Compilation de lieux communs

[Jacques]

Je pense que l'utilisation de formules toutes faites et d'images n'est pas condamnable en soi. Nous ne pouvons pas y échapper. Ce qui est pénible, c'est la fréquence. Il y a de ces expressions forgées par certains qui sont reprises, répétées, jusqu'à ce qu'elles finissent par devenir des scies.
Et il y a celles qui sont détournées de leur sens, comme tirer son épingle du jeu, qui signifie proprement se retirer d'une affaire mal engagée avant qu'elle ne devienne catastrophique. À la télévision, on nous la sert d'abondance, et pour dire que quelqu'un a retiré un bon profit d'une situation. C'est cela qui m'agace : la faute et le caractère répétitif de l'expression à mauvais escient.
Je ne crois pas que Perkele ait voulu faire un procès en condamnant l'usage de ces formules imagées. Je ne suis pas dans sa tête, mais je l'ai ressenti comme une sorte de jeu à la poursuite de métaphores et autres choses qui y ressemblent et se révèlent souvent pittoresques.

[Pha]

En fait, je pense qu'il ne s'agit pas tant de condamner le cliché que de prendre un peu de recul et de lister, tant que faire se peut, les clichés que nous voyons, que nous utilisons, pour se rendre compte à quel point nous en sommes imbibés (c'est cela sans doute qui rend l’exercice difficile).

Le cliché n'est pas forcément condamnable en soi : il est utile de faire saisir ce que l'on veut dire en une expression, si clichée soit-elle.
Le cliché fait partie de notre culture et bien souvent il n'est pas traduisible.

Tout ceux qui auront à écrire (dans un journal), auront envie, ne serait-ce que pour éviter une répétition, de remplacer pompier par soldat du feu, ou bien enfant par bout de chou ou tête blonde.


mon message a croisé celui de Jacques : j'ajoute donc mon accord quand à l'excès d'usage d'un cliché.
le mieux est sans doute de réussir à inventer soit même l'expression, invention qui sera si heureuse qu'elle deviendra cliché !

[Jacques]

Nous nous sommes recroisés, car je venais d'ajouter un commentaire qui va dans le même sens d'une observation sans jugement.

[Perkele]

... recenser ce type d'expression comme un entomologiste classe des insectes...

Ou, pour développer l'allusion de JAA, comme un généalogiste stocke des informations sur des personnes pour y découvrir un jour des liens et des explications.

J'avais aussi derrière la tête un petit lexique pratique pour choisir la moins mauvaise des périphrases synonymes de ce que l'on veut exprimer.

Nous avons de quoi commencer une section "animaux", il me semble.

[Pha]

Nous nous sommes recroisés, car je venais d'ajouter un commentaire qui va dans le même sens d'une observation sans jugement.

à force de croiser et re-croiser, on finira par obtenir un joli tissu !

[cyrano]

Un jeu amusant, une observation sans jugement, un relevé d'informations... Nous sommes bien d'accord !

J'aime bien aussi cette remarque de Pha:

Tous ceux qui auront à écrire (dans un journal), auront envie, ne serait-ce que pour éviter une répétition, de remplacer pompier par soldat du feu, ou bien enfant par bout de chou ou tête blonde.

J'ai écrit mon commentaire hier un peu dans l'urgence, juste avant de partir. Jamais bon, ça. C'était un peu... emporté. J'espère que Claude, surtout, ne m'en voudra pas puisque je réagissais implicitement à sa remarque sur parcours du combattant, lui qui est toujours l'amabilité même. Toutes mes excuses.

Pour la petite histoire, il se fait que j'ai titré naguère un article "Le parcours du combattant du chômeur lambda", soit deux clichés coup sur coup parce que le "citoyen lambda" est aussi assez convenu. Pourtant, je trouve ça un meilleur titre que "Les multiples difficultés que doit surmonter un demandeur d'emploi moyen"...

[JR]

le "citoyen lambda" est aussi assez convenu.

Vous me rappelez un ancien camarade qui parlait souvent du "lambda moyen"

[Claude]

[...]J'espère que Claude, surtout, ne m'en voudra pas puisque je réagissais implicitement à sa remarque sur parcours du combattant, lui qui est toujours l'amabilité même. Toutes mes excuses.[...]

Ne vous faites pas de souci et ne vous excusez pas ; je ne l'ai pas du tout mal pris.

L'important est que vous restiez parmi nous le plus longtemps possible.

[cyrano]

Vous me rappelez un ancien camarade qui parlait souvent du "lambda moyen"

C'est ça qui est intéressant aussi avec les clichés: on peut les détourner, jouer dessus, les utiliser au premier ou au deuxième degré. Brassens excellait dans cet art: "Je ferai la tombe buissonnière", parmi bien d'autres.

C'est un matériau linguistique comme les autres, à utiliser avec discernement.

[Perkele]

...on peut les détourner, jouer dessus, les utiliser au premier ou au deuxième degré. Brassens excellait dans cet art: "Je ferai la tombe buissonnière", parmi bien d'autres.

Cela me plaît beaucoup également, mais, à ce jeu-là, on n'est pas toujours compris.

[Perkele]

Pirates : les écumeurs des mers

Bon cavalier : Il monte à cheval comme un vrai centaure.

Cet exercice me fait penser au dictionnaire des idées reçues de Flaubert dans lequel on trouve, entre autres, des associations nom + qualificatif qui sont devenues de réels automatismes : un vigoureux étalon ; une frêle jeune-fille (loin de moi toute pensée coquine dans le rapprochement de ces expressions qui me sont venues par hasard :D ) ; des muscles en acier ; une folle ambition...

[Jacques]

Ajoutons : un alibi en béton, des nerfs d'acier.

[Perkele]

Ces "idées reçues" pourraient faire l'objet d'un nouveau glossaire.

Je suis dans une période compilatrice.

[JR]

être dans le rouge (être à découvert / être en surrégime / dépasser ses limites)

[Jacques]

Être dans le rouge c'est être à découvert, et cela s'explique : en comptabilité manuscrite, jadis, le mot DÉBIT était écrit en rouge, alors que CRÉDIT s'écrivait en noir. J'ai connu cela, notamment avec des feuilles volantes sur lesquelles on passait des écritures qui devaient plus tard rejoindre le grand livre. C'était indispensable, car cela évitait de se tromper de feuille. La formule est donc logique, bien qu'aujourd'hui avec l'informatique elle ne se justifie plus. Les états de solde des clients que nous remettions au caissier quand quelqu'un venait retirer de l'argent obéissaient au même principe : un bulletin bleu pour un solde créditeur, un rose pour un débiteur.
Il y avait aussi une phrase qu'utilisaient les anciens lorsque j'ai débuté ; quand le compte était juste, ils disaient « ça fait la rue Michel ». J'ai su plus tard que c'était une allusion à une rue parisienne, la rue Michel Lecomte. Pas génial le jeu de mots certes, et un tantinet ridicule.