouche des personnes qui m'entourent ou que je rencontre.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
-
- Messages : 244
- Inscription : jeu. 27 oct. 2011, 17:45
Oui, en fait, plutôt que paresse on peut parler d'un principe de "commodité"... l'ajout d'un 'e' peut sembler à ces personnes utile pour prononcer plus facilement. C'est ce qui s'est produit par exemple dans les langues romanes (systématiquement en espagnol) avec les mots latins commençant par S+consonne au début desquels on a ajouté un e- (c'est l'épenthèse) pour faciliter la prononciation:
exemple: SPATHA > épée (fr), espada (esp)
Ce qui n'a pas été systématique en français, notamment je pense avec les mots empruntés plus tard par les langues romanes, comme "spéculer" alors qu'en espagnol, c'est une règle: "especular". Ce qui d'ailleurs est assez amusant c'est qu'un espagnol aura beaucoup de mal à prononcer cette séquence S+consonne sans ce "e". Mes parents aujourd'hui encore, introduisent systématiquement ce "e" en début de mot, mais là, je digresse. Tout ça pour dire que ce phénomène de l'épenthèse est un phénomène très courant en phonologie mais que dans les cas que vous citez il est évidemment facilement évitable et n'a même pas beaucoup d'intérêt ni d'utilité. Pourquoi? Parce qu'un français est tout à fait capable de prononcer trois consonnes d'affilée dans "obstiné" par exemple.
exemple: SPATHA > épée (fr), espada (esp)
Ce qui n'a pas été systématique en français, notamment je pense avec les mots empruntés plus tard par les langues romanes, comme "spéculer" alors qu'en espagnol, c'est une règle: "especular". Ce qui d'ailleurs est assez amusant c'est qu'un espagnol aura beaucoup de mal à prononcer cette séquence S+consonne sans ce "e". Mes parents aujourd'hui encore, introduisent systématiquement ce "e" en début de mot, mais là, je digresse. Tout ça pour dire que ce phénomène de l'épenthèse est un phénomène très courant en phonologie mais que dans les cas que vous citez il est évidemment facilement évitable et n'a même pas beaucoup d'intérêt ni d'utilité. Pourquoi? Parce qu'un français est tout à fait capable de prononcer trois consonnes d'affilée dans "obstiné" par exemple.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Donc, pour une fois, il y a un avantage pour les francophones avec cette petite gymnastique des consonnes (ici nous ne disons pas les Français, car ce forum est francophone et non français). En tout cas, cela m'éclaire sur cette habitude espagnole de mettre un E initial devant un S.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
-
- Messages : 244
- Inscription : jeu. 27 oct. 2011, 17:45
-
- Messages : 299
- Inscription : sam. 06 mai 2006, 19:59
-
- Messages : 244
- Inscription : jeu. 27 oct. 2011, 17:45
Et le français aussi, même si ce n'est pas systématique... je pense par exemple à "espace", "échapper" (et autres dérivés comme "escapade"), "escalade", "escalier" (et "échelle" aussi), etc.Jacques a écrit :Donc au moins dans trois langues latines.
Je crois même que c'est systématique sauf pour les mots empruntés tardivement au latin, mais c'est à vérifier.
-
- Messages : 244
- Inscription : jeu. 27 oct. 2011, 17:45
Effectivement, l'italien est une exception...Marco a écrit :Mais pas en italien.oliglesias a écrit :C'est ce qui s'est produit par exemple dans les langues romanes (systématiquement en espagnol) avec les mots latins commençant par S+consonne au début desquels on a ajouté un e- (c'est l'épenthèse) pour faciliter la prononciation...
- Perkele
- Messages : 12914
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Pas en provençal non plus ni en roumain, autant que je me souvienne.Marco a écrit :Mais pas en italien.oliglesias a écrit :C'est ce qui s'est produit par exemple dans les langues romanes (systématiquement en espagnol) avec les mots latins commençant par S+consonne au début desquels on a ajouté un e- (c'est l'épenthèse) pour faciliter la prononciation...
Quelqu'un connaîtrait le romanche ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Manni-Gédéon
- Messages : 1217
- Inscription : lun. 12 avr. 2010, 14:35
- Localisation : Genève (CH)
Pas moi, même si ceux qui le parlent sont mes compatriotes...Perkele a écrit : Quelqu'un connaîtrait le romanche ?
![[confus] :?](./images/smilies/icon_confused.gif)
On apprend même aux enfants à ajouter des e où il n'y en a pas.
Connaissez-vous le petit ourse brun ?
Il y avait aussi une chanson publicitaire pour du chocolat où on entendait :
Tu es le file conducteur de ma vie.
Qu'on ne vienne pas me dire que c'est la musique qui exige ça !
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
Gandhi, La Jeune Inde
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je crois que ce désagréable phénomène a commencé, justement, avec le mot ours, car si ce tic de langage n'existait pas dans mon enfance, je me rappelle avoir entendu très tôt, disons avant 1950, parler d'un ourse brun et d'un ourse blanc.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
-
- Messages : 244
- Inscription : jeu. 27 oct. 2011, 17:45
En latin on disait déjà HISPANIA... donc à moins que le "hi-" ait été rajouté comme épenthèse, on pourrait penser que c'est plutôt en anglais où on a enlevé la première voyelle du coup (par hyper-correction peut-être)... si quelqu'un sait répondre... je ne me suis jamais vraiment posé la question pour ma part.TSOS a écrit :Je pense que le mot "espagnol" lui-même peut illustrer le phénomène, non?
C'est là une parfaite supposition...
En anglais, mais pas seulement, puisqu'on trouve déjà en latin tardif Spania (venu de Ispania, lui-même de Hispania), en grec également, en italien Spagna, en allemand Spanien, etc.oliglesias a écrit :En latin on disait déjà HISPANIA... donc à moins que le "hi-" ait été rajouté comme épenthèse, on pourrait penser que c'est plutôt en anglais où on a enlevé la première voyelle du coup (par hyper-correction peut-être)
C'est une tendance naturelle et ancienne. Philippe Martinon écrit en 1913 dans Comment on prononce le français ceci :Jacques a écrit :Je crois que ce désagréable phénomène a commencé, justement, avec le mot ours, car si ce tic de langage n'existait pas dans mon enfance, je me rappelle avoir entendu très tôt, disons avant 1950, parler d'un ourse brun et d'un ourse blanc.
« On voit que l'écueil de la prononciation, relativement à l'e muet, c'est l'abus des élisions. Mais le contraire se produit aussi parfois. Comme deux consonnes tendent à maintenir l'e muet devant une troisième, il arrive aussi qu'elles en appellent un qui n'existe pas ! Il n'est pas rare d'entendre prononcer lorseque, Oueste-Ceinture, ourse blanc. »
Il peut même faire l'effort d'en prononcer quatre, dans abstrait par exemple.oliglesias a écrit :un français est tout à fait capable de prononcer trois consonnes d'affilée dans "obstiné" par exemple.